Sur le vif - Samedi 08.11.25 - 10.21h
Je l’écris depuis des années : La défense, totalement légitime, du peuple palestinien exige des interventions guidées par les forces de la raison dialectique.
Des arguments, pas des hurlements. Des phrases articulées, pas des slogans répétés de façon moutonnière dans les mêmes liturgies de rue, toujours recommencées. Quelle que soit la cause. D’ailleurs, elles y sont toutes mêlées, dans un joyeux capharnaüm.
Empêcher un conseiller fédéral de s’exprimer est contreproductif. À l’Université, on ne scande pas, ou alors des vers. On ne scande pas, on élucide une situation, on la formule, on présente une vision argumentée, travaillée, en la confrontant à des pairs.
Le défense du peuple palestinien est l’une des causes les plus nobles aujourd’hui. Mais elle doit s’articuler sur une connaissance en profondeur de l’Histoire, des textes fondateurs, de la complexité politique du domino, y compris dans les factions internes et rivales entre combattants pour la Palestine. Bref, il faut connaître le dossier. Qui n’est pas simple.
La cause palestinienne a besoin de nos cœurs, pour l’aide d’urgence, sur place. Mais elle a, plus encore, tant cette dimension fait aujourd’hui défaut, besoin de nos cerveaux. De nos arguments. De nos compétences.
Aujourd’hui, on ne voit que les excès, les débordements, les instrumentalisations. Mais les arguments de la raison, pourtant puissants sur cette cause-là, on ne les entend pas. Ou trop peu.
Les lumières de l’argument se seraient-elles, sur ce coup, rangées du côté des puissants et des oppresseurs ? Ce ne serait de loin pas la première fois. Les excité de rue, au moins, ont, eux, cette qualité humaine si rare chez les intellectuels : le courage.
Pascal Décaillet