Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.04.21
La liberté d’expression ? Laissez-moi rire ! Tous la proclament, nul ne la défend. Je ne connais aucune personne au monde qui tolère vraiment, chez l’autre, une véritable capacité totale à exprimer ses opinions. Il y aura toujours un moment où la personne dira : « Halte, là tu exagères, tu dépasses la ligne, tais-toi ! ».
C’est ainsi, c’est humain, c’est la vie. Il y aura toujours, quelque part, une zone ultra-sensible où le récepteur d’un message se braquera face à l’émetteur. Autour des questions de foi, d’adhésions spirituelles, de mœurs, de mémoire, d’appartenance communautaire, de souffrances. Chacun de nous, dans le mystère de son intimité, a sa part de fragilité, et peut se sentir choqué par les propos d’un autre. Cela doit être respecté.
Et ne venez pas nous dire : « Moi, je suis au-dessus de tout cela, rien ne me touche, je suis capable d’une totale distance par rapport à mon être sensible ». Ceux qui nous produisent les apparentes libéralités de ce discours, ce sont souvent les premiers à craquer, réclamer la censure. C’est humain, c’est la vie.
Alors, quoi ? Alors, exerçons notre sens critique. Attaquons les puissants, plutôt que les faibles. Dispensons-nous de remuer des souffrances, là où les plaies sont encore vives. Ne tirons jamais sur un humain à terre. Dénonçons les abus de pouvoir, là où ils sévissent. Soyons libres, dans nos têtes, oh oui libres. Mais alors, soyons David contre Goliath. Attaquons les géants, pas les fragiles de la terre.
Pascal Décaillet