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Commentaires GHI - Page 2

  • Il était une fois la DDR

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.11.24

     

    Tombées en 1945 dans la zone d’occupation soviétique de l’Allemagne, la Prusse, la Saxe et la Thuringe historiques ont eu l’obligation de former un régime communiste, et c’est ainsi qu’elles ont constitué, dès 1949, la DDR, République démocratique allemande. En même temps, à l’Ouest, sous occupation américaine, britannique et française, se formait l’Allemagne fédérale, capitaliste, et hyper-américanisée.

     

    Deux mondes. Très attachés à l’un comme à l’autre, les connaissant, respectueux de leurs différences, n’ayant jamais eu de ma vie un seul mot contre la DDR, je pensais, dans ma jeunesse, que ces deux univers étaient pour toujours séparés. Je me suis trompé. Le 9 novembre 1989, il y a juste 35 ans, le Mur de Berlin est tombé. Avec lui, la DDR, pays souverain, a été emporté. Avalé, phagocyté, par la gloutonnerie capitaliste d’Helmut Kohl.

     

    Ce qu’on appelle « Réunification », un bien beau mot, cache hélas une autre réalité : rachat glacial, méprisant, de l’Allemagne de l’Est par celle de l’Ouest. Tout cela, sous la bénédiction d’une opinion publique occidentale ânonnant toute la propagande de l’Ouest contre la DDR. 35 ans plus tard, les historiens sérieux font la part des choses. Le régime, certes, imposé par Moscou, était insupportable, je n’ai jamais dit le contraire. Mais le legs de la DDR, en vie associative, en protection sociale, en ambitions culturelles, théâtrales, musicales, sportives, méritait un autre destin que d’être balayé les valets de l’Oncle Sam. Une part de la DDR doit être réhabilitée. Je m’y emploie.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Des irresponsables laissent crever notre industrie !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.11.24

     

    J’ai passé mes premières années à quelques mètres des mythiques usines de Sécheron. Il y avait encore du travail. Des ouvriers. Le parfum d’une activité humaine, sur le métal. A cette époque, il y avait encore les Charmilles, Alusuisse à Chippis, la métallurgie du Triangle d’or, Argovie et Zurich, la machine-outil dans l’Arc jurassien. La Suisse n’a, certes, jamais été un géant industriel, surtout en comparaison de son exceptionnel voisin du Nord, l’Allemagne, première puissance économique d’Europe (hélas, aujourd’hui bien essoufflée), quatrième du monde. Mais tout de même, notre petit pays, si pauvre en matières premières, en minerai, a su, sous l’impulsion géniale et visionnaire des radicaux de 1848, tirer un profit remarquable des quelques secteurs d’excellence dans lesquels la Révolution industrielle l’avait lancé.

     

    Le plus prestigieux de tous, encore bien vivant aujourd’hui, est évidemment l’horlogerie, mais notre petite et courageuses Suisse avait aussi marqué des points décisifs dans la métallurgie, et même dans la sidérurgie. Lâchement abandonnés, depuis quarante ans, par des irresponsables, ces secteurs, aujourd’hui, se meurent, dans la cynique indifférence des pouvoirs publics. Prenez les légendaires verreries de Saint-Prex (VD), que j’ai eu l’honneur, dans mon enfance, de visiter en famille, ainsi que tant d’autres usines. Prenez Stahl Gerlafingen (SO) : chaque fois, le même scénario, sans soutien sur les conditions de leur survie, ces entreprises ferment des sites, licencient, les syndicats se fâchent, la presse en fait ses titres quelques jours, puis passe à autre chose. Et le libéralisme, dans ce qu’il a de pire, cette absence de volonté d’Etat, cette carence dans le dessein collectif, laisse doucement disparaître ces fleurons de notre génie industriel suisse.

     

    La Suisse doit se réinventer une passion industrielle. Et pas seulement dans « l’innovation », ce mantra de quelques petits marquis lausannois, dont certains n’ont jamais sans doute mis les pieds dans une usine. Non, la Suisse doit, à tout prix, sauver sa métallurgie, et même sa sidérurgie. L’Etat, fédéral ou dans les Cantons, doit aller beaucoup plus loin que la simple formule, totalement démissionnaire, consistant à assurer aux acteurs industriels des « conditions cadres ». Ces deux mots, répétés à l’envi, ne veulent strictement rien dire. La Confédération, les Cantons, doivent remettre l’industrie au cœur des passions collectives de la Suisse. Ils doivent impérativement baisser les coûts de l’électricité pour la sidérurgie, la France le fait, tous le font ! Ils doivent revenir au protectionnisme en matière industrielle, comme dans le domaine agricole. Ils doivent tourner la production vers les besoins du marché intérieur, ceux du peuple suisse, et se laisser moins tyranniser par l’exportation. Ils doivent redonner à chaque Suisse, chaque Suissesse, à nos jeunes, la passion du désir industriel. Hélas, nous en sommes si loin. Quatre décennies de libéralisme financier ont mis à terre un fleuron de notre Suisse moderne.

     

    Pascal Décaillet

  • Le curseur

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.10.24

     

    Depuis bientôt quinze ans, dans tous mes échanges avec un éminent élu du PLR, naguère libéral, aujourd’hui Conseiller national, nous évoquons « le curseur ». C’est ce petit élément, vous savez, dans les appareils de mesure, dont le déplacement, parfois lent, indique une progression inexorable.

     

    Dans les rapports entre le PLR et l’UDC, en Suisse, il faut considérer le curseur. Au premier chef, en matière d’immigration. Pendant de trop longues années, le PLR, sous influence libérale, a été la voix obédiente du patronat économique. S’il faut parler de « caniche », pour reprendre une triste expression lue récemment dans la presse, c’est bien dans cette inféodation d’un grand parti historique de notre Suisse aux forces de l’argent qu’il faut le faire.

     

    Eh bien, depuis l’Assemblée du PLR suisse, le samedi 19 octobre, à Tenero (TI), les choses ont officiellement changé, et c’est le fruit de la lente évolution du curseur. Au Tessin, le PLR a clairement affiché sa volonté de lutter contre l’immigration illégale, et contre les flux migratoires non-contrôlés. C’est un pas clair, historique.

     

    Ça n’est en aucun cas une soumission du PLR à l’UDC. C’est juste la prise en compte d’autres paramètres que la seule défense du patronat : par exemple, au hasard, les souffrances du peuple suisse face à submersion migratoire qui coupe à certains des nôtres, parmi les plus précaires, l’accès à l’emploi. Bravo au PLR ! Il se soucie à nouveau du peuple suisse !

     

    Pascal Décaillet