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Genève ou le Valais ? Les deux, Mon Général !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.06.21

 

Il nous faut penser, chacun de nous, à la chance infinie que nous avons d’habiter Genève. Je parle ici de la Ville, principalement, mais cela s’applique tout autant aux quarante-quatre autres communes de notre magnifique campagne. Je suis un homme de la Ville. J’y suis né. J’y ai passé la plus longue période de ma vie, à part seize ans à Lancy (Commune à laquelle je reste attaché), plusieurs années à Berne (comme correspondant RSR au Palais fédéral), et d’innombrables séjours en Allemagne. C’est peu dire que j’aime Genève. Je l’aime autant que mon Valais d’origine, auquel me rattachent, sur des siècles, toutes mes souches familiales, Orsières par ma mère, Salvan par mon père. Ces deux identités, celle de Genève et celle du Valais, loin de se combattre, s’ajoutent l’une à l’autre. Elles se conjuguent, se mélangent, s’enrichissent mutuellement, dans l’amour partagé du destin du Rhône, et celui de la Suisse.

 

L’amour de Genève, comme celui du Valais, procède d’abord d’une intense émotion physique. Il ne faut pas sous-estimer les paysages, ils veillent sur nos rêves, dépassent nos vies, nous renvoient à nos jeunesses, nos parents, nos amis d’antan. Ils configurent une certaine manière de voir le monde. Mes deux parents avaient grandi dans des villages de montagne, Orsières d’un côté, sur la route des Italies ; le Châtelard de l’autre, juste sur la frontière française. Le Rhône, encore et toujours, ici par la Dranse d’Entremont, là par l’Eau Noire, puis le Trient qui se glisse dans les gorges, et rejoint le « grand fleuve », en route pour les Camargues. Genève, c’est le lac, la résurgence du fil rhodanien, et puis l’intimité, oui maternelle, de ce triangle formé par les Voirons, le Salève, le Jura. La percée sur le Mont-Blanc, le Môle, parfois l’Aiguille Verte, nous rappelle la souveraine proximité des Alpes. Figures protectrices, tutélaires, Olympes qui se jouent du sentiment de proximité, un jour elles apparaissent, le lendemain se cachent. Ainsi, de l’absence à la présence, se jouent les filiations. Ainsi, dans l’Odyssée, le jeu des dieux, pour aider ou pour contrer, régner dans l’ordre de l’invisible, parfois poindre sous les traits d’un mortel.

 

Alors oui, Valaisan de Genève, ou Genevois d’origine valaisanne, peu importe. Il y a la part commune, souvent impétueuse, combative, parfois impitoyable dans l’acte de guerre. Il y a l’apparente césure entre ville et campagne, plaine et montagne. Et puis, comme chez tout humain, et comme dans le fil d’un fleuve, il y a la continuité d’un destin. Quelque part, sur le chemin de vie des eaux, entre Gletsch et Port-Saint-Louis-du-Rhône, ou les Saintes-Maries, il y a cette ville, Genève, d’intense caractère et d’intelligences mêlées. C’est cela que j’aime, la trace des humanistes, la Réforme, le souvenir de Jean-Jacques Rousseau, les artistes, les musiciens, l’ouverture au monde, la vie qui passe, la vie qui va. Vers quel destin ?

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

 

 

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