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Commentaires GHI - Page 112

  • Le Passage

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 31.03.21

     

    La Fête de Pâques est, pour les chrétiens, le moment le plus important de l’année. Au-delà des questions de foi, qui appartiennent à chacun de nous, en solitude et en intimité, il est passionnant de se renseigner, à travers des lectures, sur le sens de cette Fête du « Passage ». Rien que la Pâque juive, Pessa’h, bien avant la Passion du Christ, nous interroge en profondeur. Elle nous rappelle l’Exode, hors d’Egypte, dans l’Ancien Testament, mais c’est aussi le début d’un cycle agricole, célébré dans des fêtes paysannes.

     

    Les Hébreux passent la mer Rouge, le Christ revient à la vie au troisième jour : tout a déjà été écrit, par des savants, sur cette préfiguration, ce jeu de miroirs entre les deux Testaments, l’un annonce l’autre, le second cite le premier, les paroles se renvoient, les textes se confrontent. Une vie ne suffit pas à se plonger dans ce dialogue des mots, entre deux traditions spirituelles aussi importantes.

     

    Je rêve d’une école genevoise qui, bien entendu au niveau du savoir et non à celui d’une quelconque propagande pour une religion, donne aux élèves les références nécessaires à comprendre tout cela. Comprendre le judaïsme. Comprendre le christianisme. Comprendre l’Islam. Pour ne citer que trois exemples. Car il y en a tant d’autres : un minimum d’initiation aux religions antiques, complexes, multiples, décentralisées, serait aussi le bienvenu. Je rêve d’une école où tous, maîtres et élèves, vibreraient de bonheur dans la passion de la transmission. A tous, excellentes Fêtes de Pâques !

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le pouvoir, celui qui vous fait jouir

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 31.03.21

     

    Ne croyez pas qu’il existe, sur la planète, le moindre pouvoir qui, dans l’ordre des relations humaines, soit présentable. Le pouvoir, d’où qu’il vienne, c’est pour le moins une pression, et souvent une oppression, exercée par un ou plusieurs humains, sur un ou plusieurs autres. Il existe certes des pouvoirs éclairés, des despotes séduisants, des tonalités atténuées, des petites voix doucereuses qui tonnent moins que les rugueuses injonctions des sergents-majors. Mais le pouvoir reste le pouvoir. Il y aura toujours un moment, entre le dominant et le dominé, où l’étincelle enclenchera l’explosion. Toujours un moment pour la rupture, l’affrontement, la tentative de renversement, le corps-à-corps de la colère.

     

    Prenez le monde politique. Regardez comme ils sont gentils, les doux agneaux, pendant les campagnes électorales. A votre écoute, « sur le terrain » : les stands, les tracts aimablement distribués, la patience à vos doléances, « Je note, chère Madame, nous allons nous renseigner sur ce problème, nous reprendrons contact avec vous. D’ici là, si vous voulez que les choses s’arrangent, ayez l’obligeance de voter pour moi ». Et ça marche ! Parce que l’autre, en face, toujours en quête d’un monde nouveau, se dit que tout va changer, qu’il tient là le bon numéro, que celui-là, élu, n’exercera pas le pouvoir comme les autres. On peut rêver. C’est un droit fondamental de l’être humain.

     

    On peut rêver, mais on déchante. Très vite. Elu dans un exécutif, le nouveau mettra quelques semaines à s’accoutumer, il montera autour de lui une garde noire, il se désignera mentalement les alliés et ceux à abattre, il se fera les griffes, commençant par écorner, et finalement lacérant. D’aucuns prendront plaisir à ce petit jeu. « Je suis le maître, je domine, j’ai ma cour, mes conciliabules, je ménage mon petit monde, j’incendie les autres ». C’est la vie, nul n’y échappe. Ni hommes, ni femmes, ni gauche, ni droite, ni gentils centristes : face à l’éternelle noirceur du pouvoir, nous sommes tous recommencés, nous accomplissons la liturgie, nous blessons, parfois nous humilions. Et de cette position dominante, nous jouissons.

     

    Le pouvoir, partout. Au sein de la famille. Au bureau. Sur le chantier. Sur le tapis boursier. Dans l’entreprise. C’est laid, c’est noir, c’est triste, c’est la vie, celle des pulsions, nul d’entre nous n’y échappe, et surtout pas ceux qui s’en croient affranchis. En latin, « dominus » signifie le maître, celui qui exerce le pouvoir, par exemple sur l’esclave. Mais il y a un autre mot, tellement plus beau, tellement plus fort : c’est le mot « magister ». Le maître, oui, mais celui qui enseigne. Celui qui transmet. Celui qui, par son savoir, ses compétences, donne l’exemple. Celui à qui Charles Péguy, dans les Cahiers de la Quinzaine (1913), rend hommage. Je voulais, à l’approche de Pâques, terminer ce texte par une note d’espoir et de lumière. A tous, excellentes Fêtes, quelque part, face à l’ouverture du Passage.

     

    Pascal Décaillet

  • Le Sextuor Chiquita

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.03.21

     

    Pour qui les Genevois voteront-ils ce dimanche 28 mars ? Je n’en sais rien. Mais une chose est sûre : la politique des peaux de banane, jetées par le Triste Sextuor pour faire glisser Pierre Maudet, et une fois enfin obtenir sa perte, est inacceptable. Elle révèle, chez les six magistrats ayant encore un Département, ou tout au moins chez deux ou trois d’entre les six, une conception particulièrement dévoyée de l’action publique. Il faudra s’en souvenir.

     

    Dimanche 21 mars, à J-7, on pouvait lire, dans le Matin dimanche, un conseiller d’Etat anonyme dézinguant son collègue Maudet, laissant entendre qu’on lui laisserait, en cas de réélection, la portion la plus congrue possible, dans la répartition des dicastères. Inutile de dire que si Pierre Maudet est réélu, le signal du peuple sera tellement dévastateur, face aux élites et aux états-majors, que le Triste Sextuor aura sacrément intérêt à ne pas jouer au plus fin, et à montrer qu’il respecte le souverain.

     

    Parce qu’en cas de réélection, la terre tremble. Les paradigmes explosent. Le peuple siffle la fin de la récréation. Il remet à sa place ce Sextuor Chiquita, tellement spécialisé dans les peaux de banane, qu’il en oblitère les secteurs de l’Etat en souffrance, dans d’autres Départements. Par exemple, au DIP, où les directeurs et directrices du Collège de Genève, qui ne sont tout de même pas les premiers venus, se sont dits « maltraités » et « malmenés » par le Département. Mais, cela on préfère le passer sous silence. Deux poids, deux mesures.

     

    Pascal Décaillet