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Commentaires GHI - Page 123

  • Genève a besoin d'un cabinet de guerre !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.10.20

     

    Pourquoi se cacher la face, craindre d’utiliser les mots justes ? Genève est en crise économique, et nous n’en sommes peut-être qu’au début. Suite à la crise sanitaire de ce printemps, qui continue d’ailleurs de battre son plein, des secteurs entiers de notre économie cantonale s’effondrent : l’hôtellerie, la restauration, le tourisme, le petit commerce, l’artisanat, pour ne prendre que quelques exemples. Les effets induits sont dévastateurs : les fournisseurs d’un commerçant en faillite sont affaiblis, les familles se paupérisent, le pouvoir d’achat général, principalement celui des classes moyennes, est en chute libre. Surtout, la confiance, la prévisibilité, ne sont plus au rendez-vous. Nul ne sait de quoi demain sera fait. La peur s’installe. Jeunes sans emploi, seniors guettant avec anxiété l’arrivée de la retraite, rentiers AVS n’arrivant tout simplement pas à tourner.

     

    Dans ces conditions, pour relever notre économie, il ne s’agit plus de se contenter de la bonne vieille politique pépère, au jour le jour. Mais de faire la guerre. Il faut, au plus haut niveau de notre Canton, une énergie indomptable, des ambitions parfaitement claires, exposées au grand public, soutenues par un effort de tous les instants. En termes de gouvernement, cela s’appelle un cabinet de guerre. Il n’est absolument plus pensable, dans la situation où nous allons nous trouver, de continuer avec un improbable septuor, fruit du hasard des urnes, dont les dissensions internes sont connues loin à la ronde. Et en plus, avec un vilain petit canard, mis à l’écart par ses six charmants collègues.

     

    Surtout, Genève ne peut pas se permettre d’affronter la tempête avec, à sa tête, un gouvernement constitué de sept Départements parfaitement cloisonnés, dirigés comme des silos par sept chefs, sans souci de l’ensemble. Un Conseiller d’Etat n’est pas seulement le patron d’une administration. Il est, avant tout, membre d’un collège indivisible, dont il doit être solidaire. Face à la crise, l’idéal serait que les sept s’occupent d’économie ! Chacun d’entre eux ayant des objectifs précis, mesurables, à atteindre. Au final, le collège entier gagnerait – ou perdrait – son pari de redressement. Dans le premier cas, tant mieux. Dans le second, il devrait, comme partout ailleurs dans le monde, en tirer les conséquences. Et laisser sa chance à une autre équipe.

     

    Nous ne sommes pas encore, certes, en 1929. Ni dans les Raisins de la colère, de Steinbeck. Ni dans l’Allemagne des années vingt, avec les brouettes de billets de banque, ne valant plus rien, pour payer son épicier. Nous n’en sommes pas là, mais la crise est sérieuse. La prospérité de notre pays est beaucoup plus récente qu’on ne le croit. J’entends encore mon père me raconter le Valais des années vingt, et trente. Nous devons tous nous battre. Nous avons besoin d’un gouvernement clair et fort, unitaire dans sa doctrine. Genève a besoin d’un cabinet de guerre.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • L'économie, voilà l'urgence no 1 !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.10.20

     

    D’ordinaire, on se plaint de la vue trop courte des politiques. On leur reproche de ne pas voir à long terme, ne se soucier que de l’immédiat, n’avoir aucun projet d’ensemble, ne songer qu’à leur réélection. On brandit des contre-figures : de Gaulle, Mendès France, Willy Brandt, Bismarck. Fort bien. Mais le problème, c’est que juste maintenant, début octobre 2020, c’est exactement le contraire qui se produit ! La mode absolue, celle qui régente les consciences, obnubile le candidat comme l’élu, c’est le climat. Presque tous les partis ont piraté les priorités des Verts, s’imaginant qu’en surfant sur la vague, ils récolteraient des voix. Presque tous nous entonnent la chansonnette du climat. Presque tous ont repris, tels des perroquets, la petite musique des Verts, et jusqu’à leur ineffable terminologie : transfert modal, mobilité douce, transition énergétique, etc. S’il est une bataille que les Verts ont provisoirement gagnée, c’est bien celle du langage. Les plus redoutables ministres de la propagande le savent : dicter le choix des mots est une étape capitale dans la conquête des âmes.

     

    Tout cela est bien joli. Bien gentil. Aimablement pétri de nobles intentions. Mais enfin, vous regardez, de temps en temps, autour de vous ? Vous les avez vues, les queues, pour obtenir un cabas de nourriture d’une vingtaine de francs ? Vous les voyez, les entreprises qui suppriment des postes, licencient ? Les visages de certains, dans la rue, dans les trams ? Vous les lisez, au moins un peu, les pages économiques des journaux : indicateurs au rouge, perte générale de confiance, navigation à vue, règne de l’imprévisible, colère contre les ukases sanitaires les plus contradictoires, rage contre l’arbitraire, plongée du pouvoir d’achat des classes moyennes ? Désolé de refroidir ici les ardeurs climatiques tellement à la mode, désolé de décevoir tous ces ardents regards portés vers le très long terme, l’horizon théologique, l’Apocalypse. Désolé, oui, mais j’appelle de toute urgence la classe politique à recentrer ses préoccupations sur le hic et le nunc des Latins, les cris de douleur d’ici et de maintenant. Que la société suisse s’occupe en priorité des siens, les Suisses. Que la société genevoise s’occupe des résidents genevois. Priorité aux nôtres ! Nous devons sauver notre économie, nos PME, nos petits patrons et leurs employés. Nous devons sauver l’emploi. Tout cela, non pour l’horizon 2050, mais pour ici et maintenant ! Noël, c’est dans deux mois et demi !

     

    Petit entrepreneur, accroché à mon boulot, qui est certes passionnant, je rencontre tous les jours des petits patrons. Je reçois sans cesse leurs représentants dans mes émissions. Leurs inquiétudes, croyez-moi, sont gigantesques. Lorsque le régime du chômage technique aura passé, que va-t-il se passer à Genève ? Qui va survivre ? Voilà, en absolue priorité, les questions que doivent se poser nos politiques. Et ils doivent trouver d’urgentes réponses ! Quitte à mettre au frigo la si brûlante chansonnette du réchauffement.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Vous délirez, Monsieur le sociologue !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.09.20

     

    Et si les Suisses suivaient des cours d’intégration ? Pour s’adapter à quoi ? Réponse : à « l’hyperdiversité » qui règne dans leur pays ! Cette proposition hallucinante nous vient d’un sociologue, et déchaîne à juste titre la polémique en Suisse alémanique. L’occasion, ici, de mettre quelques points sur quelques « i ».

     

    La Suisse est un pays ouvert. Nous sommes un peuple simple et paisible, nous nous passionnons pour les pays et les cultures du monde, nous parlons trois des principales langues continentales (français, allemand, italien), et la quatrième, le romanche, attire l’intérêt des linguistes du monde entier. Nous n’avons, sur les pays qui nous entourent, aucune espèce de tentation dominatrice. Nous n’avons pas de passé colonial. Nous avons une diplomatie ouverte au monde, et sommes respectés pour notre neutralité. Je me suis rendu plusieurs fois, pour des reportages, au Proche-Orient : les peuples antagonistes de cette région du monde m’ont toujours dit qu’ils appréciaient la présence suisse, la capacité d’intermédiaire de notre pays.

     

    Et puis, la Suisse accueille beaucoup d’étrangers. La plupart viennent s’installer chez nous pour des raisons économiques. Nos compatriotes ne sont, dans leur écrasante majorité, ni xénophobes, ni racistes. Prétendre le contraire, pour nourrir telle mode de pensée, embrasée par telle flambée planétaire, jaillie du mimétisme des réseaux sociaux, c’est mentir. Et ce mensonge-là, à l’encontre du pays ouvert et tolérant qui est le nôtre, est immonde.

     

    Seulement voilà. Les Suisses, désolé Monsieur le sociologue, ne vont pas, croyez-moi, se mettre à suivre à des « cours d’intégration » pour mieux saisir « l’hyperdiversité » de leur propre pays. Cela, pour une raison simple : les citoyennes et citoyens de ce pays, hommes et femmes mûrs, adultes, libres et responsables, n’ont pas à « s’intégrer » au sein même de leur patrie ! Proposer cela, comme vous le faites, c’est renverser éhontément le fardeau de la tâche d’assimilation aux mœurs et coutumes. Ce devoir n’échoit pas aux Suisses, mais aux immigrés. Inverser les pôles, comme vous l’entreprenez, c’est mettre la République la tête en bas, nous placer aux antipodes, refuser les lois de Newton sur la pesanteur.

     

    Il appartient aux nouveaux arrivés, Monsieur le sociologue, de prouver, comme dans n’importe quel club, leur aptitude à l’intégration. D’abord, par l’apprentissage de l’une de nos langues. Par un respect absolu de nos lois. Par une participation active à notre vie commune. A partir de là, quelle que soit la couleur de leur peau, leur religion, leurs origines, tout s’efface devant leur intégration dans notre espace républicain. A partir de là, nous les saluons comme des nôtres. Car ils auront fait l’essentiel : la preuve par l’acte. Mais ce chemin, magnifique, Monsieur le sociologue, c’est à eux de le faire. D’ailleurs, l’immense majorité d’entre eux en sont demandeurs. Ils savent très bien qu’il existe un rite initiatique pour s’intégrer dans une communauté. Ils se réjouissent de l’accomplir. Alors, de grâce, Monsieur le sociologue, ne venez pas tout inverser. Ne venez pas tout casser.

     

    Pascal Décaillet