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Commentaires GHI - Page 14

  • Les Verts : une défaite amplement méritée !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.11.23

     

    Depuis de longues années, dans ce journal et ailleurs, je livre une analyse sévère et sans concessions de l’action politique des Verts. Ce regard critique, je l’ai exercé, sans faillir, du temps de leur splendeur. Nous n’étions pas beaucoup, dans la presse romande, à refuser de nous pâmer devant la vague Verte, refuser de reprendre leurs mots, leurs mantras, leur liturgie, refuser d’encenser leurs grandes figures. Il fallait, partout dans la société suisse, adhérer à la grande secte de ceux qui parlent Vert, pensent Vert, disent « climat » dans chaque phrase, et « transition » toutes les trente secondes. Oui, nous sommes quelques-uns à avoir dit non. Nous nous sommes dérobés à la prière. Nous avons décliné la génuflexion. Nous avons renoncé à l’obédience. A ce parti que tous encensaient, nous disions nos quatre vérités.

     

    Et maintenant ? Au lendemain de la défaite sans précédent qu’ils ont essuyée aux élections fédérales, nous n’enfoncerons par le clou. Le peuple genevois, le peuple suisse, ont tranché. Au niveau fédéral, ce parti n’atteint même pas les 10% sous la Coupole, à Berne : moins d’un votant suisse sur dix a voté pour les Verts ! Nous pourrions en faire un slogan. Nous saurons nous en abstenir. Maintes fois, nous avons soutenu, ici et ailleurs, des positions éditoriales minoritaires dans la caste des journalistes, maintes fois le peuple et les cantons nous ont donné raison, comme ce 9 février 2014, sur l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse. Dont on attend toujours, au passage, un embryon de mise en oeuvre. Alors oui, seul contre tous, nous savons l’être. Les attaques, les pressions, ne nous font pas peur.

     

    Reste l’analyse de la défaite. Les Verts sont des gens intelligents. Il leur appartient de mener le débriefing. Cette catharsis interne est leur affaire, pas la nôtre. Tout au plus, en passant, mentionnerons-nous l’absolue nécessité de s’interroger sur les origines philosophiques de ce parti, passionnantes d’ailleurs, complexes, décentralisées, plus proches de la pensée libertaire (on pourrait remonter à Fourier) que des programmes politique articulés sur l’Etat, comme le sont ceux des radicaux et des socialistes. Au point qu’on peut se demander si les Verts, en Suisse comme ailleurs (ne parlons pas de la France, où le pataquès les rend illisibles) ont vraiment vocation à être un parti politique, au sens traditionnel. On les sent plus proches de l’effervescence associative, des groupements communautaristes. L’Etat n’est guère leur affaire, ils sont sociétaux. C’est une tradition. Elle n’est pas la mienne. Elle n’est pas celle, non plus, de plus 90% de nos compatriotes, au niveau fédéral. Voyez, on peut être minoritaire dans sa profession, dans le milieu des chroniqueurs ou éditorialistes, et parfaitement majoritaire dans le peuple suisse. Laissons donc les Verts tirer, entre eux, les leçons de leur Waterloo électoral. Et tournons-nous vers les authentiques préoccupations de nos concitoyens : la fin du mois, avant la fin du monde.

     

    Pascal Décaillet

  • Rôle de composition

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.11.23

     

    J'ai toujours été contre la collégialité. C'est juste un truc pour faire croire que les gens, au sein d'un gouvernement, s'entendent bien. La vérité, c'est qu'il ne se supportent pas mutuellement, voire se détestent. Un éminent Conseiller d’Etat radical, ayant aussi été Maire de Genève et Conseiller national, me l’avait dit dans le train Berne-Genève, le 4 décembre 2002, au retour de l’élection d’une Conseillère fédérale genevoise.

    La collégialité : un artifice, inventé par la Suisse gentille et prospère de l'après-guerre, pour cimenter d'improbables cabinets de rencontre, où aboutissent des hommes et des femmes n'ayant rien à voir entre eux. Ils sont là sous le seul prétexte de "représenter" une tendance, une langue, un parti, une sensibilité. Alors, entre "représentants", ils feignent une inexistante communauté de valeurs. La Suisse est une grande démocratie, sauf pour la formation de ses exécutifs.

     

    Ils se détestent. Et ne partagent absolument pas les mêmes valeurs. Dès lors, pourquoi le Conseiller fédéral UDC Albert Rösti défend-il sans broncher le tiède projet de son collège, faire baisser la redevance radio-TV à 300 francs (contre 335 aujourd’hui), plutôt que l’initiative de ses propres milieux, qui veut 200 francs, pas un centime de plus ? Ce rôle de composition est dérisoire. Il ne dupe personne. Une rupture de collégialité aurait été mille fois plus claire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Pas un seul centime pour les médias !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.11.23

     

    Depuis près de quarante ans, je suis journaliste. J’ai tout donné à ce métier, qui me passionne. Journaliste politique, je me bats, depuis des décennies, en radio, en télévision, dans la presse écrite, pour faire connaître les enjeux de la Cité, donner aux gens le goût de la chose publique. Je n’ai jamais pratiqué d’autre forme de journalisme, jamais touché à la vie privée. Je m’intéresse à l’espace commun. On ne me soupçonnera donc pas de vouloir saper l’expression publique des idées, le combat des points de vue, la mise en énergie des antagonismes. Au contraire, j’en appelle à l’Histoire, aux antécédents, à la culture, à la connaissance. Bref, je crois faire, depuis toujours, ce qu’il est convenu d’appeler du service public.

     

    Pour autant, sur un point, je suis inflexible : pas un seul centime d’argent public ne doit aller aux médias. Ni aux radios, ni aux TV, ni à la presse écrite, ni aux sites internet. Pour la redevance, dont on parle tant ces jours, je ne veux ni le statu quo à 335 francs par an, ni les 200 francs de l’initiative, ni la poire pitoyablement coupée, par le Conseil fédéral, à 300 francs. Je ne veux pas de redevance du tout ! Ni pour la SSR, ni pour personne. Et pour l’écrit, aucune espèce de subvention d’Etat, ni des Villes, ni de la Confédération : pas un seul kopeck d’argent des contribuables ! Ces derniers, s’ils veulent accéder à des articles, ou des émissions, des sites, et si ces offres ne sont pas gratuites, eh bien qu’ils payent !

     

    Je ne demande pas la fin de la SSR. Elle peut parfaitement continuer d’exister, si elle y tient, mais en rendant ses programmes payants. Et, pourquoi pas, au prix de l’actuelle redevance (335 francs par an) pour accéder à tous les programmes. Ou même plus cher, au prix qu’elle voudra, et qui sera accepté ou non par les gens, qui pourront choisir d’accéder aux offres SSR, sans être captifs d’une « redevance » plus proche de la Gabelle d’Ancien Régime que du 21ème siècle. Bref, on paye ce que l’on consomme, on ne débourse pas pour satisfaire à une taxe. Dieu sait si je ne suis pas libéral, si je suis pour l’Etat, pour la chose publique, mais il est les domaines où l’Etat doit agir, le régalien par exemple, et d’autres où il n’a strictement rien à faire.

     

    Quant aux médias, ils ne doivent en aucun cas compter sur une quelconque subvention d’Etat. Celui qui paye, commande : un jour ou l’autre, tel député, tel conseiller national, tel ministre, vous fera sentir qu’une partie de votre financement vient de lui, et qu’il faudrait songer, dans ces conditions, à ne pas trop l’égratigner, à bien l’inviter, bien lui donner sa visibilité. Le seul moyen d’échapper à ce rapport malsain, c’est de couper toute source de financement d’un média avec de l’argent public. Quant à l’argument du « service public », laissez-moi rire : qui, aujourd’hui, l’assume le mieux ? La SSR, ou certaines chaînes privées ? Allez, je lance un nom, au hasard : Léman Bleu. Excellente semaine !

     

    Pascal Décaillet