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Commentaires GHI - Page 64

  • Zigomars

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.03.23

     

    Coûts de la santé, retraites, mouvements migratoires, approvisionnement en énergie : le sondage national Tamedia, publié ce lundi 27 février, est sans appel. Il rétablit enfin les vraies préoccupations de nos compatriotes, en Suisse, dans un ordre qui n’a rien à voir avec la mode sociétale, celle des bobos, des chercheurs en sciences sociales de l’Université de Lausanne, omniprésents dans nos médias de Suisse romande, ou du grand Marais centriste qui prétend abolir la gauche et la droite.

     

    Prenez les migrations. Il existe encore une bande de zigomars, en Suisse, qui refusent tout débat sur le sujet. Il faudrait le taire. Enterrer la décision du peuple et des cantons, le 9 février 2014, sur l’immigration de masse. S’étouffer de silence, dès qu’un commensal, dans un banquet, s’aventure à évoquer les problèmes posés à notre pays par une pression migratoire trop forte. Bref, il faudrait noyer le problème. Et se la coincer.

     

    Eh bien cher amis, ça n’est pas mon genre. Les problèmes, on en parle. Toutes les opinions ( je dis bien : toutes), on les laisse s’exprimer. La colère du peuple face à la trahison des clercs, on ne l’empêche pas de surgir. Le bobo douillet, on lui apprend à vivre. Les belles voix graves, noires de fureur, on les laisse poindre. On ne censure pas. Les gens qui se lèvent le matin pour aller bosser, triment toute leur vie, ne parviennent pas à mettre un sou de côté, on les laisse gueuler, eux aussi. Et cette fois, enfin, on les écoute. Bonne semaine !

     

    Pascal Décaillet 

     

  • Le débat, c'est fini. Place au combat !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.03.23

     

    A l’école, on nous apprend à argumenter. Je me souviens, dès l’âge de treize ans, de mes premières dissertations : que pensez-vous de la peine de mort ? J’étais résolument contre, le suis toujours, mais il fallait entrer dans la mécanique ternaire, un peu convenue, thèse, antithèse, synthèse, où même l’opposant farouche à la peine capitale, que j’étais, devait consacrer un paragraphe aux arguments des partisans. C’était scolaire, ennuyeux à mourir, j’ai très vite préféré l’explication de texte : on prend le passage d’une œuvre, on le décortique, on tente de dégager les ressorts du langage, l’usage des mots, le rythme, les silences, la musique des syllabes, le processus d’écriture.

     

    Thèse, antithèse, synthèse : c’était très bateau, comme exercice, mais c’était réputé avoir la vertu de nous faire entrer dans la pensée de l’autre. Ainsi, le débat. Radiophonique, télévisé. On prend des gens d’opinions opposées, ils s’expliquent, le ton monte parfois, mais globalement on s’écoute, c’est en tout cas la conception que j’en ai. Mais franchement, à part la catharsis, la vivacité démocratique, la polyphonie, la belle humanité d’une rencontre où des antagonistes se respectent, nul débat ne change la face du monde. Dans l’écrasante majorité des cas, auprès des auditeurs, ou spectateurs, il conforte l’opinion qu’ils avaient déjà.

     

    J’aime organiser des débats. Parce que je suis un homme de voix, de direct, de radio. Mais en même temps, je vois bien que nous entrons dans un autre monde : celui du combat. Il faut être réaliste : les gens s’écoutent de moins en moins. Ils se recroquevillent dans des communautés d’idées, de visions du monde, vitupèrent l’autre en son absence, se confortent mutuellement. Cela s’appelle des meutes. Parfois sauvages, parfois phalanges, parfois joyeuses, jouissant du verbe, parfois décaties, revêches, revanchardes. Nul d’entre nous n’y échappe. C’est la nature humaine, notre nature. C’est la noirceur de chacune de nos âmes, nos cicatrices, nos souffrances, nos amertumes.

     

    Ce repli, l’époque s’y prête. Guerre en Ukraine, promesses d’Apocalypse climatique, communautarisme fragmenté autour de questions « sociétales », exacerbation de tout ce qui touche au genre, à la couleur de la peau : les sujets sont innombrables, où nous n’avons même plus envie d’ouvrir le débat. Mais juste la force, pour les plus déterminés d’entre nous, de livrer le combat. Le désert de la parole partagée précède les guerres. Surgit un moment où l’on parle seulement aux siens, on les compte, on les rassemble. L’ennemi (oui, il faut oser ce terme, et parfois le préférer à celui, trop doux, d’adversaire), on ne lui parle plus. On coupe les canaux de communication. Drôle de guerre ? Oui, Ligne Maginot, ou Siegfried, tranchées, chiens de faïence, le grand silence qui précède les chocs frontaux.

     

    Nous sommes entrés dans ce processus-là. Le temps des soliloques antagonistes se substitue à l’élégance feinte de la disputatio. Le verbe, un jour, deviendra poudre. Et peut-être, un autre jour encore, renaîtra-t-il. Mais ce sera dans un autre monde : celui d’après.

     

    Pascal Décaillet

  • La gauche, la droite : plus vives que jamais !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.02.23

     

    Ils sont nombreux, les nouveaux partis, et même certains sortants, à nous décrire comme archaïque, dépassée, ringarde, la vieille bipolarité entre la droite et la gauche. Après deux siècles de loyaux services, ce binôme n’aurait plus lieu d’être, il représenterait des visions du monde révolues, il serait urgent de lui substituer une dramaturgie politique fondée sur la « concertation », « l’écoute de l’autre », la « recherche de solutions ». Bref, un univers merveilleux, surgi de Merlin l’Enchanteur, où se conjugueraient les qualités du diplomate, du mélomane et de l’amateur d’algèbre. Un monde idéal. Un paradis des bobos.

     

    La réalité politique, économique et sociale, à Genève, en ce printemps 2023, est singulièrement différente. Pour le dire d’un mot, jamais la gauche et la droite n’ont été aussi vivantes, ni aussi fondamentalement opposées l’une à l’autre. Il faudrait certes dire « les gauches, les droites », vous connaissez ma passion pour toutes les nuances de l’Histoire politique. Mais il n’est pas faux, non plus, de constater, à l’intérieur des deux camps, dans les grands moments, face aux défis qui comptent, des facultés à se regrouper.

     

    Regardez les votes du Grand Conseil, soit en plénum, soit (mieux encore) en commissions. Celle des Finances par exemple, qui, chaque mercredi, nous informe (avec une louable transparence) du détail des votes sur les ineffables « crédits complémentaires », véritables rallonges budgétaires constamment demandées par le Conseil d’Etat, et la plupart du temps accordées par quinze roitelets qui se tiennent par la barbichette. Eh bien, ce sont toujours des votes frontaux entre la droite et la gauche. Tout au plus certaines formations illisibles font-elles pencher la balance, lorsqu’il s’agit, par exemple, de cajoler leur clientèle électorale de fonctionnaires.

     

    Et puis, prenons les grands sujets, ceux qui comptent, ceux qui touchent la vraie vie des gens, et pas juste d’infimes minorités, mise en avant par les wokes, les chercheurs en sciences sociales, les universitaires totalement déracinés du réel. Prenons donc les finances. Les PME. Les classes moyennes. La fiscalité. La santé publique. L’éducation et la formation. Le pouvoir d’achat. Sur ces questions majeures, non seulement la gauche et la droite existent plus que jamais, mais se combattent frontalement depuis des années, à Genève. On voit mal en fonction de quel tour de passe-passe ce choc des idées (fort salutaire, dans une démocratie) devrait, au soir du 2 avril, céder la place aux bisounours du grand Marais centriste.

     

    Plus globalement, nous sommes entrés dans un monde où les fronts s’observent, et se parlent de moins en moins : guerre en Ukraine, promesses d’Apocalypse climatique, de chaque côté on se fige, on se rejette. Le temps du dialogue est peut-être derrière nous. Celui des choix clairs, celui d’un camp contre un autre, est tout, sauf révolu. Ceux qui aiment l’affrontement s’en réjouiront. Les enfants du Marais iront se lamentant.

     

    Pascal Décaillet