Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 105

  • Lumière, SVP !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.03.21

     

    La Ville de Genève a-t-elle vraiment puisé près d’un million, dans un fonds prévu pour les personnes âgées, pour l’affecter plus généralement à « l’urgence sociale » ? Tour de passe-passe, entre vases communicants ? Ou, beaucoup plus grave, véritable « détournement », comme le prétend l’UDC ? La question est posée. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle mérite réponse.

     

    L’affaire sent le roussi. Ministre de tutelle, en charge de la cohésion sociale, c’est Thierry Apothéloz qui a tenu à recadrer la Ville. Cette dernière estime n’avoir pas fauté, elle produit le testament de la donatrice du fonds, la danseuse Emma Louise Zell, qui avait fui le nazisme pour se réfugier à Genève, et avait tenu à témoigner sa reconnaissance.

     

    Ce qui frappe dans l’affaire, c’est la précipitation de la gauche municipale, manifestement prise en défaut au niveau de deux de ses édiles, à envoyer le ban et l’arrière-ban de ses spadassins pour contre-attaquer, nier l’affaire en bloc, ou tout au moins la minimiser. Réaction classique de tout pouvoir en place, se sentant attaqué.

     

    Eh bien ces gesticulations défensives ne doivent pas nous impressionner. Citoyens et contribuables en Ville de Genève, nous voulons toute la lumière sur cette affaire. Des instances professionnelles de contrôle financier doivent s’en emparer, à l’abri de toute pression des magistrats possiblement impliqués. Il en va du rapport de confiance entre le peuple de la Ville et ses autorités. Nous irons jusqu’au bout.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Conseil d'Etat : désarroi et déprime

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.03.21

     

    A quoi sert un gouvernement ? A diriger politiquement une communauté humaine, dégager des impulsions, fixer des caps, définir de grandes orientations. Le tout, avec une vision d’ensemble, qui exige de la hauteur. Le chef ne s’occupe pas des détails, il élabore des stratégies, saisit les grands mouvements, l’œil en éveil. Il est possible, hélas, que l’actuel Conseil d’Etat genevois ne réponde pas exactement à la présente définition. Certes, il y a eu l’affaire Maudet, qui n’a rien arrangé. Certes, il y a eu la crise sanitaire, qui a pulvérisé les paramètres du prévisible. Conditions très difficiles, nous en sommes d’accord. Mais aucun de ces obstacles, désolé, ne justifiait que, dans l’ordre de l’impuissance, l’on fût tombé si bas.

     

    Car le gouvernement genevois, ou plutôt le Triste Sextuor qui en tient lieu, est en train d’atteindre le degré zéro de l’efficacité. Ne parlons pas de la gestion de la crise, où il fait ce qu’il peut, Berne ayant pris tous les pouvoirs. Ne parlons pas de l’affaire Maudet, nous verrons quelle issue politique le peuple choisira de lui donner. Reconnaissons que ces deux récifs majeurs n’ont pas favorisé la navigation de la nef amirale de notre Canton. Oui, admettons tout cela, soyons justes.

     

    Mais enfin, il y a tout le reste. Genève n’avance pas. Genève semble prise dans des rets, comme un banc de poissons infortunés, livrés au prédateur. Genève impuissante. Genève n’a plus envie. Genève en déprime, plusieurs centaines de mètres sous le niveau du lac. Genève sans projet, sans avenir, l’œil fixé vers le bas, tout juste accepter le destin contraire, faire le dos rond, attendre que ça passe. C’est ça, notre ambition, notre avenir ? C’est pour parvenir à ça que Genève aurait enfanté Jean-Jacques Rousseau, accueilli les nations du monde, servi de décor à Belle du Seigneur, veillé sur la jeunesse de Michel Simon, vibré aux concerts d’Ernest Ansermet ? Tout ça, pour ça ? Devenir pire qu’une ville comme une autre, un lieu sans magie ni invention, déserté par l’idée même de la grâce ?

     

    On aimerait, par exemple, retrouver la puissance de grands desseins en matière de formation. Où est-elle, l’École de Genève, celle de Jean Starobinski, ou, plus populairement, celle d’André Chavanne, avec la force et la clarté d’une ambition ? Que voulons-nous transmettre, le savons-nous seulement ? Quels modèles pour nos élèves, quelles références ? L’Instruction publique n’est-elle plus que grisaille d’états-majors, rapports sur le langage inclusif, obligations de pensée climatiques, robotisation par le télétravail, déprime généralisée ? Alors qu’il s’agit de notre jeunesse !

     

    On aimerait aussi circuler un peu, dans Genève. Avec, au niveau ministériel, un autre souffle que la seule peur de déplaire au catéchisme Vert. On aimerait enfin, dans l’ordre des finances, d’autres horizons que ceux de la seule dette, qui semble, comme dans l’œuvre de Jules Verne, se creuser jusqu’au centre de la Terre. On aimerait que le septième renouvelé de ce Conseil d’Etat vienne lui rendre souffle et vie. On aimerait tout cela, oui. Ou même déjà le tiers, ou le quart. Pour sortir du désarroi.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Du jargon ? En voici des wagons !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.02.21

     

    Vous voulez du jargon ? Je vous en fourgue ici des tonnes. Du jargon des sciences sociales, du jargon climatique, du jargon féministe. Oh, il y en a bien sûr ailleurs, dans la médecine, la finance, la philosophie, la marine à voile, la théologie. Mais je veux vous faire plaisir, je vous apporte du neuf, de l’actualité, du contemporain. Je n’invente aucun mot : je les puise dans les journaux ou sur les ondes, sur les sites, dans tout espace offert à la parole publique. Des vocables bien réels, d’ailleurs vous les reconnaîtrez. Des mots, comme il en jaillit à longueur de journées, dans des émissions qui se veulent de haut niveau intellectuel, persuadées que l’alignement de ces néologismes augmentera le crédit de leurs chaînes.

     

    Il y a d’abord les sciences sociales. Fourmillement de « chercheurs », dans nos Facultés de Suisse romande, Genève et Lausanne en sont particulièrement prodigues. De puissants savants, surgis tout doit de la médecine au temps de Molière : ils vous parlent, vous ne comprenez rien. C’est votre faute, bien sûr, vous êtes un plouc, vous ne méritez pas ces perles jetées aux pourceaux. Vous souffrez, on vous dit votre mal en latin, on vous honore de tous ces ablatifs absolus, on vous élève, et en plus vous auriez le culot de maugréer, parce que vous peinez à comprendre ! On vous dit qu’il faut déconstruire vos stéréotypes, inverser vos injonctions de genres, vous avez le front de trouver ça abstrait, non mais allô, pour qui vous prenez-vous ?

     

    J’en viens à mes frères et sœurs, les climatistes. Vous savez quelle tendresse je leur voue, ils l’ont méritée. Tenez, avez-vous fait votre bilan carbone, par exemple ? Entre deux transferts modaux, ou reports de charges, au milieu du paradis circulatoire de M. Dal Busco, avez-vous procédé à votre autocritique sur votre rapport à la transition énergétique, à l’économie circulaire, ou au Protocole de Kyoto ? Ce langage si doux, si suave, verlainien dans sa légèreté, êtes-vous bien certain de le maîtriser ? Vous voulez des cours de rattrapage ?

     

    Le dessert, c’est le langage étrange et merveilleux du féminisme. Il est à la clarté ce que le smog de Londres est au ciel de Provence. On commencera par vous balancer du patriarcat, ça va encore. On secouera l’encensoir avec quelques théories du genre, cisgenre, transgenre, on s’élèvera jusqu’aux chapiteaux avec une pincée de féminisme intersectionnel. Vous pensez géométrie, vous sortez vos compas ? Vous avez tout faux ! Ces concepts-là, mon pauvre ami, ne se couchent pas sur du papier. Ils se balancent dans l’air, ils tambourinent dans nos cervelets, et puis très vite, ailés comme les filles de l’air, ils s’évaporent.

     

    Sciences sociales, climat, féminisme. Je n’ai cité que trois exemples. Mais enfin, vous reconnaîtrez qu’ils ont conquis quelque pesante présence, dans notre univers sonore. Il nous reste le choix : nous plier, comme des disciples en obédience. Ou alors, plus simple, plus radical, mais jouissif comme la prime morsure dans le fruit originel : éteindre la radio.

     

    Pascal Décaillet