Commentaire publié dans GHI - Mercredi 29.01.25
La première chose à faire, c’est se calmer un peu avec l’anglais, et réhabiliter nos langues continentales : le français, l’allemand, l’italien et tant d’autres. Que les Britanniques parlent anglais avec les Américains, ou leurs anciens dominions, c’est une chose. Que cette langue soit, depuis 1945, imposée à l’Europe continentale, en est une autre. Il n’y a strictement aucune raison pour que cette langue, parlée par un pays insulaire externe à notre continent, exerce un tel empire sur l’Europe.
L’exemple le plus délirant ? Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, fait ses discours en anglais. Elle est Allemande, parle admirablement cette magnifique langue, avec toute la grâce des gens issus de la Basse-Saxe, elle parle aussi un français impeccable, alors pourquoi diable des allocutions officielles dans la langue d’un pays n’appartenant plus à l’UE, alors que la France et l’Allemagne en sont membres fondateurs ?
Pourquoi ? Mais pour une raison simple : Mme von der Leyen ne s’adresse pas aux peuples d’Europe. Mais aux suzerains anglo-saxons. Ou à la caste des diplomates occidentaux, qui sont au tragique de l’Histoire ce qu’une valse viennoise est au destin des Habsbourg. Madame la Présidente, parlez allemand ! Parlez français. Parlez italien. Parlez grec, sublime langue. Soyez d’Europe. Ne vous comportez pas comme un vassal de l’Oncle Sam, ni de l’Union Jack.
Pascal Décaillet
Commentaires
Malheureusement la réalité nous démontre quotidiennement que nous sommes de plus en plus nombreux à nous exprimer en anglais et bien souvent dans un anglais rudimentaire. Ne croyons pas que l'anglais est une langue accessible à tous. Lorsqu'on veut maîtriser cette langue, cela requiert une très bonne connaissance de sa grammaire. Trop de journalistes utilisent des anglicismes par paresse et seraient parfois incapables de trouver la bonne formule en français. Quant à Madame von der Leyen, vous avez tout à fait raison et par ses récentes décisions, elles nous prouve qu'elle se soumet aux dictats de Monsieur Trump.
Dans un sens presque tout vient du grec, donc anglais, français ou italien ne changent pas grand chose. Mais pourquoi pas avoir le grec comme langue globale, bon on peut toujours rêver. Mais c’est sûr parler le franglais est pénible.
Excellent billlet, qui met le doigt sur une injustice crasse à laquelle consent malheureusement une majorité de ses victimes. Et dire que l’anglais n’est aujourd’hui langue officielle que dans deux pays de l’UE, l’Irlande et Malte.
Mme von der Leyen a sans doute choisi l’anglais en estimant qu’ainsi une majorité d’auditeurs la comprendrait. Il s’agit d’ailleurs plutôt du « globish » qui, ô ironie, oblige les anglophones à s’abstenir d’utiliser tous les registres de leur belle langue sous peine d’être incompris.
Au début du XXe siècle, alors que l’anglais était loin d’avoir son rôle actuel, une alternative avait été proposée: l’espéranto. Cette langue auxiliaire est facile à apprendre: 16 règles sans exceptions, pas de problème d’orthographe, et surtout elle est neutre. Lors de la création de la SDN, il a fortement été question d’adopter l’espéranto comme langue de travail, une commission l’avait recommandé à la majorité, avec le soutien de grands pays comme le Brésil et la Chine. Comme vous le savez, M. Décaillet, vous qui êtes féru d’histoire, cette proposition a été refusée en Assemblée générale en 1922, sous la pression de la France, qui pensait que seule sa langue devait être celle des diplomates.
L’espéranto est toujours une langue vivante et disponible !