Sur le vif - Jeudi 04.08.22 - 08.43h
Gérard Darmanin, ministre de l’Interieur, voulait aller vite et frapper un grand coup, dès cet été. La Première ministre lui demande de redéployer son projet, cet automne, avec une large concertation. Une chose est sûre, la France va enfin s’attaquer, en profondeur, à l’un des sujets de préoccupation majeurs de ses citoyennes et citoyens : l’immigration. Il était temps.
Plus de 70% des Français réclament une régulation drastique des flux migratoires, comme nous l’avons exigé, nous le peuple suisse, le 9 février 2014, avant que les corps intermédiaires, trahissant la décision populaire, ne transforment en quenouilles l’initiative acceptée par le peuple et les Cantons.
Les Français veulent aussi s’attaquer à la criminalité commise par les étrangers : chez eux comme chez nous, les statistiques parlent, et ne nécessitent nulle palabre. Là aussi, en Suisse, le peuple souverain a pris une décision. Là aussi, elle a été dévoyée.
Si le projet français aboutit, sans être affaibli par la classe politique, il aura valeur d’exemple. Marine Le Pen, plus confiante envers le peuple qu’Emmanuel Macron, aurait voulu un référendum, et le sceau du suffrage universel sur ce sujet capital. Elle avait raison. Néanmoins, si on examine de près le détail du projet Darmanin, nombre d’idées novatrices et audacieuses du RN sont reprises. Signal de plus de la convergence qui s’esquisse entre les rivaux des deux derniers seconds tours de la présidentielle.
Preuve, aussi, de l’intelligence politique d’Emmanuel Macron : si une idée s’impose avec puissance dans les entrailles du peuple, feignons d’en être à l’origine. Marine, parfaitement consciente de la manœuvre, se tait et laisse faire le temps : c’est ainsi, dans l’infinie patience de la durée, qu’elle construit, depuis quinze ans, son inexorable progression.
Je l’ai écrit ici même, au soir même du second tour législatif : Manu et Marine ont beaucoup à faire ensemble, face à cette Assemblée polymorphe et passionnante de complexité, enfin un vrai Parlement ! Ils ne s’entendront de loin pas sur tous les sujets. Mais sur l’immigration, une percée historique est possible.
L’ennemi, le vrai, c’est la gauche. Les gueulards mélenchoniens du Palais-Bourbon. La folie égocentrique de leur gourou. Leurs rêves de Place de Grève, avec des tambours qui roulent. Voilà le vrai danger pour la France. Marine et Manu l’ont compris. Peu importe que celui-ci pique les idées de celle-là. Pourvu que le pays puisse avancer.
Pascal Décaillet