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Commentaires GHI - Page 104

  • Reconstruire la droite, sur les décombres

     

    Commentaire publié par GHI - Mercredi 17.03.21

     

    Une ville en cendres, au lendemain d’un bombardement. Les maisons brûlent encore. Partout, les décombres. C’est à cette image de dévastation que fait penser la droite genevoise, depuis le premier tour de l’élection complémentaire. Cette droite, majoritaire dans le canton, et même nettement dans l’addition des votes de ce dimanche 7 mars, a pourtant été passée au napalm. Des bonnes vieilles structures d’antan, bien confortables sous leur apparence d’éternité, le PLR, le PDC, l’Entente octogénaire, il ne reste rien. Tout au plus, un champ de débris, qu’il va falloir déblayer, pour laisser la place à autre chose. A quoi ? Je l’ignore, et n’avance ici que quelques pistes. Mais une chose est certaine : la deuxième place de Pierre Maudet, derrière la candidate Verte Fabienne Fischer et loin devant le candidat PLR Cyril Aellen, fut de nature à dynamiter les structures préexistantes. « Autre chose » doit sortir. « Autre chose » doit surgir. « Autre chose » doit germer, par-dessus les décombres.

     

    J’ignore absolument si Pierre Maudet sera réélu. Nous verrons bien. Mais dans tous les cas, il tiendra un rôle signalé dans la renaissance et la reconstruction d’une partie de la droite à Genève. Je ne parle pas ici de l’UDC, qui vit sa vie de son côté et la vit plutôt bien, à en juger par le très bon résultat de son candidat, Yves Nidegger, au premier tour. Non, je parle de l’espace compris entre la gauche et l’UDC. Jusqu’ici, cet espace a été structuré par des familles, et des étiquettes, portant témoignage du passé. Les radicaux, le grand parti qui a fait la Suisse moderne, celle de 1848. Les libéraux, parti genevois, dans la grande tradition de Benjamin Constant. La démocratie chrétienne, celle de 1891 et de l’Encyclique « Rerum Novarum » du très grand Pape Léon XIII. Trois chemins, trois natures, trois cohérences. Ils ont bien mérité du passé. Mais il est possible que nous entrions dans « autre chose ».

     

    Les temps sont difficiles. Crise sanitaire, crise économique et sociale. Dette qui explose. Cadeau empoisonné légué à nos enfants. Avenir bouché, pour notre jeunesse. Retraites insuffisantes, laissant certains de nos aînés dans une situation inacceptable pour un pays comme la Suisse. Classes moyennes prises à la gorge, fiscalité confiscatoire, impossibilité de mettre de l’argent de côté. Pouvoir d’achat qui s’effondre. Flux migratoires non-contrôlés. C’est à l’immensité de ces problèmes-là, et non aux niaiseries sociétales des bobos, que la pensée politique de droite doit apporter des solutions. La gauche en propose, elle ! Et la tranquille droite genevoise ne résoudra rien en demeurant dans sa douillette liturgie de Comités directeurs et d’Assemblées générales. Non. Elle a besoin d’un nouveau souffle, profondément populaire. Cela passe par une main tendue entre la droite de la Raison, la « Vernunft » des philosophes allemands, et une certaine gouaille de la rue, que d’aucuns se plaisent à qualifier de « populiste ». La droite doit affirmer ses valeurs. Elle doit sentir le pavé. Elle ne doit plus avoir peur. Et tant pis pour les Assemblées générales. Et tant pis pour Les Comités directeurs.

     

    Pascal Décaillet

  • Spadassins et picadors

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.03.21

     

    Ici même, je vous parlais la semaine dernière du Fonds Zell, du nom de cette danseuse allemande ayant fui le nazisme, et légué sa fortune à la Ville de Genève, pour la remercier de l’accueil, en pleines années noires, à l’approche de la guerre (1937). Emma Louise Zell, dans son testament, demande que l’argent soit affecté, généralement, aux personnes âgées.

     

    L’affaire Zell secoue la Ville de Genève, parce qu’on a ponctionné près d’un million sur ce fonds, pour l’affecter à une mission sociale certes respectable, mais le transfert pose problème. La question doit être traitée, en toute quiétude, par les différentes instances de contrôle, sans qu’immédiatement les spadassins et picadors de la gauche municipale ne se croient obligés d’orienter leurs piques sur tout citoyen osant s’y intéresser.

     

    Oui, la gauche municipale est nerveuse. Parce qu’elle est au pouvoir en Ville, y occupe quasiment tous les leviers, notamment, en l’espèce, les Finances et le Social. Alors oui, si quelque chose, de l’ordre d’une irrégularité, advient, c’est la gauche qui est en cause. Non parce qu’elle est la gauche, mais parce qu’en Ville elle est le pouvoir ! C’est aussi simple que cela.

     

    Et plus la gauche de pouvoir tentera d’empêcher les citoyens de vouloir la lumière, puis les citoyens la voudront, cette indispensable clarté autour d’une affaire bien réelle. Plus les lieutenants du pouvoir municipal nous diront qu’il faut circuler, plus nous irons voir.

     

    Pascal Décaillet

  • L'Ecole et les chemins de l'Autre vie

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.03.21

     

    L’école est l’une des plus belles choses du monde. L’une des plus enthousiasmantes constructions collectives pour nos sociétés, depuis la Révolution française. L’idée même de réunir les enfants, puis les adolescents, en un même lieu, loin de leurs familles quelques heures par jour, pour les initier au savoir du monde, est l’une des plus vivifiantes que l’humanité ait inventées. Dans notre Histoire européenne, elle est récente : il y avait certes une école dans l’Athènes du Cinquième siècle avant JC, une école à l’époque romaine, République puis Empire, mais c’était pour les hautes sphères ! Au fond, jusqu’à la Révolution, et même encore après, alors disons jusqu’à Jules Ferry en France, avec ses nombreux équivalents en Suisse, souvent radicaux, la plupart des enfants n’allaient pas à l’école : ils travaillaient aux champs, ils aidaient leurs parents, ils trimaient à l’usine, et même dans les mines, en pleine Révolution industrielle. Jaurès, le grand socialiste français, n’est pas venu pour rien : ce monde-là, celui de Zola, de Dickens, était le sien.

     

    Alors l’école, oui ! L’école de toutes nos forces, l’école du fond du cœur ! Si quelque chose, dans nos sociétés, ces deux derniers siècles, mérite qu’on l’admire, c’est cette immense entreprise de transmettre à nos enfants ce qui nous semble indispensable. Ce projet est beau, parce qu’il nous survit. Il prend date avec un avenir que nous ne connaîtrons pas. Il nous installe dans une postérité dont nous n’avons aucune idée, alors nous laissons nos enfants y pénétrer, après nous, munis de ce viatique, cette nourriture terrestre et spirituelle qui s’en va cheminer au-delà de nos propres vies. Nos parents, nos ancêtres, l’avaient déjà fait avec nous, en nous envoyant à l’école.

     

    A Genève comme ailleurs, l’école a besoin qu’on lui rende souffle et vie. Je ne vous parle pas ici de programmes, ni de branches à privilégier, par rapport à d’autres, cela n’est pas l’essentiel. Non, il faut restaurer le bonheur de transmettre, et pour les élèves celui d’apprendre. L’école doit être une joie, un sanctuaire privilégié, un promontoire d’où l’on puisse, au début de sa vie, observer le monde, sans encore participer à ses affaires. C’est cela qui compte, et non savoir s’il faut une heure hebdomadaire de mathématiques en plus ou en moins. L’école doit être livrée aux enthousiastes, à ceux qui sont doués dans l’art d’enseigner, qui ne relève en rien d’une science (j’écris cela à Genève, j’assume ce risque), mais d’une impétueuse disposition d’âme, dans l’ordre des choses de l’esprit et de la transmission. Il nous faut une école avec des maîtres, au sens où l’entendait si merveilleusement Charles Péguy dans les Cahiers de la Quinzaine (L’Argent, 1913) : des hommes et des femmes dont on se souvient toute la vie, tant ils nous ont marqués. Parce qu’ils nous ont passé un témoin. Un père, une mère, donne la vie. Un maître nous ouvre les chemins de l’Autre vie.

     

    Pascal Décaillet