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Commentaires GHI - Page 110

  • Le Sextuor Chiquita

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.03.21

     

    Pour qui les Genevois voteront-ils ce dimanche 28 mars ? Je n’en sais rien. Mais une chose est sûre : la politique des peaux de banane, jetées par le Triste Sextuor pour faire glisser Pierre Maudet, et une fois enfin obtenir sa perte, est inacceptable. Elle révèle, chez les six magistrats ayant encore un Département, ou tout au moins chez deux ou trois d’entre les six, une conception particulièrement dévoyée de l’action publique. Il faudra s’en souvenir.

     

    Dimanche 21 mars, à J-7, on pouvait lire, dans le Matin dimanche, un conseiller d’Etat anonyme dézinguant son collègue Maudet, laissant entendre qu’on lui laisserait, en cas de réélection, la portion la plus congrue possible, dans la répartition des dicastères. Inutile de dire que si Pierre Maudet est réélu, le signal du peuple sera tellement dévastateur, face aux élites et aux états-majors, que le Triste Sextuor aura sacrément intérêt à ne pas jouer au plus fin, et à montrer qu’il respecte le souverain.

     

    Parce qu’en cas de réélection, la terre tremble. Les paradigmes explosent. Le peuple siffle la fin de la récréation. Il remet à sa place ce Sextuor Chiquita, tellement spécialisé dans les peaux de banane, qu’il en oblitère les secteurs de l’Etat en souffrance, dans d’autres Départements. Par exemple, au DIP, où les directeurs et directrices du Collège de Genève, qui ne sont tout de même pas les premiers venus, se sont dits « maltraités » et « malmenés » par le Département. Mais, cela on préfère le passer sous silence. Deux poids, deux mesures.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Second tour : notre système est insensé !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.03.21

     

    Ce second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat aura vu s’affronter quatre candidats. Ce dimanche 28 mars, les jeux seront faits, l’un des quatre sera élu. J’ignore absolument lequel, nous verrons bien. Mais je veux dire ici, de toutes mes forces, à quel point notre système électoral à deux tours, en tout cas pour une complémentaire, est déficient. Je n’entends pas remettre en cause ce scrutin-ci, on ne change pas les règles en cours de jeu. Mais à froid, une fois cette élection passée, il nous faudra à tout prix amender notre nouvelle Constitution genevoise, clairement défaillante sur cet aspect-là, tout au moins. La démocratie a besoin d’un minimum de sérieux pour être crédible et durable. On ne la parodie pas, on ne la travestit pas, impunément.

     

    La chose est simple. Si on se met en tête d’organiser, pour le choix d’un conseiller d’Etat dans une complémentaire, une élection à deux tours, alors on le fait correctement : pour le second tour, on garde les deux premiers. Les deux qui sont arrivés en tête du premier tour ! Deux ou trois semaines plus tard, on les oppose. Celui des deux qui gagne, donc qui obtient une majorité de 50% et des poussières, fera partie du gouvernement. Si on veut, à Genève, jouer les Français, en souvenir des belles années 1798-1813, alors on y va à fond ! Et on s’inspire du scrutin majoritaire, uninominal à deux tours, qui s’impose (à part de rares parenthèses) depuis la Cinquième République. Et ce jeu majoritaire, on le joue jusqu’au bout : le premier tour est ouvert, mais doit être impérativement éliminatoire. Sinon, nous avons deux premiers tours.

     

    Dans le système actuel, il y a des choses qui ne vont pas. D’abord, il n’est pas acceptable qu’une personne n’ayant pas participé au premier tour puisse, en usant de diverses ficelles liées à des noms de listes, venir s’engouffrer au deuxième tour. Je ne porte ici aucun jugement sur les qualités de cette personne, mais le procédé est de nature à ruiner le crédit de l’institution électorale. Car enfin, si n’importe qui, à Genève, peut se présenter au deuxième tour, de même qu’il peut (et c’est très bien) se présenter au premier, alors à quoi servent les deux tours ? Autant passer directement au deuxième tour ! Avec de tels stratagèmes, toute la logique des deux tours s’effondre : le premier pour s’ouvrir à la diversité, puis sélectionner. Le second, pour regrouper les forces derrière deux candidats opposés. Mais là, nous n’avons plus un premier tour, puis un deuxième. Non : nous avons deux premiers tours !

     

    Et puis, désolé, il n’est pas normal, non plus, que le quatrième du premier tour, aussi brillante fût sa campagne, puisse demeurer dans le second. Car enfin, si tout le monde reste dans la course, c’est le système qu’on ridiculise, et l’électeur avec lui. J’appelle donc le corps des citoyennes et citoyens, par la voie d’usage, sans doute celle d’une initiative, à réformer cette anomalie. Il en va du crédit de notre démocratie genevoise.

     

    Pascal Décaillet

  • Reconstruire la droite, sur les décombres

     

    Commentaire publié par GHI - Mercredi 17.03.21

     

    Une ville en cendres, au lendemain d’un bombardement. Les maisons brûlent encore. Partout, les décombres. C’est à cette image de dévastation que fait penser la droite genevoise, depuis le premier tour de l’élection complémentaire. Cette droite, majoritaire dans le canton, et même nettement dans l’addition des votes de ce dimanche 7 mars, a pourtant été passée au napalm. Des bonnes vieilles structures d’antan, bien confortables sous leur apparence d’éternité, le PLR, le PDC, l’Entente octogénaire, il ne reste rien. Tout au plus, un champ de débris, qu’il va falloir déblayer, pour laisser la place à autre chose. A quoi ? Je l’ignore, et n’avance ici que quelques pistes. Mais une chose est certaine : la deuxième place de Pierre Maudet, derrière la candidate Verte Fabienne Fischer et loin devant le candidat PLR Cyril Aellen, fut de nature à dynamiter les structures préexistantes. « Autre chose » doit sortir. « Autre chose » doit surgir. « Autre chose » doit germer, par-dessus les décombres.

     

    J’ignore absolument si Pierre Maudet sera réélu. Nous verrons bien. Mais dans tous les cas, il tiendra un rôle signalé dans la renaissance et la reconstruction d’une partie de la droite à Genève. Je ne parle pas ici de l’UDC, qui vit sa vie de son côté et la vit plutôt bien, à en juger par le très bon résultat de son candidat, Yves Nidegger, au premier tour. Non, je parle de l’espace compris entre la gauche et l’UDC. Jusqu’ici, cet espace a été structuré par des familles, et des étiquettes, portant témoignage du passé. Les radicaux, le grand parti qui a fait la Suisse moderne, celle de 1848. Les libéraux, parti genevois, dans la grande tradition de Benjamin Constant. La démocratie chrétienne, celle de 1891 et de l’Encyclique « Rerum Novarum » du très grand Pape Léon XIII. Trois chemins, trois natures, trois cohérences. Ils ont bien mérité du passé. Mais il est possible que nous entrions dans « autre chose ».

     

    Les temps sont difficiles. Crise sanitaire, crise économique et sociale. Dette qui explose. Cadeau empoisonné légué à nos enfants. Avenir bouché, pour notre jeunesse. Retraites insuffisantes, laissant certains de nos aînés dans une situation inacceptable pour un pays comme la Suisse. Classes moyennes prises à la gorge, fiscalité confiscatoire, impossibilité de mettre de l’argent de côté. Pouvoir d’achat qui s’effondre. Flux migratoires non-contrôlés. C’est à l’immensité de ces problèmes-là, et non aux niaiseries sociétales des bobos, que la pensée politique de droite doit apporter des solutions. La gauche en propose, elle ! Et la tranquille droite genevoise ne résoudra rien en demeurant dans sa douillette liturgie de Comités directeurs et d’Assemblées générales. Non. Elle a besoin d’un nouveau souffle, profondément populaire. Cela passe par une main tendue entre la droite de la Raison, la « Vernunft » des philosophes allemands, et une certaine gouaille de la rue, que d’aucuns se plaisent à qualifier de « populiste ». La droite doit affirmer ses valeurs. Elle doit sentir le pavé. Elle ne doit plus avoir peur. Et tant pis pour les Assemblées générales. Et tant pis pour Les Comités directeurs.

     

    Pascal Décaillet