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Commentaires GHI - Page 5

  • Le Contrat social

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.02.25

     

    La politique, ce sont des thèmes. Eux doivent avoir la priorité, comme dans les votations, où le peuple se prononce sur un sujet, donc sur le fond des choses. Mais la politique, ce sont aussi des personnes. Et l’échelon où cette dimension d’incarnation est la plus sensible, la plus visible, c’est celui de la Commune.

     

    A Genève, nous avons 45 Communes, certaines immenses, comme la Ville, ou Vernier, ou Lancy. D’autres, beaucoup plus petites, moins peuplées, dans la campagne. Mais chacune de ces 45 Communes, à mes yeux, doit avoir la même valeur : celle de l’entité première de notre vie politique, où se jouent la proximité, la précision des décisions, le contact avec les gens. Bref, l’essence même du Contrat social !

     

    J’ai choisi, vous l’avez vu, de m’immerger comme un malade dans ces élections municipales 2025. J’essaye de donner la parole à un maximum de gens, tous partis confondus, dans nos Communes. J’y découvre, de tous les horizons, de tous les âges, des trésors d’enthousiasme. Une volonté d’abnégation. Un souci de servir la collectivité. C’est valable autant dans les toutes petites Communes – et peut-être même davantage – que dans les grandes. Cette ferveur, profondément, m’émeut. J’y retrouve ce que j’attends le plus de la politique : le sens du service public. A tous, de tous partis, de toutes Communes, je dis « Bonne chance ! ».

     

    Pascal Décaillet

  • Profs d'allemand, passionnez vos élèves !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.02.25

     

    L’allemand : l’une des plus belles langues du monde. Par sa musicalité, quand elle est chantée, ou quand on en lit les poèmes à haute voix, en respectant la métrique (plus complexe qu’en français), en marquant chaque virgule, en respirant, en soulignant les silences, comme en musique, tout cela devrait s’apprendre dès le plus jeune âge. Mais si la langue allemande ravit les sens, elle séduit infiniment, aussi, les cerveaux. Comme le latin, comme le grec, elle exige, dès l’enfance, un effort intellectuel pour se plonger dans une syntaxe pas toujours simple. Prenez Thomas Mann, prenez Kafka, les deux plus grands narrateurs de langue allemande (avec Musil) du vingtième siècle, il faut entrer dans la structure de la phrase, c’est une ascèse, un chemin vers l’art, il y faut un effort cérébral. Il existe, chez Thomas Mann, dans la Mort à Venise comme dans de plus longs romans, des descriptions de maladie, par exemple, ou de symptômes, d’une époustouflante précision, qui passionne les médecins. Nous sommes dans un art du récit d’une finesse rarement atteinte.

     

    Alors, comment un prof d’allemand peut-il passionner ses élèves, disons au niveau Collège (15 à 19 ans), encore que la dernière année du Cycle d’orientation, pour les meilleurs d’entre eux, puisse déjà donner accès à des textes littéraires ? Ma réponse : j’avance ici une piste que j’avais expérimentée, avec mes élèves, en ces temps très lointains où j’enseignais l’allemand, avant de me plonger, il y a quarante ans, dans le journalisme. Je dis qu’il faut prendre des poèmes, et les faire lire impérativement à haute voix par les élèves. En reprenant vingt fois, cent fois, la lecture, toutes voix confondues, jusqu’à la maîtrise acquise de la métrique (le iambe de Hölderlin, par exemple, d’inspiration grecque, s’impose plus vite que prévu à toute oreille un peu exigeante sur la musicalité). Exercice à faire ensemble, toute la classe, prof compris, dans la fraternité devant l’œuvre à conquérir ensemble, et surtout dans la bonne humeur ! On laisse aller les voix, on cherche ensemble, on rit, en s’énerve, on est solidaires dans la réussite ou l’échec de l’exercice. On restitue enfin à la poésie cette part d’oralité dont il n’aurait jamais fallu la dessaisir.

     

    Je vais plus loin. J’invite les profs d’allemand à faire chanter leurs élèves. Tous ensemble, dans le même esprit de recherche solidaire et joyeuse. Chanter quoi ? Mais Brecht, bien sûr, dans ses incomparables parties du chœur (là aussi, inspirées de la tragédie grecque, Sophocle notamment), sur la musique exceptionnelle du Kurt Weill ! Et puis, emmenez-les au concert, écouter des Lieder, Schubert, Schumann, Brahms, Mahler, Hindemith, Richard Strauss, sur des poèmes que vous aurez précédemment lus à haute voix, en classe. Et là, chers profs d’allemand, vous qui avez choisi ce magnifique métier, je ne dis pas que vos élèves vont tous finir germanistes. Mais vous aurez dit la langue ensemble. Vous l’aurez respirée. Vous l’aurez chantée. Vous aurez semé, Un jour ou l’autre, vous récolterez,

     

    Pascal Décaillet

  • La grande errance sociétale

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.02.25

     

    En quarante ans de journalisme, j’ai toujours laissé hors de mon champ les « sujets de société ». Je m’occupe de politique (au sens le plus large, celui de la Cité, des citoyennes et citoyens), d’économie (passion croissante depuis deux décennies que je suis entrepreneur), de cohésion sociale, de culture. Et je crois bien que la ligne de fracture est là, dans la meute anti-Trump de 2016 : les « sociétaux » le haïssaient à cause de ses positions face au féminisme, par exemple, ses airs de sheriff, ou de matamore. Les « politiques » attendaient de voir. 

     

    Ça n’était pas un combat gauche-droite (Mme Clinton défendait la droite financière la plus libérale), non, c’était un chaotique malentendu entre deux approches du réel. Les « sociétaux » jugeaient l’homme, s’exaspéraient de ses excès, s’étranglaient de sa « vulgarité ». Les politiques analysaient le propos, le programme, le retour à l’isolationnisme et au protectionnisme économique, par exemple. Bref, ils voyaient plus large, plus factuellement, refusaient de s’incarcérer dans un jeu d’apparences. Ils avaient raison, quant à la démarche.

     

    C’était la forme contre le fond. Le vrai débat eût été de confronter le programme de Mme Clinton et celui de Donald Trump. L’internationalisme de l’une, le nationalisme de l’autre, par exemple. Pour cela, il faut s’intéresser au fond des choses. Mais juste dire « Il est vulgaire », c’est d’une détresse de jugement sidérante.

     

    Pascal Décaillet