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Commentaires GHI - Page 100

  • Réactionnaire ? Et comment !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.10.21

     

    J’avais dix ans en Mai 68, je me passionnais pour les événements, j’écoutais les radios, j’étais à fond pour de Gaulle, je peux dire que j’ai immédiatement haï ce mouvement. Je connais le poids des mots, j’assume ce verbe. J’en voulais férocement à mes aînés de s’en prendre à un homme que je percevais – sans pouvoir encore le formuler ainsi – comme un personnage de l’Histoire. J’avais dix ans, j’aimais ces années soixante, celles d’une enfance heureuse, dans une école exigeante mais passionnante, avec des camarades que j’appréciais, des cours d’Histoire qui m’emportaient, des récitations de poèmes, devant toute la classe, que j’adorais. J’aimais le français, surtout la poésie, l’Histoire, la géographie, la musique. Je peinais à comprendre les revendications de ces étudiants qui n’avaient, au fond, que six à douze ans de plus que moi.

     

    Alors quoi, étais-je déjà vieux, avant même d’avoir éclos ? C’est possible. Enfant, je n’étais pas attaché à l’enfance. Pas plus qu’adolescent, à l’adolescence. En clair, je me suis toujours refusé, toute ma vie, à une quelconque guerre de générations. J’aimais mes parents, ma famille. J’aimais l’école. J’aimais mes institutrices, mon prof de musique. Il me semblait que ce monde, qu’on nous léguait, n’avait rien à voir avec les images d’étouffement qui suintaient du discours des manifestants, sur les chaînes radio. Bref, j’étais déjà, par rapport aux soixante-huitards, de la génération d’après. A cela s’ajoute un penchant naturellement réactionnaire – pourquoi le nierais-je ? – un attachement à la langue, à la structure de la phrase, à la connaissance de l’événement en Histoire, à l’ordre républicain, qui me portent, en effet, assez peu vers la vocifération de rue.

     

    Oui, j’étais un enfant réactionnaire. Au fil des années, j’ai étudié le mouvement de Mai, j’ai compris la colère estudiantine contre un certain mandarinat universitaire tyrannique, saisi l’aspect sclérosé que pouvait présenter la société gaulliste de pouvoir, oui j’ai fait un bout de chemin. Mais jamais jusqu’à pardonner à ce mouvement d’avoir érigé les sujets de société au premier plan par rapport aux impératifs sociaux (légitimement défendus par la CGT et les communistes, retirés du jeu aussitôt signés les Accords de Grenelle), et surtout par rapport à la politique, la grande, celle que menait l’homme de l’Histoire qui, en ce temps-là, conduisait la France.

     

    Les années ont passé, les soixante-huitards ont vieilli, et moi avec eux. La violence de mon rejet, pourtant, n’est en rien apaisée par le temps. On le retrouve aujourd’hui, l’esprit de Mai, sous d’autres formes, les uns défendant le jargon inclusif, d’autres les sujets liés au genre, ou à la couleur de la peau. Dans ce jeu-là, je ne suis jamais entré. Je me bats pour une société républicaine, pour la justice sociale, pour une économie forte, pour les gens qui se lèvent le matin et vont bosser. Je me bats pour la souveraineté des nations, la démocratie directe, le rayonnement d’une école sûre de ses valeurs. Réactionnaire ? Oui, si ça peut vous faire plaisir. Le mot ne me fait pas peur. Je l’assume, bien volontiers. Et vous embrasse, fraternellement.

     

    Pascal Décaillet

  • L'Allemagne : un exemple !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.10.21

     

    L’Histoire de l’Allemagne est l’une de mes grandes passions, je planche d’ailleurs depuis six ans sur une fresque de 144 épisodes, de la traduction de la Bible par Luther, en 1522, jusqu’à nos jours. J’en ai encore pour des années. Politique, littérature, poésie, et aussi une immense place pour l’Histoire des formes musicales

     

    En attendant, j’ai suivi de près les débats politiques sur les chaînes allemandes, autour de leurs élections du 26 septembre, le début de l’après-Merkel. L’occasion, plusieurs fois, de voir s’affronter la Verte Annalena Baerbock, le chrétien-démocrate Armin Laschet, et le social-démocrate Olaf Scholz.

     

    Je n’aurai qu’un mot : quel bonheur ! Que plaisir, intellectuel et politique, d’assister à des débats qui ressemblent, Dieu merci, beaucoup plus aux nôtres, en Suisse, qu’à l’étripage généralisé des chaînes continues françaises. Ces « chroniqueurs » qui s’’invitent entre eux, se lacèrent, s’éviscèrent, hurlent les uns sur les autres, dans une cacophonie généralisée. L’espace médiatique français est devenu une honte.

     

    En Suisse, tant à la RTS que sur les chaînes privées, nous écoutons l’interlocuteur. C’est parfois vif, il est bien normal que les passions affleurent, mais c’est très loin de la foire d’empoigne des coquelets parisiens. En Allemagne, c’est encore mieux. C’est une autre tradition journalistique. On privilégie le fond. On laisse parler l’autre. C’est peut-être lié au génie de la langue allemande : sans verbe, on ne comprend rien. Et pour l’avoir, il faut attendre la fin de la phrase ! Vive l’Allemagne !

     

    Pascal Décaillet

  • Le Parlement dilapide l'argent du peuple !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.10.21

     

    1,3 milliard d’argent des contribuables suisses, jeté au Rhône. Vous prenez les liasses, vous allez sur les berges du fleuve, vous les lancez dans les eaux galopantes, direction Camargue. C’est le geste insensé des Chambres fédérales, Conseil national et Conseil des États, le 30 septembre dernier, avec l’affaire dite du « milliard de cohésion ». 1,3 milliard, offert à l’Union européenne, pour la « cohésion » de ses nouveaux membres. 1,3 milliard, pour un club dont la Suisse n’est même pas membre ! 1,3 milliard, à des gens qui passent leur temps à nous mettre sous pression, nous traiter comme des moins que rien. 1,3 milliard, l’argent du peuple suisse, celui des contribuables, celui des gens qui se lèvent le matin pour aller bosser, sont taxés de façon hallucinante sur le fruit de leur travail, payent à Berne l’impôt fédéral direct. C’est avec cet argent-là, le nôtre, que nos chers parlementaires octroient généreusement un cadeau de 1,3 milliard pour la « cohésion » des nouveaux pays de l’UE ! Rage. Colère. L’affaire laissera des traces dans le peuple suisse, dans sa confiance déjà sérieusement entamée envers les corps intermédiaires. Il faudra s’en souvenir, nominalement, aux élections fédérales d’octobre 2023.

     

    La « cohésion » de l’Union européenne ! Mais bon sang, la Suisse n’en est pas membre ! En quoi l’élargissement précipité de ce club aux pays d’Europe centrale et orientale, en clair leur mise sous la tutelle économique des marchés allemands, devrait-il être l’affaire du peuple suisse ? Et la cohésion sociale de la Suisse, Mesdames et Messieurs les parlementaires, elle vous intéresse ? Et nos retraites, malingres, indécentes pour des dizaines de milliers de nos compatriotes ? Et nos jeunes, sans emploi ? Et nos paysans, oubliés ? Et nos cafetiers, nos restaurateurs, mis sur le carreau par la crise ? Et il y a pire, figurez-vous : ce 1,3 milliard, le Parlement l’a voté comme un arrêté, entendez comme dépense directe. Autrement dit, pas de référendum possible ! On prend l’argent du peuple, on le file à l’Union européenne, et le peuple suisse, on le prie de la boucler. Oui, cette forfaiture laissera des traces.

     

    Vous commencez à comprendre, maintenant, pourquoi je défends tant la démocratie directe, pourquoi je me méfie de la démocratie dite « représentative » : vous vous sentez « représentés », vous, par ces gens qui prennent notre argent et le donnent à l’Europe ? A la vérité, le peuple suisse doit faire lui-même la politique de notre pays. En actionnant à fond, et plus encore qu’aujourd’hui, la démocratie directe. En rappelant aux élus qu’ils sont au service du peuple, et non l’inverse. En prenant lui-même les décisions sur les grands arbitrages financiers. Ce 1,3 milliard, que le patronat suisse le paye, lui qui a tant voulu les bilatérales, la libre circulation, pour faire avec l’Europe son petit commerce ! Le patronat, oui, mais pas le peuple ! Pas comme ça ! Pas par ce putsch, ce coup de majesté de la cléricature parlementaire ! Oui, il restera des traces, y compris à Genève, en octobre 2023.

     

    Pascal Décaillet