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Commentaires GHI - Page 9

  • L'AVS? Mais c'est notre fleuron!

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.01.24

     

    La Suisse est un petit pays, mais il est maintenu, à l’interne, par de grandes forces. Ainsi, notre cohésion sociale : sans une puissante solidarité, à l’intérieur du corps des citoyens, l’ensemble ne tiendrait pas. Il ne s’agit pas de prôner un Etat-Providence, non, ce qui fait notre force, c’est le dynamisme de chacun d’entre nous, au service de la collectivité. Depuis 1848, peu à peu, avec une infinie patience, nous avons inventé, puis renforcé un système que beaucoup, autour de nous, peuvent nous envier. Premières protections des travailleurs, fort timides encore, dans le sillage de l’Allemagne bismarckienne, dès la fin du 19ème siècle. Puis les premières conventions d’entreprises, devenues conventions collectives avec la Paix du Travail (1937). Puis, la genèse en 1947, et l’entrée en vigueur le 1er janvier 1948, de ce fleuron qui s’appelle l’AVS.

     

    Pour la première fois dans notre Histoire suisse, toute personne arrivant à l’âge de la retraite touchait une rente, et cette universalité était codifiée au niveau national. Deux ans plus tôt, la France de la Libération, exsangue, partiellement détruite par la guerre, cruellement vaincue en 40, démoralisée par quatre années d’occupation, souffrant encore de la faim, et du froid en hiver (par défaut de charbon), inventait la Sécurité sociale. Grâce à Charles de Gaulle, qui avait eu l’intelligence et la vision de pendre des communistes dans son gouvernement. Dans les mêmes années, l’Angleterre travailliste de Clement Attlee, le successeur de Churchill, autrement plus soucieux de vie quotidienne que son prestigieux prédécesseur, mettait au point des lois sociales au service du plus grand nombre. Elles ne seront défaites que quatre décennies plus tard, par Mme Thatcher.

     

    En Suisse, l’AVS de 1947 était censée pourvoir aux besoins des rentiers. Le moins qu’on puisse dire, 77 ans plus tard, c’est que ce but, aujourd’hui, n’est pas atteint. On a eu beau réformer dix fois le système (dont trois révisions complètes, menées au pas de charge, entre 1959 et 1973, par l’excellent conseiller fédéral socialiste bâlois Tschudi), rien n’y fait : les rentes AVS, en 2024, sont ridiculement insuffisantes face au coût de la vie. Et même complétées par le deuxième pilier, la prévoyance professionnelle (LPP), obligatoire depuis 1985, le montant des retraites, en Suisse, est cruellement insuffisant.

     

    Qui sont nos retraités ? Ce sont des compatriotes, hommes ou femmes, qui ont travaillé toute leur vie, participé à créer la prospérité suisse. Ils ont travaillé comme nous, Suisses, le faisons : nous sommes des gens sérieux, ponctuels, soucieux de finitions, de qualité. Ils ont fait tout cela, et voilà qu’à l’automne de leur âge, on les laisse croupir (pas tous, mais beaucoup d’entre eux) dans une précarité scandaleuse. Pour tout cela, et j’y reviendrai, le citoyen Décaillet, qui signe ces lignes et vous adresse ses amitiés, votera, sans état d’âme, et du fond du cœur, un immense OUI, le 3 mars, à la 13ème rente AVS.

     

    Pascal Décaillet

  • L'Allemagne, c'est nous !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.01.24

     

    Aucun Suisse ne peut, raisonnablement, demeurer insensible à la péjoration vertigineuse de l’économie allemande. Notre grand voisin du Nord, quatrième puissance économique mondiale, poumon industriel du continent, dix fois plus peuplé que notre pays, se porte mal. Ses paysans sont furieux, et le font savoir en bloquant les autoroutes. Son industrie est en baisse de compétitivité. Certaines matières premières, indispensables pour faire tourner la machine allemande, font défaut à l’importation. Le réseau ferroviaire est constamment perturbé. Le pays modèle de l’Europe devient un mauvais élève.

     

    L’Allemagne est notre premier partenaire commercial. Quels que soient les aléas de l’Histoire, la Suisse se doit de garder avec ce géant septentrional les meilleures relations possibles. Jamais, dans notre Histoire moderne, depuis 1848, nous n’avons pu faire l’économie de ce lien, qui doit rester privilégié.

     

    Et puis, l’Allemagne, c’est un peu nous. L’allemand est l’une de nos quatre langues nationales. La littérature, la poésie, la musique allemandes, accompagnent nos vies. Leur Réforme, au seizième siècle, fut nôtre, leurs Lumières (Aufklärung) nous ont éclairés, leur Sturm und Drang, leur Romantisme, ont puissamment marqué nos consciences. Alors, parlons de l’Allemagne, pensons à l’Allemagne, considérons l’Allemagne pour ce qu’elle est : l’un des phares de l’Europe.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Europe des Nations, pas celle des chimères !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.01.24

     

    Dresde, Hambourg, Berlin, Cologne, Nuremberg, et des centaines d’autres villes allemandes, rayées de la carte. En Italie, la dévastation politique, économique, morale. En France, des villes entières de Normandie devenues cendre et poudre, dans les bombardements alliés qui ont suivi le Débarquement du 6 juin 1944. Ne parlons pas de la Pologne, dévastée. La Belgique, les Pays-Bas. Oui, l’année 1945 fut terrible. Oui, elle fut, notamment pour l’Allemagne, cette Année Zéro qui, aux esprits les plus avisés, ceux qui lisent des livres d’Histoire plutôt que des romans de gares, rappelait une autre dévastation : celle de 1648, à l’issue de la sanglante Guerre de Trente Ans. En ce milieu du dix-septième siècle, les Allemagnes n’existent plus. Rayées de la carte. Si cette période vous intéresse, je vous donne un livre à lire, absolument : « Les Aventures de Simplicius Simplicissimus », une sorte de roman pré-picaresque publié en 1669 Par Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen. Les Allemagnes mettront un siècle à se relever de ce désastre : il faudra attendre ce très grand roi que fut Frédéric II de Prusse (1740-1786).

     

    1945 : le désastre des nationalismes, comme l’avait déjà été 1918. De longues années, en Allemagne et partout en Europe, à déblayer les ruines, ne pas toujours manger à sa faim, grelotter l’hiver, puis lentement reconstruire. C’est l’époque, par exemple, du néo-réalisme italien, le cinéma d’un Roberto Rossellini, sublime témoin de ces années de misère. C’est l’époque du Riz amer (Riso amaro), de Giuseppe De Santis. Les nations, on ne veut plus en entendre parler, on les assimile aux armées, à la haine, aux souffrances, au deuil. On commence à parler d’Europe, d’abord pour se chauffer (avec le charbon allemand !), puis pour favoriser les échanges commerciaux, celui de l’acier par exemple. Et puis, doucement, entre l’Allemagne et la France, on commence à parler de « réconciliation » (Versöhnung). Oui, cette Europe-là, celle du début, celle du Traité de Rome (1957), était porteuse d’espoirs. Après la mort, elle proposait la vie.

     

    67 ans plus tard, la structure née de ce beau rêve, d’abord appelée « Communauté européenne », aujourd’hui « Union européenne », ne fait plus rêver personne. Les Six du départ sont aujourd’hui Vingt-Sept, la machinerie administrative de Bruxelles étouffe les peuples, on a voulu oublier les nations au profit d’un conglomérat sans âme ni passé, sans Histoire, sans mémoire commune. On a eu tort. Le 9 juin prochain, les élections européennes pourraient bien voir progresser le camp du refus. Les peuples ne disent pas non à l’Europe, c’est notre continent, nous l’aimons. Mais ils disent non à la machine. Ils veulent respirer. Ils veulent qu’on les écoute. Ils ne veulent pas la guerre, ils veulent juste retrouver leurs identités nationales. Leurs lieux de mémoire. Leurs repères historiques. Leurs langues, leurs dialectes. Leurs textes fondateurs. Ils veulent l’Europe, mais celle des Nations. Pas celle des chimères.

     

    Pascal Décaillet