Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 5

  • Douceur et respect

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.09.25

     

    Nous, les Suisses, n’avons pas de leçons à donner à la France. Nous nous portons mieux, c’est vrai, mais les Histoires de nos deux pays sont tellement différentes. Celle de la France est à la fois plus glorieuse et plus tragique.

     

    Depuis la Révolution, il y eut les guerres napoléoniennes, la guerre de 1870, avec la perte, pour un demi-siècle, de l’Alsace-Lorraine, puis deux guerres mondiales au vingtième siècle. Il y eut, surtout, la défaite de juin 1940, après une Blitzkrieg de six semaines seulement, la pire déroute de l’Histoire de France. Enfin, il y eut le déchirement des guerres coloniales.

     

    Bref, nos amis Français reviennent de loin. Leur immigration, avec l’arrière-fond colonial, n’a rien à voir avec la nôtre. Ils ne connaissent pas la démocratie directe, qui commence seulement à devenir l’une des revendications majeures d’un peuple floué par ses élites. Enfin, la verticalité parisienne, avec son arrogance, ne laisse pas vivre les régions dans leur plénitude. Tout le contraire de notre fédéralisme. Mais c’est leur tradition, leur Histoire. Nous n’avons pas à les juger.

     

    Pour autant, souhaitons-leur la paix civile. Que la France conserve l’extraordinaire pluralité de ses opinions, c’est la richesse d’une démocratie. Mais de grâce, qu’elle retrouve des tonalités de douceur et de respect. Elles n’enlèvent rien à la richesse de ses idées. Au contraire, elles les rendront plus audibles. Et plus visibles.

     

    Pascal Décaillet

  • France déchirée, réconcilie-toi !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.09.25

     

     

    En direct dans Genève à Chaud, ce mardi 9 septembre, le député du Centre Sébastien Desfayes a eu des mots très justes. Nous venions d’annoncer, en direct sur l’événement, le renversement du gouvernement Bayrou par une très nette majorité de l’Assemblée Nationale. Nous nous penchions, avec aussi Alexandre Chevalier et Marie-Claude Sawerschel, sur le Mal français, et Desfayes a énoncé une priorité, parmi les malheurs : la division des Français. Et il a mille fois raison : c’est, en gravité, le problème no 1 de nos amis d’Outre-Jura. Avant la dette. Et avant la crise institutionnelle.

     

    La dette abyssale, la crise démocratique, la Cinquième qui n’en finit plus de se mourir, tout cela est assurément essentiel. Sur la dette, François Bayrou a eu raison de placer les Français devant une vérité chiffrée que les plus éminents des responsables, et aussi d’ailleurs des commentateurs, passent allègrement sous silence, comme s’il ne s’agissait que d’une valeur virtuelle. Pour ma part, je rends hommage au Béarnais, cet homme de valeur, qui aura fait ce qu’il a pu. Son discours d’adieu, ce mardi 9 septembre, avait des accents qui, à tout observateur un peu au parfum de l’Histoire de la France républicaine, ont pu rappeler ceux du seul véritable homme d’Etat de la Quatrième République, Pierre Mendès France, au pouvoir seulement sept mois et quelques jours, entre juin 1954 et février 1955. Mendès, l’homme de la rigueur, l’homme de la vérité. L’homme de la cohérence et de la fidélité à ses engagements. Un exemple unique, à part bien sûr Charles de Gaulle.

     

    Mais Sébastien Desfayes a raison. Ce qui, aujourd’hui, est littéralement effrayant, ce sont les tonalités du débat français. Ou tout au moins – la restriction mérite d’être établie – ce que laisse en poindre le théâtre misérable des chaînes privées parisiennes, TOUTES TENDANCES CONFONDUES. On ne s’y parle plus, on s’y étripe. Sur l’une de ces chaînes, des meneurs de jeu transmués en procureurs aboient contre leurs invités qui se hasarderaient à défendre des thèses contraires aux leurs. Ils ne les laissent pas parler plus de six secondes sans les interrompre brutalement, on se croirait aux procès de Prague, ou de Moscou. On s’embarrasse d’ailleurs de moins en moins d’inviter des politiques : une coterie de professionnels pérore entre initiés, on est chez soi, on peut hurler à sa guise le même son de voix, toujours recommencé. Au pays de Voltaire, on a connu mieux.

     

    J’ai étudié de près, en 1994, l’Affaire Dreyfus, pour une Série historique que j’ai produite à la RSR. Les accents de violence de l’actuel débat français rappellent cette époque, où deux factions se déchiraient avec haine. Mais au moins, entre 1894 et 1906, la véhémence n’était-elle colportée que par des journaux. Aujourd’hui, partout, sur les TV, sur les réseaux, elle se voit, elle s’entend. On rêve, oui on rêve que surgisse un Henri de Navarre, comme en ce jour de mars 1594 où, franchissant le Pont-Neuf, il entra dans Paris. Et il parvint à réconcilier les Français. Nous, les Suisses, aimons ce pays voisin. Nous lui souhaitons la paix et la réconciliation.

     

    Pascal Décaillet

  • Eloge du protectionnisme

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.09.25

     

    La doxa libérale, depuis quatre décennies, tente de nous faire croire que le mot « protectionnisme » serait à bannir à tout prix. Il serait une sorte de repli, de recroquevillement de toutes les peurs. A le dépeindre ainsi, comme un fortin défensif en pleine guerre de mouvement, on le caricature, on le dénature.

     

    Le protectionnisme ne s’oppose ni à la libre entreprise, ni aux PME, et encore moins aux tout petits entrepreneurs. Il ne combat pas le marché, mais l’inscrit dans le périmètre d’une communauté humaine organisée, notamment celle de la nation. Il promeut les circuits courts, protecteurs de l’environnement, le marché intérieur, la notion d’utilité publique des produits, au service de la prospérité des hommes et des femmes, à l’intérieur d’un espace géographique. Le protectionnisme n’est pas planétaire, il est éminemment national.

     

    Le protectionnisme n’a de sens que s’il s’exerce en faveur du bien-être d’une communauté vivante. Il est d’essence politique, au sens le plus noble de ce mot : la vitalité de la Cité. Il exige un sens de l’intérêt public, une certaine conception du rôle de l’Etat, une idée supérieure des impératifs nationaux. Défini ainsi, il n’est pas un simple choix économique, mais une option politique et philosophique de l’économie au service de l’humain. Lisez Léon XIII, Rerum Novarum (1891), vous comprendrez tout.

     

    Pascal Décaillet