Sur le vif - Mardi 19.08.25 - 22.32h
Le film de Lionel Baier sur la Révolution des Œillets (25.04.74), vécue par hasard sur place, au Portugal, par une équipe RSR, est incroyablement juste et touchant. Le grain photographique, bouleversant, restitue au-delà de l’imaginable le Portugal des derniers jours du demi-siècle salazarien, basculant en une nuit dans une autre ère. Je me souviens de tout, j’avais presque seize ans, je lisais Kleist, je me souviens de la RSR ce matin-là, ou peut-être au matin du 26, il était clair que quelque chose de puissant s’était produit. J’écoutais chez mes parents, rivé au transistor beige de la cuisine, moi aussi je voulais un jour faire de la radio, je le voulais physiquement, sans appel, sans rémission. Seize ans plus tard, 1990, au Café Lyrique, avec le même Nagra que les personnages du film de Baier, j’interviewais longuement Otelo de Carvalho, héros mythique du 25 avril. J’aime ce film précieux, juste et sensible, parce qu’il recommence ma jeunesse, il défie le banal, il recommence la vie. Au royaume des astres, cela porte un nom : cela s’appelle une Révolution.
Pascal Décaillet