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Commentaires GHI - Page 118

  • L'extase du bitume

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.06.20

     

    Ce qui vient de se passer, à Genève, est tout simplement hallucinant. A peine le confinement prenait-il à peu près fin, avec tout de même des règles de prudence qui continuent de s’imposer, que l’éternelle nuée de manifestants professionnels sortait de ses abris pour envahir les rues. Un jour le cyclisme, un autre l’antiracisme, puis le féminisme : peu importe la cause, pourvu qu’ils retrouvent ce sacré goût du bitume qui leur avait tant manqué depuis la dernière fois !

     

    A croire qu’il existe, à Genève, une petite catégorie des gens, quelques milliers, qui sont à longueur d’années sur les starting-blocks, prêts à gicler à la moindre occasion pour débouler dans la rue. Un mystique de la procession, Fête-Dieu ou Assomption, ne les dépasse pas en ferveur. Car il y a, oui, quelque chose de religieux dans l’éternel recommencement de ce rituel. Avec des slogans en guise de litanies, des couleurs pour la liturgie, des bannières comme les titres des Psaumes, pour que les fidèles s’y retrouvent.

     

    Vous noterez que, depuis 1945 (oh non, je ne prends pas cette date au hasard), c’est la gauche, dans nos pays, qui s’est approprié la rue. Elle en a fait sa chose, son théâtre, son décor, elle y rejoue les mêmes scénarios, le même drame, le même mélange de candeur « bon enfant » et de dérapages. Pendant ce temps, la famille intellectuelle et politique de la droite demeure sur le bas-côté. Elle laisse passer, s’étrangle, piaffe de rage. A quand sa reconquête du bitume ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Rien ne nous oblige à signer l'Armistice !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.06.20

     

    La question est simple : existe-t-il encore, en juin 2020, une droite à Genève et en Suisse ? Cette famille politique, plurielle (il faudrait dire « les droites »), donne l’impression, au niveau genevois comme sur le plan national, de ne plus avoir le moindre ressort pour défendre ses valeurs. Liberté individuelle, sécurité des personnes et des biens, attachement aux valeurs traditionnelles de notre pays, combat pour un État de droit, défense de la souveraineté suisse, de son indépendance. Lutte contre l’étouffement économique et fiscal de la classe moyenne. Tout cela vole en éclats ! On entend bien, ici et là, quelques bribes de voix autour de ces thèmes, mais elles demeurent des cris d’individus, des tentatives sporadiques, fragmentées, sans unité, sans projet ni cohérence d’ensemble. A vrai dire, la droite de ce pays semble en phase démissionnaire. S’apprête-t-elle à demander l’Armistice ?

     

    Ce serait dommage. Car, contrairement aux apparences, faites de bruit et de fureur, d’occupation constante de la rue par la gauche, de tintamarre et de banderoles rouges, le Canton de Genève est à droite ! Et la Suisse est à droite ! Ni la majorité politique du Grand Conseil, ni celle des Chambres fédérales à Berne, ne sont à gauche. Les Verts, par exemple, ont certes marqué des points lors des derniers scrutins, mais ils ne représentent guère plus de 15% de la population, allez disons 20% en étant déjà trop large ! Cela signifie que 80% à 85% de l’électorat, à Genève et en Suisse, ne vote pas Vert !

     

    Alors ? Alors, nous sommes sous l’empire d’une tétanisation des esprits. En matière climatique, en matière de sujets de société, en matière de transports, d’urbanisme, il convient maintenant, même si on n’appartient absolument pas au parti des Verts, de penser comme eux. Sinon, on se sentira comme en ostracisme. En exil intérieur, au milieu d’une marée dominante ! Et c’est là tout le drame : trop peu de politiques, hélas, osent la solitude. Il faut se fondre dans un moule, c’est tellement plus confortable. Et c’est d’autant plus commode que toute la politique suisse fonctionne sur les principes du grégaire : un parti est une paroisse, une église, une chapelle de pensée, avec un ou deux grands-prêtres, et surtout la masse des fidèles. Dans ce cocon de cooptation, on fait son nid, on éclot, on grandit, toujours dans le groupe ! Dès lors, pourquoi se singulariser ? Pourquoi risquer la rupture, l’isolement ? Pourquoi se mettre en marge ? Pourquoi se coltiner des nuits d’insomnie, avec des maux de ventre ? Le conformisme de pensée (par exemple, s’aligner sur la doxa des Verts, parce qu’elle est à la mode), c’est tellement plus douillet !

     

    A toutes ces démissions, pour ma part, je dis non. Je suis un homme seul. Un homme libre. Je n’appartiens à aucun groupe. Nul ne peut me dicter ma pensée. Et si j’ai des choses à dire, je le fais. Par exemple, dans ce journal. Dont j’apprécie le combat pour la liberté des idées. Excellente semaine à tous ! C’est le 80ème anniversaire de la capitulation française, le 22 juin 1940 à Rethondes. Mais nous, rien ne nous oblige à signer l’Armistice !

     

    Pascal Décaillet

  • Serge Dal Busco, le diviseur

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.06.2

     

    La guerre des transports fait rage à Genève. Elle n’est pas revenue toute seule, ni par la grâce du Ciel, mais par l’œuvre d’un homme, un seul, qui devra un jour en assumer toute la responsabilité : Serge Dal Busco. C’est lui, le ministre en charge de la Mobilité, qui a déterré la hache de guerre, lui qui a fait peinturlurer de nuit, en catimini, les rues de Genève, lui qui a récidivé dans ces rondes de nuit à faire pâlir Rembrandt, lui qui réveille la foudre. Du coup, Genève est divisée en deux camps : les cyclistes, les automobilistes. Alors que chacun de nous, alternativement, peut être l’un ou l’autre, le ministre lui-même, par maladresse, par inconscience ou par intelligence programmée avec un camp, a relancé le vieil apartheid des pires heures, celles des deux derniers ministres de gauche à son poste. M. Barthassat, quoi qu’on puisse penser de lui par ailleurs, a plutôt fait figure, dans cette triste séquence, de personnage conciliant et pragmatique. Sous son règne, en tout cas, Genève roulait. C’était entre 2013 et 2018. C’était il y a mille ans.

     

    Serge Dal Busco est un homme de grande valeur. Il a parfaitement sa place au Conseil d’Etat, où le peuple l’a porté, cela n’est pas en cause. Il a le sens de l’Etat, roule pour l’intérêt public. Le seul problème, c’est que nous, nous ne roulons pas ! M. Dal Busco est un homme honnête, chaleureux, sympathique. Mais pourquoi cacher les choses ? Son passage à la Mobilité est un échec. Non parce qu’il peinturlure à gauche plutôt qu’à droite, avec telle largeur pour les bandes cyclables plutôt que telle autre, dans telle rue, de tout cela on peut naturellement discuter, et nous affirmons ici que les cyclistes doivent pouvoir circuler aisément, en toute sécurité. Non, l’échec vient de deux causes. D’abord, tel un héros des romans d’espionnage de John le Carré, il est littéralement passé à l’Est, avec armes et bagages, quittant le camp de son électorat pour accomplir la politique des Verts et des partisans de la « mobilité douce ». On notera là, pour demeurer dans de convenables normes de langage, un certain sens de « l’adaptation » qui, à Genève, en choque plus d’un.

     

    Ensuite, ce comportement porte un sens. Il dessine une personnalité qui, malgré ses qualités et sa sincérité à réaliser le bien public, s’adapte un peu trop facilement au vent du pouvoir en place. Les Verts ont marqué des points ? Fort bien, M. Dal Busco surabonde dans leur sens ! Donc, il s’attelle aux forces dominantes du moment. Demain, ne s’agripperait-il, tout autant, à d’autres ? Ce trait de caractère, hélas, est de nature à atténuer la bienveillance initiale de notre jugement sur son action politique. Dans ces conditions, l’homme étant selon nous à sa place au gouvernement mais pas à la Mobilité, il ne nous apparaîtrait pas inutile qu’un remaniement, au sein du collège, décharge M. Dal Busco de ce dossier – ou tout au moins de la seule gestion de ces questions. Cela, non pour nous faire plaisir. Ni pour faire triompher un camp contre un autre, surtout pas. Mais pour rétablir, à Genève, la paix des braves. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet