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Commentaires GHI - Page 105

  • La guerre des mots est lancée

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.06.21

     

    La guerre des mots est lancée. Il ne faut en aucun cas la sous-estimer. Il ne s’agit pas du combat de quelques esthètes de salons, conservateurs de mots comme d’autres collectionnent des livres, des timbres rares, d’antiques limousines, des lépidoptères de Sumatra. Les mots n’appartiennent à personne, pour la simple raison qu’ils sont à tous. Ils sont notre trésor, notre legs. En les laissant s’envoler, nous transmettons ce que nous avons reçu, dès l’aube de l’enfance. Nous jouons de ces précieux bijoux de la famille universelle, nous les écrivons, nous les disons, nous les chantons. Ils accompagnent nos vies. Il n’y a donc pas à conserver les mots, comme des pièces de musée, ni à refuser leur évolution. Mais il y a, oui, à les apprendre, les connaître, en distinguer les variantes. Il y a à jouir, intensément, de leur usage. Ils sont de notre vie. Ils sont notre vie.

     

    Alors voilà, quand on nous massacre les mots, la syntaxe, quand on nous balance des néologismes comme un guano d’albatros portuaire, comme au début du Temple du Soleil à Callao (Pérou), au détriment des pauvres Dupondt, quand des sectaires, du climat ou du genre, tentent de nous imposer leur liturgie, leurs prières, leurs révérences, leurs prosternations, leur catéchisme, alors il convient que les âmes nobles se réveillent. Non pour défendre l’immobile, ni la conception figée d’un tissu linguistique en perpétuelle évolution, mais afin de porter l’étendard des mots. Les idiomes des allumés sectaires, on les refuse. On ne les prononce tout simplement pas, ou alors avec des guillemets de mépris. Si un halluciné, du climat ou du genre, tente de vous les imposer, vous restez calmes, vous ne réagissez pas, vous abolissez sa phrase dans un océan d’indifférence, et puis vous reprenez, avec vos mots à vous, ceux que vous aimez, ceux en qui vous croyez. Vous montrez là votre puissance de solitude, de résistance, votre indépendance, votre rejet des dogmes. Vous vous comportez en salutaire emmerdeur. Vous perdez des amis, vous renforcez votre amour du verbe.

     

    Si vous ne croyez pas à « l’urgence climatique », la solution est très simple : vous ne dites jamais « urgence climatique ». Vous laissez ces deux mots aux Croisés de la cause, c’est leur droit, ce sont leurs mots, pas les vôtres. Si la peste inclusive vous donne le moindre tourment, vous refusez absolument de vous l’inoculer. Vous laissez les allumés tournicoter comme des éphémères autour de leurs points médians, chacun jouit comme il peut. Mais vous, de marbre, vous continuez d’écrire selon le rite de votre enfance, de vos maîtres de naguère, de vos écoles, de votre temps. Ne soyez pas conservateurs, ils essaieront de vous passer comme tels. Non, soyez dans la justesse, la simplicité, la capacité d’évocation de cette belle langue qui est nôtre, le français. Au besoin, relisez Verlaine, « l’Art poétique », « De la musique avant toute chose ». Savourez chaque syllabe, le rythme de l’impair. Savourez « la menthe et le thym ». « Et tout le reste est littérature ».

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le miracle d'un Sommet

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.06.21

     

    On pouvait s’attendre au pire, ce fut le meilleur. On craignait le chaos, il n’advint pas. On pestait déjà sur la congestion, la fluidité l’emporta. Je n’ai pas toujours été tendre, ici même, sur la politique de mobilité à Genève. Mais je dois le reconnaître : pour le Sommet Biden-Poutine, du 16 juin 2021, ce fut impeccable.

     

    Partout où j’étais, soit de mon promontoire privé, d’où je pus capter les limousines, soit perdu dans la circulation, j’ai été infiniment surpris en bien par la gestion des flux, en ce moment qui s’annonçait pourtant infiniment critique. Ce fut prévu, anticipé, incroyablement coordonné, circulation bloquée quelques minutes avant l’arrivée des cortèges présidentiels, débloquée quelques minutes plus tard. Ce fut souple, rapide, adapté, ajusté. Franchement, bravo !

     

    J’ignore qui je dois féliciter exactement. Mais je le fais. La population fut informée bien en amont sur les zones à éviter. Des avis de fermeture furent publiés juste avant les passages critiques, aussitôt révoqués après : on ne peut pas dire que le quidam fût laissé à croupir sans information dans le cockpit brûlant de son véhicule.

     

    Alors, rêvons. Si un tel miracle fut possible pour MM Poutine et Biden, c’est que nous avons, quelque part à Genève, un savoir-faire. Pourrait-on imaginer de le mettre en branle tout au long de l’année ? Au service, cette fois, non des seuls puissants de ce monde, mais du brave citoyen-contribuable. Qui paye ses taxes. Et aime, lui aussi, se mouvoir dans Genève.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Genève ou le Valais ? Les deux, Mon Général !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.06.21

     

    Il nous faut penser, chacun de nous, à la chance infinie que nous avons d’habiter Genève. Je parle ici de la Ville, principalement, mais cela s’applique tout autant aux quarante-quatre autres communes de notre magnifique campagne. Je suis un homme de la Ville. J’y suis né. J’y ai passé la plus longue période de ma vie, à part seize ans à Lancy (Commune à laquelle je reste attaché), plusieurs années à Berne (comme correspondant RSR au Palais fédéral), et d’innombrables séjours en Allemagne. C’est peu dire que j’aime Genève. Je l’aime autant que mon Valais d’origine, auquel me rattachent, sur des siècles, toutes mes souches familiales, Orsières par ma mère, Salvan par mon père. Ces deux identités, celle de Genève et celle du Valais, loin de se combattre, s’ajoutent l’une à l’autre. Elles se conjuguent, se mélangent, s’enrichissent mutuellement, dans l’amour partagé du destin du Rhône, et celui de la Suisse.

     

    L’amour de Genève, comme celui du Valais, procède d’abord d’une intense émotion physique. Il ne faut pas sous-estimer les paysages, ils veillent sur nos rêves, dépassent nos vies, nous renvoient à nos jeunesses, nos parents, nos amis d’antan. Ils configurent une certaine manière de voir le monde. Mes deux parents avaient grandi dans des villages de montagne, Orsières d’un côté, sur la route des Italies ; le Châtelard de l’autre, juste sur la frontière française. Le Rhône, encore et toujours, ici par la Dranse d’Entremont, là par l’Eau Noire, puis le Trient qui se glisse dans les gorges, et rejoint le « grand fleuve », en route pour les Camargues. Genève, c’est le lac, la résurgence du fil rhodanien, et puis l’intimité, oui maternelle, de ce triangle formé par les Voirons, le Salève, le Jura. La percée sur le Mont-Blanc, le Môle, parfois l’Aiguille Verte, nous rappelle la souveraine proximité des Alpes. Figures protectrices, tutélaires, Olympes qui se jouent du sentiment de proximité, un jour elles apparaissent, le lendemain se cachent. Ainsi, de l’absence à la présence, se jouent les filiations. Ainsi, dans l’Odyssée, le jeu des dieux, pour aider ou pour contrer, régner dans l’ordre de l’invisible, parfois poindre sous les traits d’un mortel.

     

    Alors oui, Valaisan de Genève, ou Genevois d’origine valaisanne, peu importe. Il y a la part commune, souvent impétueuse, combative, parfois impitoyable dans l’acte de guerre. Il y a l’apparente césure entre ville et campagne, plaine et montagne. Et puis, comme chez tout humain, et comme dans le fil d’un fleuve, il y a la continuité d’un destin. Quelque part, sur le chemin de vie des eaux, entre Gletsch et Port-Saint-Louis-du-Rhône, ou les Saintes-Maries, il y a cette ville, Genève, d’intense caractère et d’intelligences mêlées. C’est cela que j’aime, la trace des humanistes, la Réforme, le souvenir de Jean-Jacques Rousseau, les artistes, les musiciens, l’ouverture au monde, la vie qui passe, la vie qui va. Vers quel destin ?

     

    Pascal Décaillet