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Commentaires GHI - Page 6

  • Trump : ni meute, ni pâmoison!

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.02.25

     

    Vous vous souvenez quand même de la campagne électorale américaine de 2016, j’espère ! Le duel entre Donald Trump et sa rivale démocrate, Hillary Clinton. Ici, en Suisse romande, à part votre serviteur et de rarissimes autres, tous les chroniqueurs, tous les éditorialistes, toute l’officialité étaient pour elle, et contre lui. Pour ma part, je ne disais pas « Trump est génial », loin de là. Je disais juste que ses thèmes de campagne avaient davantage de chances de toucher l’Amérique profonde que ceux de Mme Clinton. Elle tenait un discours démocrate de salon très convenu, très intelligentsia de la Côte Est, très international. Lui, au contraire, parlait état des routes et des voies ferrées, vieillissement de l’industrie et des infrastructures, dérégulation migratoire sur la frontière Sud. Au final, il fut élu. Puis, battu quatre ans plus tard face à Biden, Puis, une nouvelle fois élu, en novembre 2024, face à Kamala Harris.

     

    Pendant la campagne de 2016 déjà, une chose me frappait : les opposants, sous prétexte que Trump était « vulgaire », ne parlaient que de sa personne, de ses outrances. Il s’est même trouvé une chroniqueuse romande pour ironiser sur la couleur « peroxydée » de ses cheveux ! Le degré zéro de l’analyse politique. C’est terrible, ces gens, cette ignorance des principes mêmes de la politique, qui ne voient que les personnes, et jusqu’à leur physique, et n’ont aucune capacité à parler programme, contenu, vraies préoccupations de la population, à commencer par les plus démunis. En quatre ans, le catastrophique Joe Biden a multiplié les guerres et les soutiens par dizaines de milliards aux pays en guerre, Trump n’avait mené aucune guerre dans ses quatre ans à lui, on continuait pourtant à encenser le gentil Démocrate, et vilipender l’odieux Républicain. Parce qu’il était « vulgaire ».

     

    « Vulgaire » ? Je ne m’en félicite pas. Je dirais même que Trump n’est vraiment pas le type avec qui j’aurais envie de partir en vacances. Mais enfin, soyons assez grands, assez mûrs, assez cultivés politiquement, assez ancrés dans l’ascèse de l’analyse historique, pour ne pas juger les politiques sur ce qu’ils « sont ». Mais sur ce qu’ils « font » ! Or, en termes de réussites économiques, le premier mandat de Trump avait été remarquable, il fut juste plombé par le Covid, tout autre au pouvoir en eût aussi payé le prix.

     

    Trump, depuis le 20 janvier, est à nouveau aux affaires, pour quatre ans. Réussira-t-il ? C’est strictement impossible à prévoir. Nous sommes, plus que jamais, dans un champ politique ouvert, où tout peut advenir, à commencer par le pire. Reste que la meute des anti-Trump de 2016, et 2020, se trouve aujourd’hui éclipsée par celle des pro-Trump. Je déteste la seconde autant que la première. J’ai détesté, dès 2016, la démolition gratuite et stupide du candidat Trump. Tout autant, je rejette sans appel l’actuelle pâmoison des pro-Trump en Suisse romande. Cela, pour une raison simple : nous sommes, vous et moi, des hommes et des femmes libres. Des esprits capables de juger. Alors, jugeons. Et rejetons toute meute, d’où qu’elle vienne.

     

    Pascal Décaillet

  • Parlez allemand, Ursula !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 29.01.25

     

    La première chose à faire, c’est se calmer un peu avec l’anglais, et réhabiliter nos langues continentales : le français, l’allemand, l’italien et tant d’autres. Que les Britanniques parlent anglais avec les Américains, ou leurs anciens dominions, c’est une chose. Que cette langue soit, depuis 1945, imposée à l’Europe continentale, en est une autre. Il n’y a strictement aucune raison pour que cette langue, parlée par un pays insulaire externe à notre continent, exerce un tel empire sur l’Europe.

     

    L’exemple le plus délirant ? Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, fait ses discours en anglais. Elle est Allemande, parle admirablement cette magnifique langue, avec toute la grâce des gens issus de la Basse-Saxe, elle parle aussi un français impeccable, alors pourquoi diable des allocutions officielles dans la langue d’un pays n’appartenant plus à l’UE, alors que la France et l’Allemagne en sont membres fondateurs ?

     

    Pourquoi ? Mais pour une raison simple : Mme von der Leyen ne s’adresse pas aux peuples d’Europe. Mais aux suzerains anglo-saxons. Ou à la caste des diplomates occidentaux, qui sont au tragique de l’Histoire ce qu’une valse viennoise est au destin des Habsbourg. Madame la Présidente, parlez allemand ! Parlez français. Parlez italien. Parlez grec, sublime langue. Soyez d’Europe. Ne vous comportez pas comme un vassal de l’Oncle Sam, ni de l’Union Jack.

     

    Pascal Décaillet

  • Le monde n'existe pas. Seules existent les nations !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 29.01.25

     

    Je ne vous fais pas un dessin de la situation mondiale, vous êtes assez grands pour saisir : la grande illusion d’une planète multilatérale s’effondre. Les nations, les rapports de forces, reviennent. C’est valable aux Etats-Unis, en Russie, en Chine, il n’y a guère que quelques agneaux européens pour croire encore à l’existence d’une quelconque rationalité mondiale qui triompherait des forces telluriques, affectives, patriotiques, inhérentes à chaque nation, séparément. Nos beaux esprits, au lieu de parcourir des rapports de l’ONU, feraient mieux de lire, lire, et lire encore les « Reden an die deutsche Nation », Discours à la Nation allemande, prononcés en décembre 1807 par le philosophe Johann Gottlieb Fichte, à Berlin, au nez et à la barbe des troupes napoléoniennes, qui ont occupé la Prusse entre deux batailles décisives, celle d’Iéna en 1806, et la grande bataille libératrice des peuples allemands, la « Völkerschlacht », celle de Leipzig, en octobre 1813. L’enfant Wagner, natif de cette ville, avait cinq mois.

     

    Vous préférez la France ? Lisez absolument « L’Histoire de la Révolution française », de Jules Michelet. Vous y verrez comment la composante nationale, ce patriotisme surgi d’en-bas, cette ferveur des Soldats de l’An II au moment des Guerres de la Révolution où la France était seule contre tous, s’est révélé un facteur plus fédérateur que toutes les idéologies, d’ailleurs férocement contradictoires, de la Convention. Alors que l’aristocrate, l’Emigré à Coblence ou en Belgique, prônait le retour transfrontalier à l’Ordre féodal. C’est l’idée de nation, de souverainerté, qui a protégé le legs révolutionnaire !

     

    Seulement voilà. Pour percevoir ces choses-là, il faut lire. Se plonger dans l’Histoire. S’immerger dans chaque contexte, sans juger avec les anachronies d’aujourd’hui. Cette ascèse ne nous amène guère à parler « d’Europe », concept flasque, inexistant sur le plan politique, échafaudage d’idées, tout au plus. Non, il nous faut parler de la France, de l’Allemagne, de la Russie, de l’Italie, leurs peuples, leurs Histoires, leurs mythes fondateurs, la lente création de leurs identités nationales. Il faut passer par l’étude des textes et des langues, se plonger par exemple dans l’éblouissant « Dictionnaire de la langue allemande », des Frères Grimm (publié de 1838 à… 1961 !), lire les poèmes, s’imprégner des musiques, c’est cela qui légitime un discours sur les pays d’Europe. Cela, et non les rapports de Bruxelles.

     

    Que fait Fichte, dans ses Discours de 1807, en pleine occupation française ? Il nous parle de la langue allemande. Des mots allemands. De pédagogie. De la formation des opinions. Il dit aux Allemands, et notamment aux Prussiens, ce qu’ils sont, de quelles profondeurs ils émergent. Il ne parle ni de l’Europe, ni du monde. Il jette les bases de l’idée nationale allemande, six décennies avant l’Unité. Lisez Fichte, lisez Michelet, creusez l’idée de nation. Ne vous laissez pas empoudrer par les fadaises mondialistes.

     

    Pascal Décaillet