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Commentaires GHI - Page 95

  • Villes suisses : un peu d'autocritique, SVP !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.08.21

     

    Marco Chiesa, président de l’UDC suisse, aurait commis un crime de sang, les réactions n’eussent pas été plus courroucées. Certes, le Tessinois avait mal choisi sa date : le discours du 1er Août a plutôt comme fonction d’appeler à l’unité nationale que de fragmenter les Suisses, par exemple entre villes et campagnes. Allons-y donc pour la faute de goût. Mais de là à déverser sur lui toutes foudres du ciel ! La pléthore des réactions, leur violence, confinant parfois à l’insulte, sont plutôt de nature à prouver que l’homme avait raison : les Villes suisses, principalement les municipalités de gauche dans des communes d’une certaine importance, brillent par leur clientélisme, leur voracité financière, leur inaptitude totale à l’autocritique. Non seulement la Ville de Genève en fait partie, mais elle détient la palme. Triste record.

     

    Clientélisme. En matière culturelle, et cela depuis trente ans, bien avant Sami Kanaan, qui n’est pas spécialement en cause, et qui aurait même plutôt tendance à vouloir rétablir une certaine rigueur. Clientélisme en matière sociale. En matière d’associations, estimant le plus naturel du monde de voir renouveler tous les ans, au moment du budget, leur petite enveloppe de subsides. Il n’y a là rien d’illégal, rien de condamnable sur le plan juridique, tout au plus le ronron de petites habitudes. C’est ainsi, en soignant savamment ses électeurs, que la gauche se maintient depuis des décennies en Ville de Genève. Oh, la droite ne ferait sans doute guère mieux, mais enfin, si on parle de la gauche en Ville, c’est parce qu’elle s’y trouve incrustée depuis si longtemps. Avec ses petites habitudes, ses rituels, son vocabulaire, ses appels aux droits de l’homme aux quatre coins de la planète. Gauche urbaine. Gauche morale. Gauche bobo. Gauche donneuse de leçons. Pourquoi diable le président du premier parti du pays n’aurait-il pas le droit de relever cela ?

     

    Alors, voilà, comme les mots irrémédiables furent prononcés par le président de l’UDC suisse, parti honni par la gauche, et qu’il n’était en effet pas très malin, un 1er Août, de monter une partie des Suisses les uns contre les autres, encore moins d’utiliser le mot « parasites », chargé d’une lourde connotation historique, tout le petit monde de gauche prit plaisir à tomber sur le baudet. A quelques exceptions près (dont Sami Kanaan, qui répondit avec chiffres et arguments), on se précipita sur le porteur du funeste message, plutôt que d’entrer en matière sur les arguments de l’accusation. C’est dommage. Car il existe bel et bien, en Suisse, un problème avec les municipalités de gauche des grandes villes. Sublimation de l’altérité au détriment des braves Suisses. Dépenses considérables avec l’argent des contribuables. Clientélisme. Comportement de caste. Ces choses-là méritent qu’on les analyse, qu’on les prenne au sérieux. Même si c’est un UDC qui les a relevées. Autant dire le diable.

     

    Pascal Décaillet

  • Hommes et femmes libres !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.06.21

     

    Il faudrait quand même que chacun d’entre nous comprenne qu’il est un homme ou une femme libre. Personne n’a à lui dicter ce qu’il doit penser. Nulle contrainte, dans cet ordre-là, ne doit être opérée sur lui.

    Mais cette liberté ne va pas sans contreparties. Il appartient à chaque humain de se cultiver, dans les domaines qui lui sont chers. Par exemple, lire. Se renseigner. Toute sa vie, cheminer vers la langue, vers la connaissance. Confronter les points de vue. Aiguiser le sien, au fil des années. Ne jamais rien tenir pour définitif. La connaissance historique, par exemple, se construit d’avis contradictoires, de témoignages inattendus, d’ouverture de l’historien sur ce qui peut le surprendre. Il faut accepter le changement de perspective, c’est la vie elle-même qui le veut.

    Et puis, il y a la liberté suprême, celle des mots. Que ton langage soit le tien, et non le plagiat des autres. Que chacun ait son style, ses choix. Que sa langue soit un univers. Dans ce modèle, il n’y a place ni pour les sectes, ni pour les gourous. Ni pour les chefs de bande, ou de meute, avec leurs coups de menton, leur sabir, leurs marteaux et leurs burins pour nous incruster leurs vocables, à eux, dans nos tronches, à nous.

    Que tu sois homme, femme, de gauche, de droite, peu m’importe. Mais viens avec tes mots à toi, ton rythme, tes silences. Ton style ! Chaque humain est unique. C’est le miracle de la vie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La guerre des mots est lancée

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.06.21

     

    La guerre des mots est lancée. Il ne faut en aucun cas la sous-estimer. Il ne s’agit pas du combat de quelques esthètes de salons, conservateurs de mots comme d’autres collectionnent des livres, des timbres rares, d’antiques limousines, des lépidoptères de Sumatra. Les mots n’appartiennent à personne, pour la simple raison qu’ils sont à tous. Ils sont notre trésor, notre legs. En les laissant s’envoler, nous transmettons ce que nous avons reçu, dès l’aube de l’enfance. Nous jouons de ces précieux bijoux de la famille universelle, nous les écrivons, nous les disons, nous les chantons. Ils accompagnent nos vies. Il n’y a donc pas à conserver les mots, comme des pièces de musée, ni à refuser leur évolution. Mais il y a, oui, à les apprendre, les connaître, en distinguer les variantes. Il y a à jouir, intensément, de leur usage. Ils sont de notre vie. Ils sont notre vie.

     

    Alors voilà, quand on nous massacre les mots, la syntaxe, quand on nous balance des néologismes comme un guano d’albatros portuaire, comme au début du Temple du Soleil à Callao (Pérou), au détriment des pauvres Dupondt, quand des sectaires, du climat ou du genre, tentent de nous imposer leur liturgie, leurs prières, leurs révérences, leurs prosternations, leur catéchisme, alors il convient que les âmes nobles se réveillent. Non pour défendre l’immobile, ni la conception figée d’un tissu linguistique en perpétuelle évolution, mais afin de porter l’étendard des mots. Les idiomes des allumés sectaires, on les refuse. On ne les prononce tout simplement pas, ou alors avec des guillemets de mépris. Si un halluciné, du climat ou du genre, tente de vous les imposer, vous restez calmes, vous ne réagissez pas, vous abolissez sa phrase dans un océan d’indifférence, et puis vous reprenez, avec vos mots à vous, ceux que vous aimez, ceux en qui vous croyez. Vous montrez là votre puissance de solitude, de résistance, votre indépendance, votre rejet des dogmes. Vous vous comportez en salutaire emmerdeur. Vous perdez des amis, vous renforcez votre amour du verbe.

     

    Si vous ne croyez pas à « l’urgence climatique », la solution est très simple : vous ne dites jamais « urgence climatique ». Vous laissez ces deux mots aux Croisés de la cause, c’est leur droit, ce sont leurs mots, pas les vôtres. Si la peste inclusive vous donne le moindre tourment, vous refusez absolument de vous l’inoculer. Vous laissez les allumés tournicoter comme des éphémères autour de leurs points médians, chacun jouit comme il peut. Mais vous, de marbre, vous continuez d’écrire selon le rite de votre enfance, de vos maîtres de naguère, de vos écoles, de votre temps. Ne soyez pas conservateurs, ils essaieront de vous passer comme tels. Non, soyez dans la justesse, la simplicité, la capacité d’évocation de cette belle langue qui est nôtre, le français. Au besoin, relisez Verlaine, « l’Art poétique », « De la musique avant toute chose ». Savourez chaque syllabe, le rythme de l’impair. Savourez « la menthe et le thym ». « Et tout le reste est littérature ».

     

    Pascal Décaillet