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Commentaires GHI - Page 19

  • Rougeaud, paysan, visionnaire

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.11.24

     

    Il est paysan, vigneron, le teint toute l’année rôti par le travail à l’extérieur. Il est souriant, toujours de bonne humeur. Il est, surtout, incroyablement bosseur. C’est sa très grande force. Je connais peu d’invités piochant à ce point, en amont des débats que j’organise tous les soirs dans « Genève à Chaud », les thèmes annoncés. Lionel Dugerdil, Président de l’UDC genevoise, est l’une des révélations politiques de ces deux ou trois dernières années.

     

    Il l’est, par sa personne, joviale et avenante. Mais il l’est, bien plus encore, par son positionnement politique. Un homme de droite, c’est absolument certain, attaché à sa terre, aux traditions. Mais d’une droite qui combat le libéralisme agricole, et plus généralement les accords de libre-échange. Un paysan, au regard suffisamment ouvert pour défendre aussi, et avec quelle vigueur, l’industrie suisse, l’acier, l’aluminium, Stahl Gerlafingen (Soleure), Swiss Steel (Lucerne), ou encore le verre de Vetropack (Saint-Prex).

     

    Bref, un regard politique général, cohérent, qui va bien au-delà de la seule défense corporatiste de la paysannerie. Tout comme un Willy Cretegny, autre personnalité attachante et atypique de la vie genevoise, Lionel Dugerdil vient de la terre, mais sa vision est globale. C’est une chance, pour Genève, d’avoir des profils de ce genre. Ça nous change des ultra-libéraux. Et des boursicoteurs.

     

    Pascal Décaillet

  • La droite non-libérale, ça existe!

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.11.24

     

    Depuis la chute du Mur de Berlin (9 novembre 1989), nous avons eu 35 ans de tyrannie des néo-libéraux en Europe. Les ultras. Ceux qui nous ont annoncé la « victoire définitive du capitalisme » (l’une des pires fadaises de la fin du vingtième siècle), la « fin du communisme », la fin prochaine des nations, des frontières, au profit de conglomérats continentaux, voire d’une « gouvernance mondiale ». Surtout, la fin de l’Etat, au profit du nouveau Veau d’or, le « marché », sanctifié. En clair, une apologie de la seule réussite individuelle, à la californienne, à la berlusconienne, la fin de tout projet collectif. La fin de tout ce que notre vieille Europe a construit, en vingt siècles, avec les grands Ordres chrétiens, puis la Réforme, puis la Révolution française, les Constitutions républicaines, la protection des ouvriers, des plus faibles, en un mot la civilisation, contre la jungle.

     

    Je suis un homme de droite. Mais, de toute mon énergie, j’ai toujours violemment rejeté cette droite-là. En clair, je suis d’une droite non-libérale. Pour la nation. Pour les patriotes. Mais aussi, pour la cohésion sociale, la répartition des richesses à l’intérieur de la communauté nationale, la protection des faibles. Je n’ai, de toute ma vie, jamais établi la moindre différence entre les humains en fonction de leur richesse, de leur pouvoir (quelle horreur, le pouvoir !), de leur statut social. Je m’adresse à tous de la même manière. En économie, je place au premier rang ceux qui produisent, donc les paysans, les ouvriers, les artisans. Et ma reconnaissance s’adresse en priorité à ceux qui exercent les fonctions les plus modestes. Je ne supporte pas l’arrogance des possédants, ni celle des puissants. Ai-je été assez clair ?

     

    Il est temps, en Suisse comme ailleurs, d’affirmer, haut et fort, l’existence d’une droite non-libérale. Attachée à notre magnifique patrie suisse, à son fédéralisme, à sa démocratie directe, aux droits du peuple, à nos langues, nos textes, nos rebelles, notre nature, nos paysages. Tout cela définit un horizon commun, là où le néo-libéralisme, chantre apoplectique de la réussite individuelle, n’entrevoit que l’enrichissement personnel par écrasement d’autrui. Non, non, et non ! La droite suisse, tout en défendant l’indépendance et la souveraineté, doit absolument maintenir l’idée d’un projet collectif pour le pays. En aucun cas, la gauche ne doit avoir ce monopole. Car le combat politique est choc de visions, cliquetis étincelant d’idées antagonistes, c’est cela la démocratie, et surtout pas le calme plat. Un pays sain est un pays où on s’engueule, à l’interne, pas celui où on roupille !

     

    Pensez à Franz Weber, pour moi l’un des plus grands Suisses de l’après-guerre. Pensez à cet homme, ses saintes colères, sauver Lavaux, sauver Delphes, sauver la part en nous de beauté, de sacré, d’oraculaire. Il était, lui aussi, une Pythie. L’étrange prêtresse de Delphes qui secouait les consciences. Nous avons besoin, en Suisse, de ces voix-là, rebelles et sacrées.

     

    Pascal Décaillet

  • Maudite géométrie !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.11.24

     

    Elle est intelligente, cultivée, souriante, lucide, bosseuse. Mais elle a un grand problème, Natacha Buffet-Desfayes : elle n’est pas de gauche. Quand on se présente à l’exécutif de la Ville, c’est rédhibitoire.

     

    Elle est enseignante, passionnée par son métier, articulé autour de ces branches majeures que sont le français et l’allemand. Elle a lu Thomas Mann, sait de quoi elle parle quand elle évoque le Zauberberg. Elle est ouverte à toutes les formes de culture, elle veut les encourager. Mais hélas, Natacha n’est pas de gauche. Nul n’est totalement imparfait.

     

    Elle est, profondément, radicale. Elle croit en l’Etat, en sa mission régalienne, notamment dans le domaine de la formation, qui lui est si cher. Il y aurait là de quoi rallier des voix de la gauche intelligente. Mais ne rêvons pas : Natacha n’en aura aucune, elle n’est pas estampillée, elle n’est pas de la famille. Elle n’est pas de gauche.

     

    Elle a gravi tous les échelons. Le Municipal de Corsier, puis celui de la Ville, puis le Grand Conseil, où elle est cheffe de groupe. Elle est compétente, documentée, précise, toujours courtoise dans les débats. Mais elle a commis l’irréparable, Natacha : elle est peut-être la Femme sans ombre, celle de Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal. Oui, mais voilà, elle n’est pas de gauche. Maudite géométrie !

     

    Pascal Décaillet