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Commentaires GHI - Page 115

  • Du jargon ? En voici des wagons !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.02.21

     

    Vous voulez du jargon ? Je vous en fourgue ici des tonnes. Du jargon des sciences sociales, du jargon climatique, du jargon féministe. Oh, il y en a bien sûr ailleurs, dans la médecine, la finance, la philosophie, la marine à voile, la théologie. Mais je veux vous faire plaisir, je vous apporte du neuf, de l’actualité, du contemporain. Je n’invente aucun mot : je les puise dans les journaux ou sur les ondes, sur les sites, dans tout espace offert à la parole publique. Des vocables bien réels, d’ailleurs vous les reconnaîtrez. Des mots, comme il en jaillit à longueur de journées, dans des émissions qui se veulent de haut niveau intellectuel, persuadées que l’alignement de ces néologismes augmentera le crédit de leurs chaînes.

     

    Il y a d’abord les sciences sociales. Fourmillement de « chercheurs », dans nos Facultés de Suisse romande, Genève et Lausanne en sont particulièrement prodigues. De puissants savants, surgis tout doit de la médecine au temps de Molière : ils vous parlent, vous ne comprenez rien. C’est votre faute, bien sûr, vous êtes un plouc, vous ne méritez pas ces perles jetées aux pourceaux. Vous souffrez, on vous dit votre mal en latin, on vous honore de tous ces ablatifs absolus, on vous élève, et en plus vous auriez le culot de maugréer, parce que vous peinez à comprendre ! On vous dit qu’il faut déconstruire vos stéréotypes, inverser vos injonctions de genres, vous avez le front de trouver ça abstrait, non mais allô, pour qui vous prenez-vous ?

     

    J’en viens à mes frères et sœurs, les climatistes. Vous savez quelle tendresse je leur voue, ils l’ont méritée. Tenez, avez-vous fait votre bilan carbone, par exemple ? Entre deux transferts modaux, ou reports de charges, au milieu du paradis circulatoire de M. Dal Busco, avez-vous procédé à votre autocritique sur votre rapport à la transition énergétique, à l’économie circulaire, ou au Protocole de Kyoto ? Ce langage si doux, si suave, verlainien dans sa légèreté, êtes-vous bien certain de le maîtriser ? Vous voulez des cours de rattrapage ?

     

    Le dessert, c’est le langage étrange et merveilleux du féminisme. Il est à la clarté ce que le smog de Londres est au ciel de Provence. On commencera par vous balancer du patriarcat, ça va encore. On secouera l’encensoir avec quelques théories du genre, cisgenre, transgenre, on s’élèvera jusqu’aux chapiteaux avec une pincée de féminisme intersectionnel. Vous pensez géométrie, vous sortez vos compas ? Vous avez tout faux ! Ces concepts-là, mon pauvre ami, ne se couchent pas sur du papier. Ils se balancent dans l’air, ils tambourinent dans nos cervelets, et puis très vite, ailés comme les filles de l’air, ils s’évaporent.

     

    Sciences sociales, climat, féminisme. Je n’ai cité que trois exemples. Mais enfin, vous reconnaîtrez qu’ils ont conquis quelque pesante présence, dans notre univers sonore. Il nous reste le choix : nous plier, comme des disciples en obédience. Ou alors, plus simple, plus radical, mais jouissif comme la prime morsure dans le fruit originel : éteindre la radio.

     

    Pascal Décaillet

  • Le Rayon Vert

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.02.21

     

    Sur quelle planète le Conseil d’Etat vit-il ? Sur Sirius, l’étoile blanche d’un autre monde ? Comment peut-il, en pleine crise économique et sociale due aux mesures sanitaires imposées, d’en haut, par les autorités elles-mêmes, venir nous annoncer une augmentation des taxes pour véhicules ?

     

    Comme si les détenteurs de voitures lourdes, ou anciennes, étaient tous des nababs ! Alors que justement, ce sont souvent des usagers à revenus modestes, ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir s’offrir un nouveau véhicule, bien hybride et bien conforme à la doxa Verte, tous les cinq ans ! Avec ce système, on va réjouir les bobos urbains bien douillets, les caresser dans le sens du poil, et on va pénaliser la bonne vieille voiture familiale, à laquelle s’accrochent tous ceux qui ne peuvent pas s’acheter une nouvelle auto. A se laisser irradier par le Rayon Vert, on finit par faire de l’anti-social, grave !

     

    Décidément, le Triste Sextuor qui fait encore figure de gouvernement a perdu tout sens de la mesure, tout ancrage dans les réalités sociales de notre Canton. En matière de Mobilité, il s’est laissé complètement contaminer par l’idéologie des Verts, qui sont pourtant loin d’être majoritaires à Genève. Le ministre, élu dans le camp bourgeois (PDC), s’est totalement rallié à la vision des Verts, au point qu’il l’anticipe dans ses décisions, comme s’il était terrorisé à l’idée de leur déplaire. Nous avons deux Verts au Conseil d’Etat. Et, à partir du 28 mars, peut-être trois. Que du bonheur !

     

    Pascal Décaillet

  • Par pitié, surtout pas des saints !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.02.21

     

    Pourquoi élisons-nous des magistrats exécutifs, ou des députés ? La réponse est simple : pour qu’ils travaillent au service de la communauté, et qu’ils obtiennent des résultats. Les ministres, en donnant l’impulsion gouvernementale. Les parlementaires, en votant des lois utiles (et non superflues), et en contrôlant rigoureusement l’activité de l’exécutif. Nous les élisons pour cela, et pour cela seulement.

     

    Nous ne les élisons pas pour qu’ils « soient » des hommes et des femmes bien, dont on puisse dire : « Quelles qualités, quelles valeurs morales ! », etc. Nous ne les élisons absolument pas, non plus, pour qu’ils « donnent l’exemple » à la population, par un comportement personnel, privé, qui feraient d’eux des modèles de vertu. Pour cela, nous avons des saints, ou apparentés, c’est très bien aussi, mais désolé, ça ne relève pas de l’ordre politique. En clair, nous ne les envoyons pas siéger pour qu’ils « soient », mais pour qu’ils « fassent ».

     

    Juger sur le « faire », plutôt que sur l’être. Tel a toujours été, comme citoyen, mon exigence face aux politiques. Ce que je dis là est diamétralement contraire à tout ce que vous pouvez lire, entendre, partout autour de vous, toute cette pesanteur morale, toutes ces enquêtes insupportables sur la vie privée des élus, comme s’ils devaient être parfaits. Je dis et je pense l’opposé de cette chape de plomb qui s’est invitée à peser sur nos consciences. Cette opposition radicale à la mode du moment, je l’assume.

     

    Je me passionne pour la politique depuis l’enfance. J’avais douze ans et demi à la mort de Charles de Gaulle, mon père m’a offert les Mémoires de Guerre, dans la superbe édition de chez Plon, j’ai immédiatement dévoré l’ouvrage, et en un demi-siècle, j’ai bien dû le relire cent fois. On y découvre un homme au service d’une cause, prêt à tout pour y parvenir, y compris la ruse politique la plus éprouvée. Il ne ruse pas pour lui-même ! Pas pour s’enrichir ! Mais pour atteindre l’intérêt suprême qu’il se fixe : libération du territoire, restauration de la souveraineté, finir la guerre (même sur un strapontin) à la table des vainqueurs. A ce dessein final, qui est de l’ordre d’un destin national, il subordonne tout, y compris la morale. Il fait de la politique comme Richelieu ou Mazarin, avec la part de cynisme que cela implique. Au final, on le lui pardonne. Et cela, pour une seule raison : parce qu’il a réussi. S’il avait échoué, l’Histoire l’aurait laissé sur le chemin.

     

    La politique n’est pas une éthique de la morale, elle est une stratégie de réussite. Il ne s’agit pas « d’être » quelqu’un de bien (c’est même, à mes yeux, totalement hors-sujet), mais d’atteindre des objectifs utiles au bien commun. La Libération de la France, au final, c’est mieux que son Occupation. La souveraineté maintenue d’une nation, c’est mieux que son assujettissement. Peu importe quels hommes, quelles femmes nous ont permis d’atteindre ces buts suprêmes, peu importe qu’ils soient moralement des exemples. La seule chose qui compte, c’est qu’ils aient atteint des objectifs utiles au bien public. Je vous invite donc, fraternellement, à laisser la morale aux moralistes. Et à juger les politiques sur ce qu’ils font, non sur ce qu’ils sont.

     

    Pascal Décaillet