Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 174

  • Annie Ernaux : l'écriture, et rien d'autre

     
     
    Sur le vif - Jeudi 06.10.22 - 16.13h
     
     
     
     
    Annie Ernaux. Une femme. Un style. Une écriture. La phrase est simple, courte, indépendante. Le mot est juste, sans emphase. Il désigne, presque cliniquement. L'écriture, et rien d'autre.
     
    Annie Ernaux raconte la vie. L'héroïne des "Années", toujours désignée à la troisième personne, "Elle", lui ressemble comme deux gouttes d'eaux. Mais elle ne dit pas "Je". Elle dit "Elle". C'est le premier récit que j'ai lu d'Annie Ernaux, avant tous les autres. Dès les premières pages, la présence d'un style. C'est rare.
     
    J'invite ici à lire tous ses livres. Les Années, La Place, Une femme, L'Autre Fille, Mémoire de fille, Le Jeune Homme. Et tous les autres.
     
    C'est son histoire, et c'est la nôtre. Les années passent, il y a des naissances et des morts, des affaires de famille, des choses tues, des tabous qui remontent, une mère, une soeur aînée, une colonie un peu particulière, en 1958. Il y a l'événement qu'on dit, celui qu'on tait. Il y a ce qu'on retient et ce qui sort, ce qui s'agrippe, ce qui nous échappe. Il y a la vie des syllabes, tellement belles dans leur cistercienne simplicité.
     
    Il y a un style. Oui, c'est si rare.
     
    Rarement un Nobel fut à ce point mérité.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La grève de trop

     
    Sur le vif - Mardi 04.10.22 - 22.32h
     
     
    La grève des fonctionnaires est une insulte de première classe, un soufflet d’esturgeons, à tous ces milliers de minuscules indépendants, à Genève, qui n’en peuvent plus de ramer pour garder la tête dehors.
     
    Une insulte à tous ceux qui triment, crachent au bassinet, n’osent jamais tomber malades, courent derrière l’ombre de leur propre vie, sans jamais la rattraper. Leurs rêves ? Pour un lambeau de ciel bleu, combien d’amertumes, de sentiment de néant, face à la vie qui va ?
     
    Cette grève laissera des cicatrices. Les classes moyennes du privé n’en peuvent plus. Un jour, elles exploseront.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les primes prennent l'ascenseur, le liftier roupille

     
    Sur le vif - Mardi 27.09.22 - 14.49h
     
     
    En vingt ans, les primes ont doublé en Suisse. C'est ça, la nouvelle. Et pas les pourcentages des différents cantons.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. J'étais à Berne lorsque les Chambres planchaient sur la LAMal, il y a près de trente ans. Déjà, je dénonçais ce pachydermique paradoxe : rendre l'assurance-maladie obligatoire (il le faut, assurément), et en même temps laisser certains requins du privé gérer les Caisses.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. Si une assurance est obligatoire, alors elle doit être guidée par un régime d'Etat. D'intérêt général. Au-dessus des factions, des corporations, des féodalités, des recherches de profit. Je ne suis pas un homme de gauche, c'est le moins qu'on puisse dire, mais j'ai toujours dit cela. Parce que ma droite à moi est nationale, patriote, non-libérale, focalisée sur la cohésion sociale de notre peuple.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. L'échec monumental de la LAMal est évidement celui des socialistes, qui l'ont portée sur les fonts baptismaux. Mais il est aussi celui de toute une droite libérale, celle qui ne s'est jamais élevée contre la gestion délirante des Caisses, la politique des réserves, le lobbyisme éhonté de leurs représentants aux Chambres fédérales, notamment au Conseil des Etats.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. C'est ça qu'il faut dire, répéter. Inscrire ce scandale, ce pataquès du politique, dans le dossier beaucoup plus large du pouvoir d'achat. Celui des classes moyennes, notamment.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. La gauche échoue. La droite libérale joue en bourse la santé des Suisses. Entre ces deux dérives, il y a la volonté de construire un pays, avec une économie libre, forte, fondée sur les PME. Avec le respect et la promotion des toutes petites entreprises, des indépendants, ceux qui ne coûtent rien à personne, et entretiennent le plus la machine, s'ils ont le mauvais goût de bien s'en sortir professionnellement. Parce qu'on les tond, tout simplement.
     
    Il faut cette dimension de liberté d'entreprendre, oui. Mais il faut, tout autant, le sens de l'Etat, de l'intérêt supérieur, pour tout ce qui touche aux fondements de la vie. La santé de nos compatriotes ne m'apparaît pas comme le dernier d'entre eux.
     
     
    Pascal Décaillet