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Sur le vif - Page 175

  • Giorgia : l'espoir, sur l'Italie

     
    Sur le vif - Lundi 26.09.22 - 14.50h
     
     
    Un mois et trois jours avant le centenaire de la Marche sur Rome, voilà donc Giorgia Meloni qui triomphe. Elle gagne les élections. Sa coalition aura la majorité parlementaire. Elle pourra devenir la première Présidente du Conseil de l'Histoire italienne.
     
    Pour autant, voyez-vous, chers amis, je doute que nous ayons des défilés de chemises noires, ce soir, dans les rues d'Italie. Ni que le prochain grand chantier du pays soit l'assèchement d'un Marais. Il y a, c'est vrai, une inspiration directement puisée de la période 1922-1943 (laissons les deux années suivantes, sur les bords du Lac de Garde), chez cette femme politique. Mais il faut oublier l'idée, tant brandie par la gauche (et la RTS) que nous assistons à un retour du fascisme.
     
    Pourquoi ? Mais c'est très simple ! Parce que l'Histoire ne se répète pas avec l'exactitude d'une matrice. Le fascisme mussolinien, il faut l'étudier à fond avant d'en parler, tenez vous devez absolument lire l'excellente biographie du Duce par Pierre Milza, quelque 800 pages, chez Fayard. C'est passionnant, notamment sur les grands chantiers sociaux des années vingt et début trente. Tout le monde sait que ça a commencé à dégénérer avec l'Alliance allemande, mais aussi un impérialisme colonial délirant : Mussolini est un réformateur social, il n'est pas un chef de guerre. La fin, on la connaît : terrible, pitoyable. Fin avril 45, l'Italie est en lambeaux.
     
    Ca, c'est l'Histoire du fascisme italien. Mais Giorgia Meloni, c'est autre chose. Une femme d'aujourd'hui, moderne, ayant capté certaines aspirations puissantes des Italiens. En matière sociale. En matière de maîtrise des flux migratoires (l'Italie, par son flanc sud, est droit sur le front, et nous n'avons strictement aucune leçon à lui donner). En matière de cohésion et de fierté nationales. Tout cela, bien sûr, peut rappeler le Mussolini des années 1919 à 1922, jusqu'à sa prise du pouvoir le 28 octobre. Mais tout cela, en même temps, n'a rien à voir : un siècle complet s'est écoulé, le fascisme a fait son oeuvre, il est tombé, l'Italie est républicaine depuis 1946, membre fondateur de la Communauté européenne, dans un Traité justement signé à Rome, en 1957.
     
    Et puis - et cela n'est pas nécessairement pour me plaire - Giorgia Meloni est atlantiste. Elle est conservatrice sur certains sujets, très avancée sur certains aspects sociaux. Elle est nationale dans la pensée, pour la frontière, pour la préférence aux Italiens. Elle présente beaucoup de points communs avec une Marine Le Pen.
     
    Tout cela ne plaît pas à la gauche. Ni à la RTS. Ni au Temps. Ni aux éditorialistes partisans d'un "ordre libéral", de la planète, et d'un multilatéralisme où la nation irait se liquéfiant dans un improbable conglomérat.
     
    Mme Meloni ne plaît pas à ces gens, qui le font beaucoup savoir. Elle ne plaît pas à la Présidente de la Commission européenne, qui multiplie les ingérences et se comporte en Chambellan du Saint-Empire. Elle ne plaît pas au Ministre espagnol des Affaires étrangères, détail totalement dépourvu d'intérêt, que les flashes RTS, ce matin, et le Journal de 12.30h ont pourtant jugé bon de placer en tête de leurs nouvelles annonçant la victoire de Giorgia.
     
    Elle déplaît à tous ces gens. Mais il se trouve qu'elle a réussi à convaincre d'innombrables Italiens. Réussira-t-elle ? Ne risque-t-elle pas de se faire neutraliser par le système des alliances fluctuantes, en vigueur depuis 77 ans ? Impossible à savoir. Mais l'avènement de cette femme, qui veut le primat de la Nation contre les Empires, mérite qu'on lui accorde le plus vif des intérêts. Nous suivrons cette expérience italienne avec une passion égale à celle que nous éprouvons pour cet incomparable pays, sa beauté, son Histoire, sa langue plurielle et dialectale. Son style de vie, surtout, unique au monde.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'unité d'un pays tellement pluriel

     
    Sur le vif - Dimanche 25.09.22 - 14.52h
     
     
    Le résultat très serré sur l'AVS nous révèle d'ancestrales fractures au sein de la Suisse. Entre régions linguistiques. Entre Suisse centrale/orientale et Suisse occidentale. A certains égards aussi, villes-campagnes. Sans compter la vieille césure entre conception libérale (Freisinn économique) où l'Etat n'est pas premier, et approche latine, où il est plus maternant. De vieilles lignes de front, oui, qui rappellent les votes du 6 décembre 1992, ou ceux sur l'assurance-maternité.
     
    La leçon à tirer ? Sur les retraites, comme sur les tous les grand sujets sociaux, tellement plus importants, en lames de fond, que les vaguelettes sociétales, nous devons avoir à l'esprit l'unité de notre pays.
     
    L'unité, ça n'est pas l'homogénéité, surtout pas ! Le génie de la Suisse, c'est sa diversité. Les opinions s'entrechoquent, le corps électoral tranche, c'est parfois très serré, il faut en tenir compte. Non pour relativiser le vote majoritaire. Mais pour construire l'avenir sans écarter personne. Sur les retraites, c'est un enjeu majeur. Le chantier est encore immense, pour construire un système digne des grands idéaux de 1947 : donner à tous nos aînés les moyens de vivre dignement.
     
    L'unité suisse n'est pas en danger lorsque les composantes du pays votent différemment les unes des autres. Ni lorsqu'un scrutin, comme aujourd'hui, est serré. Elle serait en péril le jour où la voix du peuple ne serait plus considérée comme l'ultime arbitrage. Le jour où les factions l'emporteraient sur le processus politique. C'est valable pour les retraites. C'est valable pour l'assurance-maladie, dont aurons nous à parler en tout début de semaine. C'est valable pour tout ce qui touche à l'intérêt supérieur. Non celui d'un clan, mais celui de l'ensemble.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Italie : merci, Ursula !

     
    Sur le vif - Dimanche 25.09.22 - 10.29h
     
     
    La déclaration totalement intempestive de la Présidente de la Commission européenne sur les élections italiennes est une maladresse majeure. Elle renforcera, dans les urnes, le camp national, souverainiste, celui qui monte en Italie, celui qui monte en Europe.
     
    A un peuple souverain qui s'apprête à choisir le destin de son pays, on ne fixe pas de règles supérieures. Le faire, c'est provoquer automatiquement une montée de la fierté nationale : "Ca n'est quand même Bruxelles qui va décider pour nous".
     
    Les propos de Mme von der Leyen sont ceux d'une Allemande de Saint-Empire. Une vision de l'Europe où les différents pays peuvent toujours déléguer à une échelon supérieur. C'est la vieille conception démocrate-chrétienne allemande, rhénane, celle d'un Kohl. A quoi s'ajoute un détail : les Allemands plaideront d'autant plus volontiers pour ce modèle impérial que le personnage principal, tout en haut, sera, par hasard, un.... Allemand. Ou une Allemande. Cette vieille querelle, appliquée à l'Italie, est celle des Guelfes et des Gibelins. Ne doutons pas que Mme von der Leyen ait lu Roméo et Juliette. La chansonnette, sous le balcon, elle la connaît.
     
    Mais le choix de l'Italie, cette fois, pourrait bien ne pas aller dans ce sens-là. La question nationale, pour la troisième fois depuis l'unité (Risorgimento, 1922, aujourd'hui) refait surface. Laissons les Italiens voter. Respectons la souveraineté de leur peuple citoyen. Et analysons les résultats, quand nous les aurons. Disons simplement une chose, avec fermeté : si, par hasard, l'option nationale devait l'emporter, il s'agirait de la respecter. Prendre acte de cette donne, en effet nouvelle depuis 77 ans (voire 79). Décrypter son importance réelle et symbolique dans l'Histoire de ce peuple, depuis son unité, fort récente comme on sait.
     
    Tout cela, oui. Et surtout : nous n'aurons en aucun cas à faire la leçon à un peuple d'Europe de ses choix démocratiques et souverains. Nous ferions mieux - mais c'est un peu plus difficile - d'essayer de comprendre. Pour cela, il faut ouvrir des livres d'Histoire.
     
    A tous les Italiens, toutes les Italiennes, quel que soit leur vote, je souhaite un bon dimanche électoral.
     
     
    Pascal Décaillet