Sur le vif - Jeudi 28.07.22 - 08.38h
08.38h - Une majorité écrasante de Français souhaite "une réduction considérable de l'immigration" dans le pays. Plus de sept sur dix. Pour Emmanuel Macron, le champ est libre. Il peut, avec notamment l'appui du RN, déposer à l'Assemblée un projet dans ce sens. Le texte passera. Il aura le sceau des élus du peuple, et non le relent orléaniste des ordonnances.
Macron le peut, mais le voudra-t-il ? En aura-t-il le courage ? Osera-t-il enfin, premier Président à le faire, s'attaquer à ce sujet totalement tabou chez les élites politiques, alors qu'il bouillonne d'une colère rentrée dans le tréfonds du peuple français ?
Ni de Gaulle, ni Pompidou (Glorieuses migratoires, immigration tabou), ni Giscard (peur pour son image, immigration tabou), ni Mitterrand (gauche, immigration tabou), ni Chirac (audacieux comme opposant, timoré une fois à l’Élysée, immigration tabou), ni Sarkozy (matamore à l'Intérieur, prudent au pouvoir, immigration tabou), ni Hollande (gauche bobo, immigration tabou), n'ont osé lever le petit doigt pour enfin s'attaquer à l'une des préoccupations premières des Français.
Emmanuel Macron est devant un choix capital. Soit il choisit son image auprès des élites bobo, dont il s'est tant soucié pendant son premier mandat, et il ne fait rien. Soit il ose. Là, il prendra des coups. Il aura contre lui la doxa de gauche, celle qui tient les grands hebdomadaires, les grands médias audiovisuels, publics ou privés, à de rares exceptions près. Celle qui tient le pavé depuis Mai 68, peut-être même depuis la très parisienne et très bourgeoise opposition à la guerre d'Algérie. Il aura contre lui la rue, les gueulards mélenchoniens, les profs de droit caviar et droits-de-l’hommistes.
Oui. Mais il aura avec lui l'écrasante majorité du peuple français. Ceux qu'on ne voit jamais sur les chaînes parisiennes. Ceux qu'on ne lit jamais dans les colonnes de l'Obs. Ceux qui, en leur for, ruminent en silence, macèrent leurs colères. Il serait intéressant, comme un certain 30 mai 68, que ce peuple-là, un jour, se montre aussi dans la rue. Dans la fierté de sa masse nationale. Dans la piété républicaine de sa simplicité.
Ce jour-là, nous rouvrirons Péguy, Notre Jeunesse, Cahiers de la Quinzaine, 1913, Pléiade. Et nous retrouverons le prodigieux goût de terre de la République.
Pascal Décaillet