Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.11.21
A Genève, la gauche passe ses samedis à manifester. Au fait, elle manifeste contre qui, la gauche ? Faut-il rappeler que nous avons à Genève, depuis ce printemps, un gouvernement majoritaire de gauche ? Résolu, entre autres, à nous faire dépenser 5,9 milliards pour des investissements dans la "transition écologique", alors que nous détenons déjà le record suisse de la dette (12,8 milliards). Un Conseil d’Etat bien à gauche, deux socialistes, deux Verts, un programme d’action digne du Grand Soir, des projets de dépenses inconsidérées, une inaptitude totale à envisager une restructuration de la machine de l’Etat. Bref, une vraie gauche, proche de la caricature.
Mais nos braves manifestants professionnels, tout à la ferveur de leurs processions du samedi, avec leur catéchisme affiché sur les banderoles rouges, et le grand-prêtre pour leur hurler les slogans à scander en chœur, envahissent quand même les rues. Contre un pouvoir de gauche ! Un Conseil d’Etat de gauche ; un Grand Conseil de facto à gauche, par défection continuelle des gentils centristes et des éternels imprévisibles.
La gauche de la rue, contre la gauche de l’institution. La scène politique genevoise est devenue un grand spectacle, technicolor, sur les infinies nuances à l’interne de la gauche. Pendant ce temps, la droite, elle fait quoi ? Elle roupille ! Ses grands esprits sont d’un autre temps. Ses grandes plumes volent au vent. Entre deux banderoles de gauche, battues par les vents de la procession.
Pascal Décaillet