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L'échec total du libéralisme

 

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.08.25

 

Dans toute l’affaire des 39% de droits de douane imposés à la Suisse par Trump, il y a quelque chose d’effarant : l’incapacité totale des milieux libéraux, en Suisse, à tirer, en profondeur, les vraies raisons de l’impasse dans laquelle nous sommes soudain jetés. Et la première de toutes ces raisons, ça n’est ni le côté fantasque du Président américain, ni son usage immodéré de la loi du plus fort, ni son côté shérif insupportable, mais au fond tellement américain. Non, la raison no 1, c’est l’échec cuisant d’un certain modèle libéral, voire ultra, des orientations économiques suisses depuis des décennies : foi extatique, presque religieuse, dans les vertus présumées du marché, dans le libre-échange érigé en dogme, et surtout dans les sacro-saintes exportations, sur lesquelles notre pays a tout misé depuis des générations.

 

Prenons le PLR, parti fusionné, il y a une quinzaine d’années, entre deux courants au fond inconciliables. D’un côté, les radicaux, le grand parti national, ancré dans la philosophie du Freisinn, qui a fait la Suisse moderne, celle de 1848, fondé ses institutions, lancé son économie, son industrie, son réseau ferroviaire et routier, sa place financière, ses grands travaux, ses tunnels. C’est le parti de l’économie. Mais c’est aussi un parti d’Etat, avec tout ce que cela implique de projet collectif, de justice sociale, de souci de cohésion interne, de redistribution, toutes valeurs dont il n’est pas question de laisser le monopole à la gauche. Les radicaux : une tradition, une ouverture, un souci d’équilibre. Oui, un parti national.

 

De l’autre côté, les libéraux. Au mieux, hérités de Tocqueville et de Benjamin Constant, avec la très belle tradition de liberté individuelle, de responsabilité personnelle, chère à un Olivier Reverdin, qui fut naguère mon professeur, ou aujourd’hui à un Cyril Aellen, remarquable conseiller national. Au pire (car oui, il existe une version pire de chez les pires), le libéralisme version ultra, entendez ce magma déraciné des nations, mondialisé, boursicoteur planétaire, né des années Reagan et Thatcher, mais surtout de la chute du Mur (9 novembre 1989), et de la prétendue « victoire définitive du capitalisme », à laquelle, pour ma part, depuis 36 ans, je n’ai jamais cru une seule seconde. Et surtout, que je n’ai jamais souhaitée ! Parce que je crois aux nations, au pouvoir du peuple, aux communautés citoyennes organisées, à la cohésion et à la justice sociales. J’ai lu Marx. Il m’a immensément apporté.

 

Le PLR ? Dans tous ses communiqués autour du choc des taxes douanières, il réclame des mesures urgentes. A court terme, il n’a pas tort, il faut parer au plus pressé. Mais aucune vision critique rétrospective sur le culte du Veau d’or de ces quarante dernières années ! Encore moins, sur la sacralisation des exportations, comme si la mission première d’une économie nationale n’était pas d’être au service de son peuple, à commencer par les moins favorisés. L’économie suisse est face à un impératif urgent : Trump ou pas Trump, elle doit se réorienter vers le marché intérieur. Et servir les intérêts supérieurs du peuple suisse. Et non ceux de l’actionnariat mondialisé.

 

Pascal Décaillet

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