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Radio-TV d'Etat, au service du pouvoir

 
Sur le vif - Mardi 02.08.22 - 10.38h
 
 
10.38h - Suivi à la trace par les trottineurs de la radio-TV d'Etat, Ignazio Cassis, sans la moindre contradiction face à lui, a pu faire son show tout à son aise, dans la journée du 1er Août. Jamais la SSR n'a donné à ce point l'impression de subordination au pouvoir. Pire encore : elle ne s'est pas contentée de relayer la parole présidentielle, elle l'a elle-même orchestrée, mise en scène. Tout au long de la Fête nationale, on a eu droit aux progressions du Tessinois sur la carte programmée de ses pérégrinations. C'était le feuilleton du jour.
 
C'est dommage. Le 1er Août est une Fête bien étrange, c'est vrai. Mais elle a un charme : celui de ne pas être celle du pouvoir. Justement pas les officiels ! La magie de cette journée, c'est de laisser poindre, d'un bout à l'autre du pays, en ville, en campagne, en plaine, en montagne, la surprenante polyphonie des voix de celles et ceux qui, à longueur d'année, y compris dans les fonctions les plus modestes, font la Suisse.
 
Le 1er Août ne doit pas être une Fête organisée, selon un ordre du jour militaire, diane à zéro cinq cent trente, souper fac à mille huit cents, autour de l'officialité du pouvoir. Tout au contraire, elle doit être la sainte et simple célébration de notre infinie diversité, avec la place à l'improvisation, et non au compte-rendu héliporté d'une action de propagande ministérielle. C'est la Fête de tous les Suisses, toutes les Suissesses, et non un monstration supplémentaire du pouvoir en majesté.
 
Alors, je veux bien que M. Cassis ait dit de belles choses sur notre pays, sa diversité, son respect des différences, son besoin de faire l'unité après les déchirures. Mais enfin, quel homme a parlé ? Un homme respectable, je n'en doute pas. Mais aussi, celui qui s'est empressé, dès la guerre déclarée, d'embrasser les "sanctions européennes", juste pour faire convenable, aller dans le sens de la morale ambiante, celle du Café du Commerce. Alors qu'il avait à considérer en parfaite froideur, comme il sied à un homme d'Etat, les intérêts supérieurs de notre pays. En matière d'approvisionnement énergétique, notamment. Il ne l'a pas fait. C'est ce que, pour ma part, je retiendrai de lui. Si les plus précaires de nos compatriotes grelottent l'hiver prochain, il en aura sa part de responsabilité.
 
De la radio-TV d'Etat, on n'attendra certes pas qu'elle appelle à l'insurrection des âmes face au pouvoir. Mais de là à cette obédience ! Ce silence critique sur l'essentiel, au profit d'une chorégraphie de la journée présidentielle. C'est dommage. De même, la sanctification d'une Simonetta Sommaruga, qui n'entend rien à l'essence même de la question énergétique, à son essence de survie stratégique. Où est passé l'esprit critique ? Pourquoi une telle dévotion face à la liturgie du pouvoir ?
 
Qui a décidé, en haut lieu, le suivi, quasi minute par minute, du pèlerinage présidentiel, hier ? Qui a passé sous silence la voix des Suisses et des Suissesses, là où ils étaient, dans leurs langues à eux, leurs dialectes, la tellurique diversité de leurs visages et de leurs intonations ? S'il doit exister une radio-TV nationale, c'est au service de ces gens-là qu'elle doit se déployer. Non au service du pouvoir.
 
 
Pascal Décaillet

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