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Sur le vif - Page 173

  • Un moment de nausée, en attendant la pluie

     
    Sur le vif - Mercredi 30.03.22 - 10.39h
     
     
    Face à une foule considérable et enthousiaste, dimanche au Trocadéro, Eric Zemmour a pris la parole. C'était un beau meeting, un moment de rassemblement républicain, dans le cadre d'une compétition électorale.
     
    Pendant un bref moment, des gens ont crié "Macron assassin". Paroles condamnables, assurément. Quelques personnes, au milieu de dizaines de milliers d'autres. Une goutte d'eau, dans l'océan.
     
    Depuis, chaque fois que Zemmour se retrouve face à un journaliste, notamment ceux, innombrables, de la Macronie audiovisuelle, on commence, comme seul angle d'attaque par rapport à ce meeting, par lui brandir ces deux mots de quelques inconnus, noyés dans la foule : "Macron assassin !".
     
    On voudrait tellement pouvoir le coincer. Réduire son meeting à ça. "Comment, vous n'avez pas entendu ? Vous n'avez pas désapprouvé ? Vous avez couvert cette ignominie ? Vous acceptez ces gens-là dans vos meetings ?".
     
    Dire que procédé est dégueulasse est au-dessous de la réalité. Le mot n'est pas assez fort. Cette méthode-là, c'est du Vychinski. On se saisit d'un détail, infinitésimal par rapport à l'ensemble, on le verse au dossier, comme pièce principale. On le brandit à l'accusé, de façon répétée, obsessionnelle, comme dans un interrogatoire.
     
    Face à la méthode, Zemmour ne s'est pas laissé démonter. Il refuse ce petit jeu. Et il a parfaitement raison.
     
    Quant aux justiciers surexcités des chaînes françaises, auxiliaires de la Macronie dans l'épuration de toute parole alternative, prêts à tout pour décider du Bien et du Mal, livrer les gêneurs à la vindicte, ils sont au débat démocratique ce qu'une défécation canine est à l'herbe tendre. Un moment de nausée, en attendant la pluie.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • La propagande ? Mais elle est partout !

     
    Sur le vif - Mardi 29.03.22 - 14.49h
     
     
    Dans toute guerre, la propagande. Depuis la nuit des temps. La propagande fait partie de la guerre, intrinsèquement. Celle de Poutine. Celle de Zelensky. Celle des Russes. Celle des Américains. Celle du Tsar Alexandre. Celle de la Grande Armée.
     
    Prenez les archives des actualités cinématographiques, pendant la Seconde Guerre mondiale, tiens celles de la Drôle de Guerre par exemple. Entre le 2 septembre 1939 et le 10 mai 1940, France et Allemagne sont en guerre, mais ne s'attaquent pas. Elle s'observent, en chiens de faïence. Nous savons maintenant comment tout cela s'est terminé : attaque allemande le 10 mai 40, capitulation française le 22 juin. Six semaines de Blitzkrieg, et c'était plié. La plus grande défaite de l'Histoire de France, parce que morale, et pas seulement militaire. Lire Marc Bloch, "L’Étrange Défaite".
     
    Pendant cette Drôle de Guerre, le Reich nous livre ses actualités de propagande. A l'époque, la télévision n'existe pas. Les gens vont beaucoup au cinéma. Avant le film, il y a les actus. C'est de la pure propagande, celle de M. Goebbels, et de ses services.
     
    Mais je vous invite à visionner, tout autant, les actualités, côté français. C'est exactement la même chose ! On va gagner. Les Allemands sont nuls. On a gagné en 18, on regagnera. Nous irons suspendre notre linge sur la Ligne Siegfried. Nos troupes, dans les fortins de la Ligne Maginot, ont un moral d'enfer. Bref, tout roule.
     
    L'issue, nous la connaissons, nous. Mais les Français qui visionnaient ces films, dans leurs salles de cinéma, ne pouvaient en aucun cas la prévoir. Ils prenaient ces actus pour parole biblique.
     
    Débusquer la propagande ? La décrypter. Faire intervenir les analyses de langage ? Mais bien sûr qu'il faut tout cela ! Mais il le faut, face à tous. Face au langage de l'agresseur. Face à celui de l'agressé. Face aux méchants. Face aux gentils. Face à Poutine. Face à Biden. Face à Zelensky. Face à tout communiqué de presse, d'où qu'il vienne. Et plus largement, guerre ou non, Ukraine ou non, face à toute parole qui sort de la bouche du pouvoir.
     
    Car l'un des attributs du pouvoir - tout pouvoir, d'où qu'il vienne - c'est de prendre la parole. A nous de faire la part des choses. Ca nécessite, en amont, chez chacun de nous, une longue ascèse dans l'étude de l'Histoire, et dans celle du langage.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Les intérêts vitaux de la nation allemande

     
    Sur le vif - Lundi 28.03.22 - 14.23h
     
     
    Le partenaire naturel de l'Europe, pour l'approvisionnement en gaz, par voie terrestre, c'est la Russie. Absolument pas les Etats-Unis. Même si le commis-voyageur Washington-Varsovie fait son numéro pour nous persuader du contraire.
     
    A cet égard, un pays, dont je parle souvent et qui demeure encore discret en ce début de guerre, va jouer un rôle déterminant, ces prochains mois et ces prochaines années : l'Allemagne.
     
    L'Allemagne, c'est près de 90 millions d'habitants. Quatrième puissance économique du monde. Une industrie inventive et performante. Tout cela, ça consomme de l'énergie. Certes, l'Allemagne a pris une avance phénoménale sur nous en matière de panneaux solaires (jusqu'au moindre village) et surtout d'éoliennes (des milliers et des milliers, dans le Brandebourg, et dans le Mecklenburg-Vorpommern).
     
    Mais cet effort prodigieux dans le renouvelable ne suffira pas. Et comme l'Allemagne a pris la décision de sortir du nucléaire, et s'y cramponne, elle n'a tout simplement pas le choix : elle a besoin, pour des années encore, du gaz russe. Même son bon vieux charbon, mythique dans l'Histoire industrielle du pays, ne suffira pas !
     
    Alors, l'Allemagne maintiendra le contact avec la Russie. D'autant que, depuis trente ans, elle a étendu ses marchés sur l'Europe centrale et orientale. Elle n'a aucun intérêt à une déstabilisation de l'Europe de l'Est. Ni à une guerre qui dépasserait le conflit Russie-Ukraine.
     
    Mais avant tout, elle a besoin du gaz russe. Cet élément concret, vital, sera déterminant pour la suite des événements, dans les années qui nous attendent.
     
    L'actuel Chancelier, Olaf Scholz, est SPD (social-démocrate), le parti de Willy Brandt, et de l'Ostpolitik. Le parti qui a réinventé, entre 1969 et 1974, en pleine guerre froide, la relation avec l'Est. Depuis le Congrès de Bad-Godesberg, en 1959, les sociaux-démocrates allemands sont des pragmatiques. Ils ne forcent pas, comme leurs homologues français, sur les grandes envolées. Mais ils savent compter. Et privilégier les intérêts vitaux de leur pays.
     
    Ah oui, un détail, sans importance : dès le lendemain de la guerre Russie-Ukraine, le Parlement allemand a voté un réarmement de cent milliards d'Euros. Dans l'indifférence générale. Le géant économique, politique aussi depuis trente ans, redevient un géant stratégique, au coeur de notre continent. Au service de quelle politique, dans l'avenir ? Celle de l'Europe ? Ou celle des intérêts vitaux de la nation allemande ?
     
     
    Pascal Décaillet