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Commentaires GHI - Page 122

  • Pompier-pyromane

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.10.20

     

    Je ne me prononce pas ici sur l’opportunité sanitaire, mais désolé, une chose est sûre : nos politiques, à Genève et au niveau fédéral, sont en train, depuis ce printemps, de foutre par terre notre économie. Le grand sabordage, organisé non par un pays ennemi, ni par une Cinquième Colonne. Non, juste par le pouvoir, en place ici et maintenant !

    A Genève, on a rendu la vie impossible aux bistrots. On a multiplié les consignes pour les restaurants. On a fermé des bars. On a intimé au monde de la nuit l’ordre de tout arrêter, en quelques heures. Ces gens-là, ce sont de petits entrepreneurs, ils ont pris des risques, engagé des gens, vécu la folle aventure de l’entreprise privée, et les voilà sur le carreau.

    Des politiques qui, sous un prétexte que je ne juge pas, sapent eux-mêmes l’économie du pays, ou du canton, dont ils ont la responsabilité : c’est quand même, dans l’Histoire humaine, une sacrée première, vous en conviendrez !

    Peut-être l’ont-ils fait pour de bonnes raisons. Et puis, peut-être pas. L’Histoire jugera. Mais ce sacré virus aura réussi l’exploit de transformer l’Etat en pompier-pyromane : un ministre ferme des entreprises où les gens ne demandent qu’à bosser ; son collègue arrive avec la pharmacie de secours, et les « aides à l’économie ». Ce modèle de gouvernance, justifié ou non par l’impératif sanitaire, restera dans l’Histoire comme l’un des plus surréalistes que Genève et la Suisse aient connus.

     

    Pascal Décaillet

  • Rentes AVS : même pas l'aumône !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.10.20

     

    Dix francs par mois d’augmentation de la rente minimum AVS en 2021, vingt francs pour la rente maximum. Cette nouvelle, tombée mercredi 14 octobre, alors que tous les regards, toutes les attentions sont fixés sur l’obsession sanitaire, est l’un des pires scandales, en Suisse, de l’année 2020. Il ne faut pas venir nous parler de chiffres, ni de courbes, ni d’indexations. Il ne faut pas venir nous enfumer avec des histoires de diagrammes. Nous parlons d’hommes et de femmes. Nous parlons de nos pères et de nos mères. Nous parlons de nos frères ou sœurs aînés. Nous parlons de nos grands-parents. Nous parlons de citoyennes ou citoyens qui ont travaillé toute leur vie.

     

    Beaucoup d’entre eux ont eu des enfants, les ont élevés, leur ont tracé le chemin. Aujourd’hui, les forces en eux n’ont plus la vigueur d’antan. Mais ils sont toujours là, humains parmi les humains, naufragés de la mémoire, témoins de notre Histoire commune. 40 ans, 45 ans de vie professionnelle, donc de travail au service du pays, de sa prospérité. Et là, au milieu d’un renchérissement général de la vie, avec des primes maladie qui ne cessent de grimper, des classes moyennes étouffées par les taxes et les impôts, ces dix misérables francs ! Ça n’est même pas un pourboire ! Même pas l’aumône ! C’est au-delà du dégueulasse, et je pèse mes mots.

     

    Comment la Suisse en est-elle arrivée là ? Comment ce pays sublime, celui du respect et de la reconnaissance, celui de la main tendue à ce qui diffère, celui des grands principes de mutualité, de solidarité de 1848, celui de la grande aventure de l’AVS dans les années 1947/48, peut-il être devenu le pays de l’oubli des Anciens ? Il y a là quelque chose de terrible, comme si l’ingratitude était la fille perdue de l’amnésie : je ne te reconnais pas, frère humain, sœur humaine, parce que j’ai moi-même perdu toute mémoire, tout repère, tout ancrage dans la durée, dans la chaîne de l’Histoire. Je ne te reconnais pas, parce que je ne suis plus capable de me reconnaître moi-même, dans ma fonction d’humain, mes priorités de citoyen. Alors, je ne reconnais plus rien. Ma vie est un marécage, mon horizon est un brouillard.

     

    Être citoyenne, être citoyen, c’est vouloir des repères. Il faut aussi des lois écrites, c’est cela la civilisation. Se passionner pour la politique, c’est dessiner des priorités. On aurait pu imaginer que le sort des personnes âgées sans trop de ressources, ou celui de nos jeunes sans emploi, ou celui des 192 apprentis au chômage à Genève, ou celui des plus faibles, des plus fragiles, fussent placés au sommet de la hiérarchie de l’urgence. La décision des dix francs vient fouetter cet espoir comme bise d’hiver, glacée. Cette décision, nous ne pouvons pas l’accepter. Le régime des retraites en Suisse, révolutionnaire en 1948, plein de vigueur et de santé dans les années Tschudi, cet exceptionnel conseiller fédéral socialiste de Bâle, qui fit à lui seul trois réformes de l’AVS, est aujourd’hui à bout de souffle. A nous d’en inventer un autre. C’est une tâche prioritaire, au nom du pays.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Vivre, bon sang !

     

    Commentaire publié dans GHI - 14.10.20

     

    Pour relancer Genève, il faut rétablir, un peu partout, un certain sens des priorités. C’est valable pour les politiques. Mais aussi, pour les médias. Et au fond, pour toute citoyenne, tout citoyen, ambitionnant de s’exprimer dans l’espace public. A cet égard, une certaine hiérarchie des sujets s’impose.

     

    Ainsi, avoir le sens de ce qui préoccupe vraiment le grand nombre. Je parle beaucoup de cela, ces temps, ça n’est pas par plaisir, mais les gens, autour de moi, sont vraiment inquiets. L’économie, d’un coup, a cessé d’être une science de courbes sur des tableaux noirs, dans des Universités. Elle devient l’essentiel, la vérité des choses : ce qui nous touche, nous crée des insomnies, nous donne des ulcères. Parce que rien n’est gagné, et que la prospérité des dernières années, fondée sur beaucoup de spéculation et d’argent facile, n’était qu’une façade.

     

    Alors oui, parlons-en, de l’économie ! Et ça tombe bien : c’est passionnant. Ça nous concerne. Ça nous travaille. Ça nous oblige à nous remettre en question. Considérer autrement l’argent. Vivre plus simplement. Aller à l’essentiel.

     

    L’essentiel, c’est quoi ? Mais vivre, bon sang ! Vivre en plénitude. Soigner son alimentation. Demeurer ouvert, avec son cœur, son cerveau, ses antennes, sa curiosité. Laisser une place à l’autre. Mais pour tout cela, il faut avoir le minimum. Au-dessous d’un certain seuil, on ne pense plus qu’à survivre. Et cela, dans la société genevoise de 2020, n’est simplement pas acceptable.

     

    Pascal Décaillet