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Commentaires GHI - Page 13

  • Le curseur

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.10.24

     

    Depuis bientôt quinze ans, dans tous mes échanges avec un éminent élu du PLR, naguère libéral, aujourd’hui Conseiller national, nous évoquons « le curseur ». C’est ce petit élément, vous savez, dans les appareils de mesure, dont le déplacement, parfois lent, indique une progression inexorable.

     

    Dans les rapports entre le PLR et l’UDC, en Suisse, il faut considérer le curseur. Au premier chef, en matière d’immigration. Pendant de trop longues années, le PLR, sous influence libérale, a été la voix obédiente du patronat économique. S’il faut parler de « caniche », pour reprendre une triste expression lue récemment dans la presse, c’est bien dans cette inféodation d’un grand parti historique de notre Suisse aux forces de l’argent qu’il faut le faire.

     

    Eh bien, depuis l’Assemblée du PLR suisse, le samedi 19 octobre, à Tenero (TI), les choses ont officiellement changé, et c’est le fruit de la lente évolution du curseur. Au Tessin, le PLR a clairement affiché sa volonté de lutter contre l’immigration illégale, et contre les flux migratoires non-contrôlés. C’est un pas clair, historique.

     

    Ça n’est en aucun cas une soumission du PLR à l’UDC. C’est juste la prise en compte d’autres paramètres que la seule défense du patronat : par exemple, au hasard, les souffrances du peuple suisse face à submersion migratoire qui coupe à certains des nôtres, parmi les plus précaires, l’accès à l’emploi. Bravo au PLR ! Il se soucie à nouveau du peuple suisse !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La gauche, la droite : plus vivaces que jamais !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.10.24

     

    L’une des grandes illusions des trente dernières années a été la prétendue abolition de la fracture gauche-droite. On nous a présenté ces deux grandes familles, fondatrices du combat politique depuis la Révolution française, comme caduques, éculées, reliques d’un autre temps. C’est une erreur immense, une de plus de cette génération qui, née de la chute du Mur de Berlin, prétendait construire l’avenir sur un grand consensus planétaire, avec le seul marché comme moteur de rapprochement entre les peuples. Immense illusion, coupable, négatrice de l’Histoire. Ce genre de construction, purement intellectuelle, échafaudée par des individus ne s’étant jamais frottés à l’étude du trajet intrinsèque à chaque peuple (la France, l’Allemagne, la Russie), doit être condamnée avec la dernière énergie. En politique, il n’y pas de relativisme : il y a des gens qui voient juste, et des gens qui voient faux.

     

    Ils ont vu faux. La gauche, la droite, en Suisse, en France, en Allemagne, en Italie, ça existe encore, plus que jamais. Prenons la Suisse, le grand dossier de la santé : une fois élagués les projets beaucoup trop complexes du Parlement, rejetés à juste titre par le peuple, c’est la démocratie directe qui tranchera le Nœud Gordien. Elle le fera en se prononçant sur un grand projet simple, facile à comprendre, impliquant une vision de société. Ce sera pour dire OUI, ou NON, à une Caisse publique (cantonale ou fédérale), ou à une Caisse unique, même si nous avons déjà voté sur ces modèles. Ce sera un vote autour d’un projet de société, plutôt libéral (statu quo, concurrence entre Caisses privées), ou, comme je j’appelle de mes vœux, plutôt étatiste. Ce ne sera pas un vote d’actuaires, ni de spécialistes en assurances sociales, mais une décision souveraine de plusieurs millions de citoyennes et citoyens de ce pays. Et il se jouera, n’en déplaise aux bobos du Marécage, sur une fracture, au sens très large, entre la gauche et la droite.

     

    Rien, en politique, ne se construit autour du centre. C’est une grande illusion, macronienne, que de croire en ce mythe. En Suisse, en Allemagne, en France, en Italie, il faut d’abord arriver dans l’arène avec des idées claires, courageuses. On se combat. Et si on fait des compromis, c’est après la lutte, et non béatement, au début. Parfois, la gauche gagne, parfois la droite. Et cet antagonisme, parfaitement décrit par Karl Marx dans tous ses livres, et même déjà dans ses articles de jeunesse en Rhénanie, ce combat, ces étincelles, c’est justement cela, la démocratie. Elle se nourrit d’idées, et il est totalement légitime que ces idées soient contraires les unes aux autres. Le peuple fait la synthèse. En Suisse, il est incroyablement rompu à cette sagesse, donnant parfois des gages aux forces de progrès (13ème rente AVS, 3 mars 2024), parfois à celles de la conservation, voire de la tradition. La gauche, la droite, plus que jamais, sont des clefs de lecture pertinentes dans l’action politique. Elles ont, l’une comme l’autre, leur place dans la Suisse d’aujourd’hui.

     

    Pascal Décaillet

  • EFAS : je rumine un OUI

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.10.24

     

    La réforme du financement des soins, résumée dans l’acronyme « EFAS », sera soumise au peuple suisse le 24 novembre. C’est un paquet complexe, fruit de quatorze années de travail parlementaire. Ses chances de passer sont tout, sauf garanties : lorsque le peuple ne comprend pas, ou se trouve placé face à un objet touffu, il vote NON. Et il a bien raison.

     

    Mais les lois de la communication ne doivent pas nous dissuader d’entrer intellectuellement dans le projet. J’ai pris le temps de me livrer à cet exercice, en profondeur, et j’ai trouvé à EFAS quelques vertus. En uniformisant le financement des soins (hospitaliers, ambulatoires, longue durée), il peut permettre des économies. Ça n’est pas le Pérou. Ça n’est pas le projet du siècle. Mais ça n’est pas rien, pour autant. Bref, je rumine un OUI.

     

    Surtout, je m’étonne : en vertu de quels critères le Conseil d’Etat genevois, à majorité de droite, recommande-t-il le NON ? On sait que le ministre de la Santé lance le grand chantier d’une Caisse publique, et il a raison. Mais dire OUI à EFAS n’est nullement antinomique d’un OUI, plus tard, à un système où l’Etat retrouve enfin son rôle.

     

    Bazarder EFAS, qui a des qualités modestes mais réelles, dans l’idée de ne pas griller, pour plus tard, la Caisse publique, est une erreur. Dans le domaine de la santé publique, toute bonne idée doit être saisie.

     

    Pascal Décaillet