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Commentaires GHI - Page 96

  • Courage et clarté, voilà ce qui nous manque !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.11.21

     

    La parole publique a besoin de courage. Elle doit ressembler à ces montagnes claires, qui se dessinent dans l’horizon crépusculaire d’un soir d’été. Les lignes, nettes et tracées. Les couleurs, superposées. Les détails du relief, parfaitement visibles, même de très loin. L’impression, de la vallée d’en face, d’épouser en son for ce versant opposé qui nous livre ainsi la radiographie de son être : le soleil décline, la précision s’amplifie, jusqu’à ce point de bascule où commence la nuit. La parole politique, ça doit être cela, et non le marécage. Car le Marais n’est bon qu’à dissoudre les âmes. Il mêle. Il liquéfie. Il envoute de nimbes. Il distille le brouillard. Notre vie publique, en Suisse, mérite d’autres tons que ce galimatias. Elle a besoin, comme partout en Europe, de clarté, d’engagement, de mise en péril du confort de celui qui parle. Manier le verbe, c’est prendre un risque. Celui de déplaire. S’isoler du corps social. S’exposer à la vindicte. C’est cela, le combat des idées. Dans une arène de lumière, plutôt que dans les Fossés de Caylus. C’est dans le Bossu, de Paul Féval, un roman magnifique pour enfants et familles.

     

    Notre vie politique suisse a besoin de clarté. Partagez-vous, ou non, la liturgie d’Apocalypse des Verts, et leur terminologie, sur « l’urgence climatique » ? Acceptez-vous l’invasion du débat public par les sujets « de société », cette obsession qui veut tout ramener aux questions de genre, ou de couleur de la peau ? Etes-vous favorables à l’étranglement fiscal des classes moyennes sur le revenu de leur travail ? Trouvez-vous normal que la Suisse contrôle aussi peu ses flux migratoires, alors qu’elle en a reçu mandat, par le peuple et les Cantons, le dimanche 9 février 2014 ? A Genève, êtes-vous satisfait de la masse des flux transfrontaliers quotidiens, sur la Ville et le Canton ? La politique européenne du Conseil fédéral vous remplit-elle d’allégresse ? Est-elle, selon vous, de nature à défendre la souveraineté, l’indépendance, la dignité de notre pays, dans le concert des nations ? A ces questions, je vous demande d’apporter, dans le sens qu’il vous plaira, des réponses claires. Laissons la langue de bois aux apeurés du verbe.

     

    A ce stade, il y a toujours un petit malin, ou un lamentable pendard (ce sont souvent les mêmes), pour m’opposer que la Suisse est le pays du compromis. Je veux bien. Mais la position de concession réciproque doit provenir d’un choc d’antagonismes, et non être proclamée au départ. En clair, on commence par ferrailler, après on discute. La politique a besoin de guerriers, beaucoup plus que de négociateurs. On conquiert les positions, et puis on regarde. Et le verbe, on l’aiguise. Et l’argument, on l’affûte. Et l’adversaire, on le combat. Pour les conciliabules, s’il en faut, on trouvera bien quelques négociateurs, pour se faufiler discrètement vers la Forêt de Compiègne. Ces gens-là, il en faut. Ils n’’écrivent pas l’Histoire. Ils se contentent de parapher les abandons.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Genève est à gauche !

     

    Commentaire publié dans GHI - 17.11.21

     

    Il faut être très clair : Genève est désormais à gauche. Elle l’est jusqu’au printemps 2023, fin de législature, voire au-delà, si la droite ne parvient pas à renverser la vapeur aux prochaines élections.

     

    A gauche, au gouvernement. Depuis l’élection complémentaire de ce printemps : deux socialistes, deux Verts, c’est déjà une majorité claire. Sans compter un magistrat PDC qui a aligné sa politique de mobilité sur la doxa Verte. Au Conseil d’Etat, l’affaire est donc classée. Et le déficit ! Et la dette ! Et six milliards pour la « transition écologique » ! Que du bonheur.

     

    Mais Genève, ne nous y trompons pas, est aussi, de facto, à gauche dans les rangs du Grand Conseil. Oh certes, la majorité élue en 2018 est clairement à droite. Mais les choses n’ont cessé de glisser, pendant la législature : si l’UDC et le PLR sont droits dans leurs bottes, comme en face d’eux la gauche, le PDC et le MCG en revanche ne cessent de fluctuer. Aucune ligne claire. Des alliances opportunistes, en fonction d’intérêts à court terme. Une jouissance très « Quatrième République » à s’ériger en arbitres des majorités, ces partis-charnières dont tout dépend. Dans le microcosme parlementaire, c’est sans doute très vivifiant. Mais il n’est pas sûr que l’intérêt supérieur du Canton en sorte gagnant.

     

    Le gagnant ? C’est la gauche ! Elle soutient ses ministres, le doigt sur la couture des pantalons. Elle profite des trahisons dans l’autre camp. Elle se frotte les mains. Et peut préparer sereinement les élections de 2023.

     

    Pascal Décaillet

  • Les Gueux sont devenus les suppôts du pouvoir

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.11.21

     

    C’est toujours comme ça, avec les mouvements populaires, ou populistes si ça vous plaît de les appeler ainsi : ils émergent, enflamment la République, atteignent des sommets, foutent une trouille d’enfer aux notables, ou aux patriciens fatigués, enfin à tous ceux qui ont pignon sur rue. Et puis, avec le temps, comme dans la sublime chanson de Ferré, va, tout s’en va. Elus au Parlement, ils participent au pouvoir, commencent à avoir leur lot dans les postes et prébendes, goûtent au statut d’officiels, se prennent au sérieux, se disent qu’eux aussi sont des notables, pourquoi pas des notaires, comme dans un autre chef d’œuvre, « Les Bourgeois », de Brel. Alors, ventripotents, ils appellent le Commissaire pour dénoncer les jeunes crétins qui font du chambard, en pleine nuit, sous leurs fenêtres.

     

    Ainsi, le MCG. Ce parti, né des effets pervers de la libre circulation des personnes, mais aussi d’une légitime révolte populaire contre la Genève de la barbichette, celle des libéraux principalement, mais aussi des apparatchiks socialistes, ou Verts, celle des tranquilles PDC, amateurs d’éternité, celle des radicaux logés aux enseignes de lumière, ce mouvement, cette fronde, cette jacquerie, a fait un bien fou à la République de Genève. Ces Gueux, méprisés à leur arrivée, ont secoué le cocotier, balancé la marmite, incendié la sérénité des consciences, plongé le doigt là où ça fait vraiment mal. Boulangistes après l’heure, poujadistes réincarnés, ils ont remué Genève, lui ont signalé de vrais problèmes que toute l’officialité feignait d’ignorer. Ils ont été des lanceurs d’alertes. Oui, le MCG fut salutaire, en ces premières années du troisième millénaire.

     

    En novembre 2021, que reste-t-il de tout cela, dites-le-moi, et là c’est notre troisième chanson, celle de Trenet. Que reste de tous ces Gueux ? Que reste-t-il de leurs folies, leurs manières de mauvais garçons, leurs verres d’eau jetés en plein visage ? Que reste-t-il de leurs imprécations, leurs mauvaises manières, leurs cris de cour d’école ? Que reste-t-il du temps d’Éric Stauffer, funambule de feu sur le fil des limites ? Que reste-t-il de ce temps des colères, sonores certes, mais tellement utiles au réveil de la République ? Le préférence cantonale, slogan méprisé en 2005, et même encore en 2009, par toute l’officialité suave du Canton, est maintenant inscrite dans les consciences. Rien que pour cela, cette prise en compte du périmètre de la communauté d’appartenance, ce parti méritait d’éclore. Hélas, aujourd’hui, le voilà devenu plus sage, plus convenable, plus gouvernemental que les plus ennuyeux des caciques PDC, avec barbichette et costume trois-pièces, dans la plus huppée des Communes. C’est dommage. A force de rentrer dans le rang, on se fond dans la masse, et puis, doucement, on disparaît. Ainsi mourut Vigilance. Ainsi furent submergés les boulangistes. Ainsi périssent les ennemis de la transgression. Ceux qui lui ont préféré le confort.

     

    Pascal Décaillet