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Commentaires GHI - Page 107

  • Le Pont de l'Enfer

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.05.21

     

    A peine Genève commence à entrevoir la fin de la crise Covid, voilà que pleuvent les annonces de leurs déconvenues futures ! Ça concerne la circulation, et ça va faire mal. Dans quelques jours, début des travaux sur le Pont du Mont-Blanc, autant dire l’enfer pour les automobilistes. Plus tard, chamboulement complet de Cornavin, où la voiture sera bientôt réputée indésirable. Et tout cela coïncide avec quoi ? Avec le retour massif des pendulaires, reprise économique oblige.

     

    Bien sûr, il faut entretenir le Pont du Mont-Blanc. Mais un peu de jugeote, de la part de tout qui constitue à Genève le pouvoir, un peu de coordination, un peu de stratégie dans la communication, ne seraient pas de trop. Mais non ! On catapulte les mauvaises nouvelles, sans la moindre vision d’ensemble dans l’opportunité des annonces. On signifie aux automobilistes qu’ils vont, une fois de plus, en baver. En filigrane, on leur délivre du mépris, une totale insensibilité à leur sort : « Ils n’ont qu’à prendre les transports publics ! ».

     

    Eh bien non, nous n’avons pas « qu’à » ! Nous avons, à Genève, le libre choix de nos modes de transports. Nous n’avons absolument pas à nous sentir coupables, parce que ça contredit la doxa des Verts, de nous déplacer en voiture. Rien ne nous oblige à succomber au charme du vélo, ni des bus, ni des trams, ni des trains. Va-t-il falloir, à Genève, recréer un parti des automobilistes, bien poujadiste et bien populacier, pour se faire entendre ? Je vous klaxonne mon salut.

     

    Pascal Décaillet

  • Que la droite assume ses valeurs !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.05.21

     

    Nous sommes dans une démocratie, nous n’allons pas nous en plaindre. Nous n’avons ni homme fort, ni dictateur, ni sauveur providentiel. Faire de la politique, en Suisse, n’est pas réservé aux élus, surtout pas ! C’est le lot de toute citoyenne, tout citoyen. Les patrons c’est le peuple, c’est nous. Et, comme nous sommes d’avis différents sur les moyens d’assurer le bien de la Cité, nos visions s’entrechoquent, nous nous frottons, nous nous engueulons : rien de plus sain ! Dans les régimes autoritaires, on parle assez peu, on se contente du murmure en catimini, on rase les murs, on a peur. En Suisse, on a le droit de s’exprimer, il est venu lentement à travers les siècles, il est, comme chez nos voisins, le fruit d’une conquête. Aux générations qui nous ont précédés, nous devons notre reconnaissance. Il ne faut pas croire que ces droits sont arrivés tout seuls.

     

    Mais alors, pour le moins, que chacun d’entre nous assume ses positions. Qu’il en ait le courage ! Ne venez pas me parler de neutralité, ça n’existe pas ! D’ailleurs, nous avons en Suisse une exemplaire démocratie directe, le monde nous l’envie, elle nous propose quatre fois par an de dire oui ou non à différents projets, eh bien assumons nos oui, ou nos non. Si on est à gauche, ayons le courage d’être à gauche. Si on est à droite, défendons les valeurs de la droite. Hélas, trois fois hélas, dans le second cas de figure, ça ne fonctionne pas ! Nous avons affaire, au sein de la droite suisse, à part à l’UDC, à une droite qui semble totalement timorée à l’idée d’affirmer ce qu’elle est, d’où elle vient, ce que fut son Histoire, où sont ses fondamentaux. Une droite qui copie la gauche. Une droite qui reprend servilement le jargon climatiste, le langage des Verts, leurs tics verbaux, leur liturgie dans l’ordre de la désignation, de la nomenclature. Bref, une droite qui n’ose pas.

     

    Pour notre démocratie, c’est une catastrophe. Le combat des idées a besoin de clarté, de courage, de précision dans le contour des antagonismes. Il a besoin d’hommes et de femmes qui n’ont pas peur du conflit, ni des meutes de petits délateurs sur les réseaux sociaux, qui s’y entendent à merveille pour détruire une réputation. Il a besoin des Verts, et, s’ils y tiennent, de leur langage. Et il a tout autant besoin, en face, d’hommes et de femmes courageux, pour dire aux Verts : « Nous sommes en désaccord total avec vous, votre sabir ne vaut pas un clou, vous ne nous impressionnez pas, votre mode passera, nous luttons pour d’autres valeurs ». La démocratie, c’est cela ! C’est le courage de s’opposer ! Et c’est, surtout, celui d’aller à l’encontre du courant dominant du moment, celui devant lequel tout le monde se prosterne : les médias, les éditorialistes, le causeurs, les chroniqueurs, les petits bavards des réseaux, et jusqu’à certains humoristes, totalement affidés au pouvoir, eh oui, ça existe ! La démocratie, c’est l’antagonisme. Ça passe par la puissance d’une solitude. Pas par l’intégration à une meute.

     

    Pascal Décaillet

  • Pour une école enthousiaste et joyeuse !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.05.21

     

    L’école genevoise est à la peine. Elle ressemble à une immense machine, dans une gigantesque usine, avec des mouvements répétés, des milliers d’ouvriers qui s’affairent, la tyrannie de la mécanique, sans que personne ne sache exactement ce qu’on y fabrique, dans quels buts, pourquoi tous ces gens sont là, dans quel dessein. C’est impressionnant, mais un peu triste. Le Temps modernes, de Charlot, sans l’éclat de rire toutes les dix secondes, sans le scintillement du génie d’un Chaplin.

     

    Bien sûr, la crise sanitaire n’a rien arrangé. Ordres, contre-ordres, travail à distance, délitement des classes, perte de repères : l’école est sans doute l’une des institutions à avoir le plus souffert de la période Covid. Tous sont passés par un légitime mal-être : les élèves, les profs, les parents. A eux, notre sympathie : tous ces acteurs du monde scolaire ont été les victimes d’un épisode totalement dévastateur de lien social dans notre Histoire. Un virus, totalement imprévisible, a surgi dans leur destin, il a profondément nui au bon fonctionnement de l’institution. On pourrait presque, si l’affaire se prolongeait (ce que nul ne souhaite, bien sûr), parler de génération sacrifiée.

     

    Mais le virus n’explique pas tout. Disons qu’il joue un rôle de révélateur, en aggravant un état général qui, antérieurement à la crise sanitaire, multipliait déjà les signes de morosité. Il y a, dans la machinerie scolaire genevoise, des choses qui ne vont pas. Et le premier sentiment qui se dégage est celui d’une certaine tristesse. Oh bien sûr, vous pourrez me contredire avec d’excellents contre-exemples, me signaler tel prof génial, enthousiasmant, et j’espère bien en effet que cela existe. D’ailleurs, les profs ne sont pas ici en cause. Le métier est passionnant, mais difficile, ceux qui l’exercent méritent notre respect et notre reconnaissance. Mais il y a la machine, toujours recommencée, moins poétique hélas que la Mer, de Paul Valéry.

     

    Il ne faudrait tout de même pas que l’école genevoise, infestée de tristesse, se mettre à ressembler à un Cimetière marin. Alors qu’elle a besoin de sens. De passion. D’enthousiasme, dans la transmission des connaissances. De joie, partagée entre tous les acteurs de ce lien sacré : les profs, les élèves, tous ceux qui recréent ce lien de filiation si merveilleusement décrit par Charles Péguy dans « L’Argent », Cahiers de la Quinzaine, 1913. Oui, l’école a besoin de retrouver la joie. Certains, sans doute, la transmettent, hommage à eux. Mais l’impression générale est hélas celle de la tristesse. Comme si la machine – toujours elle – du Département, avec ses commissaires au fonctionnement, l’emportait sur l’émotion d’apprendre. Cela, nos élèves ne le méritent pas. Ils sont au début de leur vie, dans une phase d’appétit et d’ouverture. Le champ du possible leur est ouvert. Le rôle de l’école, c’est de satisfaire cette faim et cette soif de sens. Avec exigence, certes. Mais avec passion.

     

     

    Pascal Décaillet