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Courage et clarté, voilà ce qui nous manque !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.11.21

 

La parole publique a besoin de courage. Elle doit ressembler à ces montagnes claires, qui se dessinent dans l’horizon crépusculaire d’un soir d’été. Les lignes, nettes et tracées. Les couleurs, superposées. Les détails du relief, parfaitement visibles, même de très loin. L’impression, de la vallée d’en face, d’épouser en son for ce versant opposé qui nous livre ainsi la radiographie de son être : le soleil décline, la précision s’amplifie, jusqu’à ce point de bascule où commence la nuit. La parole politique, ça doit être cela, et non le marécage. Car le Marais n’est bon qu’à dissoudre les âmes. Il mêle. Il liquéfie. Il envoute de nimbes. Il distille le brouillard. Notre vie publique, en Suisse, mérite d’autres tons que ce galimatias. Elle a besoin, comme partout en Europe, de clarté, d’engagement, de mise en péril du confort de celui qui parle. Manier le verbe, c’est prendre un risque. Celui de déplaire. S’isoler du corps social. S’exposer à la vindicte. C’est cela, le combat des idées. Dans une arène de lumière, plutôt que dans les Fossés de Caylus. C’est dans le Bossu, de Paul Féval, un roman magnifique pour enfants et familles.

 

Notre vie politique suisse a besoin de clarté. Partagez-vous, ou non, la liturgie d’Apocalypse des Verts, et leur terminologie, sur « l’urgence climatique » ? Acceptez-vous l’invasion du débat public par les sujets « de société », cette obsession qui veut tout ramener aux questions de genre, ou de couleur de la peau ? Etes-vous favorables à l’étranglement fiscal des classes moyennes sur le revenu de leur travail ? Trouvez-vous normal que la Suisse contrôle aussi peu ses flux migratoires, alors qu’elle en a reçu mandat, par le peuple et les Cantons, le dimanche 9 février 2014 ? A Genève, êtes-vous satisfait de la masse des flux transfrontaliers quotidiens, sur la Ville et le Canton ? La politique européenne du Conseil fédéral vous remplit-elle d’allégresse ? Est-elle, selon vous, de nature à défendre la souveraineté, l’indépendance, la dignité de notre pays, dans le concert des nations ? A ces questions, je vous demande d’apporter, dans le sens qu’il vous plaira, des réponses claires. Laissons la langue de bois aux apeurés du verbe.

 

A ce stade, il y a toujours un petit malin, ou un lamentable pendard (ce sont souvent les mêmes), pour m’opposer que la Suisse est le pays du compromis. Je veux bien. Mais la position de concession réciproque doit provenir d’un choc d’antagonismes, et non être proclamée au départ. En clair, on commence par ferrailler, après on discute. La politique a besoin de guerriers, beaucoup plus que de négociateurs. On conquiert les positions, et puis on regarde. Et le verbe, on l’aiguise. Et l’argument, on l’affûte. Et l’adversaire, on le combat. Pour les conciliabules, s’il en faut, on trouvera bien quelques négociateurs, pour se faufiler discrètement vers la Forêt de Compiègne. Ces gens-là, il en faut. Ils n’’écrivent pas l’Histoire. Ils se contentent de parapher les abandons.

 

Pascal Décaillet

 

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