Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.08.25
Libérer son esprit, c’est commencer par se tourner vers les langues du monde. La place occupée par l’anglais, en Suisse et notamment à Genève, est tout simplement hallucinante. Elle ne surgit pas du hasard, elle est le produit d’un système hégémonique mondial, qui impose une langue pour survivre économiquement. Nous sommes, linguistiquement, les vassaux du monde anglo-saxon.
La langue n’est pas neutre. Elle est matrice de pensée, de vision du monde. Nous, Suisses, pays justement polyglotte parlant quatre merveilleuses langues de notre continent européen, avons mieux à faire que nous aligner comme de petits soldats sur la langue anglaise. Parlons déjà nos langues nationales, le français, l’allemand, l’italien, et pourquoi pas le romanche ! Tournons-nous vers le grec ancien, puis moderne, vers l’arabe, le copte, le russe, le persan. Soyons ouverts. Soyons fous. Ouvrons-nous aux langues du monde !
N'attendons pas d’une langue qu’elle soit seulement un sésame pour commercer. Une langue charrie autres choses que cet utilitarisme, imposé par un impérialisme économique et commercial. Elle charrie une musique, du désir, des rêves, des représentations du monde. Lisez les Romantiques allemands, dans le texte, vous commencerez à saisir le réveil germanique il y a deux siècles. Lisez, en italien, les poèmes de Pasolini. Ouvrons-nous. Ouvrons nos yeux. Ouvrons nos oreilles. Ouvrons nos âmes !
Pascal Décaillet