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Commentaires GHI - Page 101

  • Que l'école soit source de vie !

     

    Commentaire publié dans GHI - 01.09.21

     

    L’école, qui a repris ce lundi 30 août pour des milliers d’élèves et d’enseignants, a le devoir d’être exigeante. Mais elle n’a pas le droit d’être ennuyeuse. C’est tout le paradoxe de l’enseignement. Le maître dispense le savoir, incite, éveille, aiguise l’appétit des connaissances, et tout cela doit se faire dans la joie. Les profs sont des hommes et des femmes qui ont choisi ce merveilleux métier, ils en connaissent les moments de grâce, mais aussi les inévitables servitudes : aucune activité humaine ne peut faire l’économie de la part d’effort, d’intendance, d’ingratitude, de solitude parfois pesante. Cette part d’ombre fait partie du métier, elle s’inscrit dans le jeu. Pour l’école, il y a le contact avec l’élève, qui – on l’espère, en tout cas – procure de la joie. Et puis, il y a la préparation, les corrections. Il en va ainsi d’une émission, de radio ou de télévision : beaucoup d’intendance, avec patience, précision et rigueur, pour cet espace de liberté que constitue l’entretien avec l’invité. D’autant plus libre, dans la magie du direct, qu’il aura, en amont, été soigneusement préparé !

     

    Enseigner doit se faire dans la joie, oui. Parce que toute autre solution serait dévastatrice pour l’élève, en termes d’envie, de motivation. Un prof a le droit d’exiger, d’élever le niveau, de rugir s’il le faut. Mais il n’a pas celui de foutre le bourdon à son assistance. Non parce qu’il est prof, mais parce que toute personne, au monde, s’emparant de la parole face à un public, a le devoir de l’emballer, le prendre avec lui, l’enthousiasmer. Tout cela, au service de la transmission des connaissances. Il est inimaginable – et, à vrai dire, inacceptable - qu’un enseignant débarque dans une classe en faisant la gueule, il n’en a tout simplement pas le droit face à l’assistance. C’est valable pour un prof. C’est valable pour un journaliste radio, au moment où il lance son émission. C’est valable pour tout locuteur, tout conférencier, sur la planète.

     

    Pourquoi je vous parle de la joie, pourquoi j’insiste tant ? Mais parce que le chemin de connaissance est un chemin de joie ! La plus austère des grammaires, grecque ou latine, la plus enchevêtrée des phrases allemandes, comme en certaines pages de Kafka ou de Thomas Mann, peuvent se métamorphoser en pistes de lumière avec un prof qui saura vous enthousiasmer. C’est difficile, souvent, et ne parlons pas des maths ! Mais la rugosité fait partie du jeu, elle s’inscrit dans le parcours d’initiation. Il faut demeurer lucide, garder courage, c’est parfois très dur : alors, ce chemin, autant le faire dans la bonne humeur. Parce que sinon, c’est l’enfer.

     

    J’ai aimé l’école. Le grec, le latin, le français. L’allemand, passionnément. J’ai souffert sur les maths. J’ai survécu à la physique en apprenant par cœur des équations qui m’étaient bien étrangères, je n’en suis pas fier, car tout doit passer par la compréhension. Globalement, ma nostalgie de cette époque bénie est immense. A tous, qui ont repris le 30 août, élèves, profs, parents, personnel auxiliaire, j’adresse mon amitié, ma fraternité. Engagez-vous ensemble sur le chemin de connaissance. Et n’oubliez jamais la joie, l’émotion, la passion.

     

    Pascal Décaillet

  • L'école, pas la morale !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.09.21

     

    Désolé si je glace l’atmosphère, mais l’école n’est pas le lieu pour enseigner la morale. Ou alors, tout au plus, comme l’une des disciplines de la philosophie, dans toutes ses variations en fonction de l’époque et des auteurs. Mais en Histoire par exemple, il faut observer les faits, recueillir le maximum de témoignages, ne jamais se contenter des versions officielles, encore moins des récupérations gouvernementales. Tout cela, oui, avec distance, et même une pointe de cynisme, dans le meilleur sens du terme. Se donner des instruments pour comprendre une époque, avec son magma de contradictions, en écoutant toutes ses voix. Mais pas la morale.

     

    La morale, en Histoire, est mère de l’anachronisme. On prétend juger une période antérieure, en fonction des impératifs éthiques – déjà discutables, au demeurant – de la nôtre. D’aujourd’hui, on désigne des coupables. On les livre à la vindicte. On arrache les statues. On déboulonne. On juge avec les yeux du temps présent.

     

    L’Histoire, ça n’est pas cela. C’est tenter de comprendre. Confronter les témoignages. Ressusciter des voix éteintes. Se pénétrer de toutes les visions, issues de tous les camps, y compris les maudits. Et à partir de là, avec nos consciences périssables, limitées, tenter une synthèse. C’est cela que doit nous proposer l’école. Pour les jugements moraux, il y a le tribunal de l’opinion, les résistants de la vingt-cinquième heure, les épurateurs de fortune. Le chemin de connaissance mérite mieux. Rigueur, distance, et observation.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Villes suisses : un peu d'autocritique, SVP !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.08.21

     

    Marco Chiesa, président de l’UDC suisse, aurait commis un crime de sang, les réactions n’eussent pas été plus courroucées. Certes, le Tessinois avait mal choisi sa date : le discours du 1er Août a plutôt comme fonction d’appeler à l’unité nationale que de fragmenter les Suisses, par exemple entre villes et campagnes. Allons-y donc pour la faute de goût. Mais de là à déverser sur lui toutes foudres du ciel ! La pléthore des réactions, leur violence, confinant parfois à l’insulte, sont plutôt de nature à prouver que l’homme avait raison : les Villes suisses, principalement les municipalités de gauche dans des communes d’une certaine importance, brillent par leur clientélisme, leur voracité financière, leur inaptitude totale à l’autocritique. Non seulement la Ville de Genève en fait partie, mais elle détient la palme. Triste record.

     

    Clientélisme. En matière culturelle, et cela depuis trente ans, bien avant Sami Kanaan, qui n’est pas spécialement en cause, et qui aurait même plutôt tendance à vouloir rétablir une certaine rigueur. Clientélisme en matière sociale. En matière d’associations, estimant le plus naturel du monde de voir renouveler tous les ans, au moment du budget, leur petite enveloppe de subsides. Il n’y a là rien d’illégal, rien de condamnable sur le plan juridique, tout au plus le ronron de petites habitudes. C’est ainsi, en soignant savamment ses électeurs, que la gauche se maintient depuis des décennies en Ville de Genève. Oh, la droite ne ferait sans doute guère mieux, mais enfin, si on parle de la gauche en Ville, c’est parce qu’elle s’y trouve incrustée depuis si longtemps. Avec ses petites habitudes, ses rituels, son vocabulaire, ses appels aux droits de l’homme aux quatre coins de la planète. Gauche urbaine. Gauche morale. Gauche bobo. Gauche donneuse de leçons. Pourquoi diable le président du premier parti du pays n’aurait-il pas le droit de relever cela ?

     

    Alors, voilà, comme les mots irrémédiables furent prononcés par le président de l’UDC suisse, parti honni par la gauche, et qu’il n’était en effet pas très malin, un 1er Août, de monter une partie des Suisses les uns contre les autres, encore moins d’utiliser le mot « parasites », chargé d’une lourde connotation historique, tout le petit monde de gauche prit plaisir à tomber sur le baudet. A quelques exceptions près (dont Sami Kanaan, qui répondit avec chiffres et arguments), on se précipita sur le porteur du funeste message, plutôt que d’entrer en matière sur les arguments de l’accusation. C’est dommage. Car il existe bel et bien, en Suisse, un problème avec les municipalités de gauche des grandes villes. Sublimation de l’altérité au détriment des braves Suisses. Dépenses considérables avec l’argent des contribuables. Clientélisme. Comportement de caste. Ces choses-là méritent qu’on les analyse, qu’on les prenne au sérieux. Même si c’est un UDC qui les a relevées. Autant dire le diable.

     

    Pascal Décaillet