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Sur le vif - Page 170

  • La Suisse, M. Burkart, n'est pas le 51ème Etat américain !

     
    Sur le vif - Vendredi 08.04.22 - 17.43h
     
     
    Nous vivons des temps thermidoriens. A une petite réserve près : les plus hautes autorités politiques suisses n'ont pas besoin d'être décapitées, elles perdent la tête toutes seules. Et cette tendance à l'auto-amputation d'un organe tout de même relativement important chez l'être humain, après avoir atteint nos deux conseillers fédéraux PLR (cf mon précédent billet), s'en vient maintenant ravager le Président du PLR suisse, Thierry Burkart.
     
    Dans un entretien au Tages-Anzeiger, publié aujourd'hui, l'héritier du grand parti qui a fait la Suisse, le parti radical, et de ses cousins patriciens libéraux, réclame une collaboration plus étroite avec l'Otan. Oh, pas une adhésion de notre pays au club des affidés de l'Oncle Sam, non, il ne va pas jusque là. Mais tout de même : entraînements communs, achats d'avions de combat américains, bref bien habituer nos quatre langues nationales à lustrer les bottes de combats de la première puissance du monde.
     
    J'ai siégé, pendant toute l'année 1990, dans le Groupe de travail fédéral "Réforme de l'armée", présidé par un homme remarquable, le Conseiller aux Etats Otto Schoch (radical, Appenzell Rhodes-Extérieures). J'avais 32 ans, ce fut pour moi une expérience inoubliable : une trentaine de séances, d'un bout à l'autre de l'année, en décentralisé dans quasiment tous les Cantons de notre Confédération. On y parlait français, allemand, italien, il y avait des élus fédéraux, cantonaux, des brigadiers, des divisionnaires. Nous cherchions ensemble à redéfinir les missions fondamentales de la politique suisse de sécurité. A la fin de l'année, nous avons remis à M. Villiger un rapport. Il en a, je crois, fait quelque usage.
     
    Dans cette Commission Schoch, il y avait déjà des partisans d'une quasi-adhésion de la Suisse à l'Otan. Nous n'étions que quelques mois après la chute du Mur, le Pacte de Varsovie s'effondrait, j'assistais à la pulvérisation de la DDR. La piste du rapprochement Suisse-Otan, je l'ai combattue de toutes mes forces, pendant toute l'année 1990. Je ne le regrette pas une seule seconde. Et c'était bien avant l'extension délirante vers les pays d'Europe centrale et orientale. Déjà, les partisans du rapprochement prenaient prétexte d'harmonisation de matériel, de pièces de rechanges pour l'aviation, etc. Ah, les juteux contrats !
     
    Il y a une chose que M. Burkart ne comprend pas. C'est la dimension symbolique de sa propre parole. Il n'est pas un quidam : il est le chef de l'un des partis les plus importants de notre pays, et de loin le plus important dans le façonnement, depuis 1848, de son Histoire moderne. Le parti radical ! Celui qui ne se serait jamais laissé ravir la première place par l'UDC, s'il était resté fidèle à ses fondamentaux : souveraineté, Patrie, liberté, indépendance.
     
    La dimension symbolique de votre propre parole, M. Burkart ! Bien sûr qu'on peut envisager des sous-traitances de matériel, il ne s'agit pas de cela. Il s'agit du signal que vous donnez, vous l'un des chefs de file de la politique suisse, en ouvrant symboliquement vos bras à l'Otan, alors que nous sommes en pleine guerre d'Ukraine ! Vos propos donnent l'impression que l'Otan, ce serait un club de gentils, sans arrière-pensée dominatrice, sans prétention hégémonique. Bref, des gens parfaitement fréquentables. Le club du Bien contre l'Empire du Mal. On nage en plein maccarthysme. Comme vision nuancée, élaborée, de la politique suisse, petit pays fragile, pluriel, complexe, infiniment soucieux des équilibres, on a connu mieux.
     
    Reste une question. Pourquoi, depuis le début de cette crise majeure, le parti le plus inquiétant, dans ses inflexions de positions et ses déclarations d'apprenti-sorcier, est-il le PLR suisse (je parle ici du parti national) ? Serait-il à ce point orphelin de ses propres valeurs ? Aurait-il peur de l'international ? Peur de déplaire ? Peur de laisser poindre la colère souveraine de nos entrailles ? Peur d'atténuer les liens avec des Etats-Unis d'Amérique qui, pourtant, nous font avaler couleuvre après couleuvre depuis un quart de siècle, chantage sur les fonds en déshérence, chantage sur le secret bancaire. Plus besoin d'aller à Nuremberg pour trouver les plus exquis des Maîtres-Chanteurs : un petit crochet par New York et Washington suffira amplement.
     
    La prochaine fois, M. Burkart, réfléchissez un peu.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Conseillers fédéraux PLR, défendez le peuple suisse, pas votre image !

     
    Sur le vif - Jeudi 07.04.22 - 15.40h
     
     
    Ukraine : aucun des deux conseillers fédéraux PLR n'est bon !
     
    Ignazio Cassis manifeste contre lui-même sur la Place fédérale, ce qui n'est absolument pas le rôle d'un membre du gouvernement fédéral. A-t-il perdu la tête, juste pour aller dans le sens du courant émotionnel majoritaire ?
     
    Karin Keller-Sutter, quant à elle, se précipite à qualifier des actes de guerre. Elle leur colle des étiquettes juridiques qui sont du ressort des juges, et non de la ministre d'un pays extérieur, au demeurant neutre. On ne reconnaît pas la femme d'Etat qui siégeait naguère au gouvernement cantonal saint-gallois. Dame de fer, elle travaillait avec son cerveau, comme il sied à un politique, et ne se souciait guère de son image compassionnelle auprès de la population. Ou, peut-être, auprès des 246 grands électeurs de décembre 2023.
     
    Ignazio Cassis, Karin Keller-Sutter : ce sont là des comportements de ministres de gauche, populistes à l'extrême avec l'opinion publique, remplaçant la politique par la morale, surfant sur l'émotion du moment.
     
    De deux conseillers fédéraux venant du Parti de la Raison, le Freisinn, la Vernunft, chers à la philosophie allemande du 18ème siècle, celle de Kant et de Hegel, on attend un autre comportement en temps de guerre. Du calme. De l'analyse. Une froide détermination. Une absolue priorité à défendre, non leur sympathique image humanitaire, mais les intérêts supérieurs, économiques, politiques et stratégiques, du peuple suisse. C'est au service de ce dernier, et non pour plaire à des médias univoques et enragés, qu'ils occupent leurs fonctions.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Quand le PSS se couvre de ridicule

     
    Sur le vif - Mercredi 06.04.22 - 15.48h
     
     
    Depuis quand un parti gouvernemental attaque-t-il le Conseil fédéral par voie judiciaire ? La "plainte", déposée par le Parti socialiste suisse contre le Département fédéral de l’Économie publique, sous prétexte qu'il n'applique pas correctement les sanctions contre la Russie, relève du folklore et de la Nickellerie Pédestre la plus débridée.
     
    La nouvelle équipe dirigeante de ce parti, à commencer par l'ineffable Cédric Wermuth, couvre de ridicule une formation politique qui a marqué l'Histoire de notre pays, participe au gouvernement fédéral depuis 1943, a donné à la Suisse de très grands hommes, comme le Conseiller fédéral Tschudi (1959-1973), ou le Conseiller d'Etat genevois André Chavanne (1961-1985).
     
    Le PSS est un parti gouvernemental. Il a deux Conseillers fédéraux. Il participe régulièrement aux entretiens avec le gouvernement. Il a, à Berne, un groupe aux Chambres fédérales. S'il désapprouve un comportement de l'administration, il peut saisir les Commissions de gestion du Parlement, interpeller le Conseil fédéral par une Question, déposer une Motion, un Postulat, lancer une initiative. Mais depuis quand, je vous le demande, un parti gouvernemental saisit-il les juges contre un exécutif dont il est membre ?
     
    La direction actuelle du PSS, idéologisée à outrance, moralisante à souhait, couvre de ridicule ce parti. Les militants laisseront faire, parce qu'ils sont les plus fidèles et les plus obéissants soldats du monde, jamais aussi dociles que face à leur appareil.
     
    Le socialisme, en Suisse, en est encore aux logiciels des années 80 et 90. Je parlais, dans mon commentaire GHI paru ce matin, du socialisme, génération Minitel. On pourrait ajouter, en option, le Jurassique et le Crétacé.
     
     
    Pascal Décaillet