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Commentaires GHI - Page 15

  • Machine à invalider

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.11.23

     

    Nous sommes en Suisse, nous avons un trésor : la démocratie directe. Le droit, notamment, pour n’importe quel groupe de citoyens, de lancer une initiative. Cet acte-là est sacré. Une poignée donne rendez-vous, un beau dimanche, à la totalité du corps électoral. C’est l’instrument de rêve pour la démocratie venue d’en-bas, la démocratie totale, celle qu’esquisse Jean-Jacques Rousseau, tellement jalousée par les élus, les corps intermédiaires, toute la cléricature de la « démocratie représentative ».

     

    Cet acte sacré, le nouveau Conseil d’Etat, à peine au sixième mois de son mandat, le bafoue. Avec une dextérité de pachyderme, il manie le ciseau d’Anastasie, le nom qu’on donnait à la censure du temps de Clemenceau, dans la Grande Guerre. Et ces initiatives, qui ont dûment obtenu les signatures pour que le peuple vote, il se contente, lui l’exécutif, de les « invalider ». D’un geste. Arrogant. Comme une chiquenaude.

     

    Il a invalidé l’initiative du MCG sur les frontaliers. Il a invalidé celle de l’Union populaire sur la gratuite des crèches. On peut discuter de ces textes, et justement on aimerait bien en débattre, entre citoyennes et citoyens, puis un jour trancher : c’est justement cela, la démocratie suisse ! Mais non, l’exécutif coupe. Il castre. Et chaque fois qu’il actionne la lame, il s’affaiblit lui-même. Encore quatre ans et demi à tirer.

     

    Pascal Décaillet

  • Adieu les wokistes, adieu les Philippulus !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.11.23

     

    Le 22 octobre, la droite conservatrice a gagné. Et les Verts, sociétaux et wokistes, ont perdu. Le parti socialiste, grande formation, solide et profondément respectable, qui appartient de plein droit à l’Histoire de la Suisse moderne, se maintient dans sa deuxième place à Berne, loin derrière l’UDC, mais devant le PLR et les roseaux fluctuants du Marais centriste. Peu de grands changements, à vrai dire : j’avais rappelé, pendant toute la campagne, que les grandes masses tectoniques de notre relief politique, entre partis gouvernementaux, demeureraient les mêmes, dans le même ordre. Tout au plus, quelques ajustements. Pour les Verts, une défaite, largement méritée.

     

    J’ai suffisamment dénoncé, dans ses heures de gloire, parfois bien seul dans la foule de ses courtisans, les dérives de ce parti, pour l’accabler aujourd’hui. Les Verts sont des gens intelligents, ils tireront les leçons de ce Waterloo électoral, comprendront qu’il faut moins de morale, moins de prophéties d’Apocalypse, pour convaincre le rude bon sens des citoyennes et citoyens de notre pays. Intelligents, oui, en tout cas la plupart de ceux que je connais, et justement ces liturgies de prêt-à-penser, ces mots du rituel obligatoire, répétés à l’envi, « climat », « transition », comme des incantations, ne sont pas dignes du degré de formation dont sont dotés les membres de ce parti. À eux de faire le ménage. S’ils omettent de remettre à leur place, en leur sein, la bande de wokistes, de « chercheurs en sciences sociales », de déconstructivistes, de Philippulus du climat, alors eux, les Verts, disparaîtront de notre paysage politique. D’autres partis, autrement plus importants que le leur, ont eu ce destin : le parti radical, en France, après la guerre, par exemple.

     

    Maintenant, il faut être clair. La droite conservatrice a gagné. La droite libérale a perdu. La gauche est plus que jamais minorisée. Le signal est donné. La volonté populaire, exprimée avec clarté le 22 octobre, doit être suivie d’effets. Le peuple suisse n’élit pas ses représentants à Berne, tous les quatre ans, pour que tout reste comme avant, comme si aucune inflexion n’avait été exigée par le souverain. Donc, la Suisse doit avoir, pour ces quatre ans, une politique de droite. Oh, pas la droite des golden boys, ceux-là aussi ont fait leur temps ! Non, la droite populaire et sociale, aimant le pays, le travail, la qualité des finitions, la cohésion nationale. Mon deuxième message, ici, s’adresse aux vainqueurs : l’UDC doit s’abstenir de toute arrogance, prendre ses responsabilités, appliquer son programme, empoigner le dossier de l’immigration, trouver des solutions dans le domaine de l’énergie, demeurer joyeuse et populaire, mais avec un sens accru des responsabilités. Il n’est jamais simple de gagner une élection : c’est là, en général, que les emmerdes commencent à pointer leur nez. Et, comme le disait le regretté Jacques Chirac, elles ont tendance, comme les oiseaux migrateurs, à arriver en escadrilles. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet

  • À nos morts

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.11.23

     

    Le 1er novembre, c’est la Toussaint. Et le 2, c’est le Jour des Morts. C’est l’automne, saison des brumes et du retour de la froidure, un temps réputé triste. C’est la saison du souvenir.

     

    Un être humain, c’est une mémoire. Des traces, des cicatrices, des joies et des douleurs enfouies, des ruptures marquantes, la nostalgie des êtres chers. Ses parents. Ses proches. Ses amis. Je crois bien, pour ma part, passer plus de temps à frayer avec le passé qu’à vivre le présent.

     

    Nous vivons tous avec nos morts. Les êtres que nous avons aimés, ou admirés, ou même simplement ceux que nous avons côtoyés, sont encore là. Le dire n’est ni acte de foi, ni superstition. Juste la reconnaissance d’un legs. La grande question de la vie humaine, c’est la présence de l’Autre. On peut l’écarter, en s’isolant. On ne l’abolira pas pour autant.

     

    Nos morts sont là, quelque part. Ils nous accompagnent. Quelques notes de Haendel, et c’est la vie d’un arbre qui resurgit, à travers la grâce de son ombre. Quelques notes de Bach, et c’est la vie humaine qui revient. Ce début novembre est peut-être une période de nostalgie, au milieu des ultimes feux de l’automne. Mais il est aussi présence, intensité, puissance de la mémoire, reconnaissance d’une filiation. L’été nous exalte. L’automne, profondément, nous humanise. A nos morts, amour et reconnaissance.

     

    Pascal Décaillet