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Commentaires GHI - Page 64

  • Pour une droite sociale, patriote, populaire !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.08.23

     

    J’ai la réputation d’un homme de droite, et elle est parfaitement exacte. Reste à savoir quelle droite. Premier élément de réponse : en tout cas pas la droite libérale. Tout au moins, dans le sens où ce mot a été dévoyé depuis une trentaine d’années : cet ultra-libéralisme, qui veut dissoudre les Etats, les nations, les frontières, et ne songe plus qu’à la libre-circulation du Capital. Bref, le Veau d’or des golden boys. De toute ma vie, cette conception, d’inspiration anglo-saxonne (qui a causé beaucoup de tort au libéralisme historique, celui d’un Benjamin Constant, d’un Tocqueville, d’un Olivier Reverdin), n’a jamais été mienne. Oh, je suis entrepreneur depuis bientôt 18 ans, je défends à fond les PME, l’économie locale, le travail, la confiance entre partenaires. Mais désolé, il me faut l’Etat. C’est mon côté radical. On ne se refait pas.

     

    L’une des grandes figures que j’admire, c’est Bismarck. Parce qu’il a fait l’Unité allemande, certes. Un peu moins pour sa guerre contre la France, en 1870. Mais à vrai dire, pour une tout autre raison, hélas moins connue du grand public : le souci constant, chez ce hobereau prussien, d’accompagner la puissance de l’Etat d’un réseau exceptionnel (et, pour l’époque, totalement novateur) de protections sociales, d’assurances des ouvriers contre la maladie, l’accident. Et, en Europe, le premier système de retraites, plus d’un demi-siècle avant la Sécurité sociale en France (1945) ou l’AVS en Suisse (1947). Je vous encourage à lire toutes les biographies de Bismarck, vous y gagnerez en vision. Avec mon épouse et ma fille cadette, qui vit et enseigne à Bochum, dans la Ruhr, j’ai eu l’occasion de visiter, en juillet, le fabuleux Musée de la Mine : allez tous le voir, vous comprendrez le capitalisme rhénan et ses inflexions sociales, depuis la Révolution industrielle.

     

    Ce que j’admire en Suisse, c’est l’AVS. Deux ans après la guerre, il y a 75 ans, nos pères (ou grands-pères) ont su inventer un système d’Etat, unifié, pour couvrir les retraites. Trois quarts de siècle plus tard, la droite que je prône est patriote, intransigeante, mais elle est populaire, joyeuse, simple (je déteste les arrogances de classes). Et surtout, elle est sociale. Ne surtout pas laisser à la gauche le monopole de la réflexion sur la répartition des richesses, l’égalité des chances, les systèmes de santé, les retraites. D’autant qu’une partie de la gauche, hélas, n’aborde même plus ces thèmes, tant elle est vermoulue par les questions liées au genre, à la couleur de la peau, à la relecture anachronique de l’Histoire, sans restituer le contexte historique, bref la grande errance wokiste. Alors, laissons la gauche s’empêtrer dans la mode et le vent, et construisons en Suisse une droite de la Patrie, du Patrimoine, de la qualité dans les relations du travail, de la solidarité envers nos compatriotes les plus démunis. Je suis citoyen suisse. Je vote depuis 45 ans, je n’ai quasiment jamais manqué un scrutin. J’ai consacré ma vie à faire connaître la politique. J’ai des idées. Je les exprime. C’est tout.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'homme qui gagne

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.06.23

     

    Il ne fait ni bruit ni ramdam, ne prétend pas refaire le monde, il agit. Thierry Apothéloz, en ce début de législature, la deuxième pour lui au Conseil d’Etat, est l’homme qui marque des points dans le collège gouvernemental. Devant le Parlement, il gagne, tout dernièrement encore avec la loi sur l’aide sociale et la précarité. Toute de lenteur et de patience, la méthode de ce vieux routier de l’exécutif impressionne par la qualité du maillage, le temps accordé à la constitution du réseau, la discrétion dans l’action politique. L’efficacité, plutôt que le clinquant.

     

    Apothéloz, vingt ans d’exécutif. Quinze ans à l’exécutif de Vernier, deuxième ville du canton, longtemps la quatrième de Suisse romande. Et puis, cinq au gouvernement genevois. Une connaissance rare, en profondeur, des Communes et des institutions genevoises. L’homme est discret, toujours aimable. Il est socialiste, et d’un ancrage viscéral, mais ne passe pas son temps à moraliser. En silence, il se fixe des objectifs, et prend le temps de les atteindre. Beaucoup de temps. Trop, disent ses adversaires, y compris à l’interne, qui auraient voulu un peu plus de mouvement dans la première législature. Lui patiente, et laisse mûrir.

     

    Ainsi, dans ce gouvernement de droite, face à un Parlement de droite, voici un ministre de gauche, fort bien réélu, qui fait son boulot, ne se laisse pas démonter, n’élève pas la voix. Et réussit à avancer. On partage ou non ses convictions. Mais la méthode est redoutable. Et pourrait servir d’exemple.

     

    Pascal Décaillet

  • Être entrepreneur : solitude et responsabilité

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.06.23

     

    Avoir une entreprise à soi, sous certains aspects, c’est rien que des emmerdes. Du souci, 365 jours par an. Tu es seul, par exemple, après avoir eu l’honneur et la joie d’avoir eu des employés, plusieurs années. Tu es seul, tu fais tout toi-même, parce qu’au fond, tu n’as jamais rien su déléguer. Jamais voulu. Jamais pu, c’est plus fort que toi. Tu n’as confiance qu’en toi-même, c’est une limite évidemment, une immense lacune, mais c’est ainsi, on ne refait pas la nature des gens. C’est très orgueilleux : tu considères que le boulot ne sera bien fait, dans ses finitions, que si ça vient de toi. C’est évidemment faux, objectivement, plein de gens sont très qualifiés, tu le sais avec la tête, mais ton bide te dit de t’en passer.

     

    Tu fais tout toi-même, parce que tu te sais capable du meilleur comme du pire. Pour le meilleur, tu te féliciteras, pour le pire tu te passeras une monumentale bordée. A toi-même ! C’est pas loin de la folie, la part de parano y est immense, ai-je bien fermé la porte du bureau en partant, les fenêtres, éteint les ordinateurs ? De l’extérieur, tu passes pour un cinglé de première, un vieux maniaque, vermoulu de petites habitudes, qui te rongent de l’intérieur, comme un nid fébrile d’aiglons affamés. Tu ne penses qu’à une chose : accomplir la mission. L’intendance ? Non seulement tu ne la sous-estimes pas, mais elle est capitale ! Correspondance, réseau, collecte d’informations, qualité des renseignements recueillis, comptabilité, ménage. Pour ma part, j’adore cette routine, lui accorde autant d’importance qu’aux actions visibles.

     

    Cette valorisation des actes simples, basiques, présente un avantage : elle t’amène à un immense respect pour tous les métiers du monde, à commencer par les plus ingrats, les plus modestes. Tu parles à tous de la même manière, au nettoyeur comme au grand patron. Tu considères les humains comme égaux. Tu n’établis aucune hiérarchie en fonction de la condition sociale. Tu respectes toute personne accomplissant un boulot pour gagner sa vie, entretenir les siens. Du travail, tu as gardé la veille conception biblique, héritée de la Genèse, lorsqu’il faut quitter le Paradis : « la sueur de ton front ». Mais ton boulot, tu l’aimes, toi, tu t’y réalises. C’est plus facile que pour une tâche physiquement éreintante, et mal considérée. Pour cela, oui cette jouissance par le labeur, tu es un privilégié.

     

    Tu es seul, mais avec tes partenaires tu dois entretenir la confiance. Dans le monde du travail, elle est essentielle. Respect mutuel, tenir les délais, qualité des finitions, sens tout helvétique de l’exactitude. Là aussi, c’est la base : tu n’inventes rien, tu ne refais pas le monde, tu ne prétends par révolutionner l’univers de l’entreprise avec des mots de snobinards de cocktails, comme « start-up ». Non. Tu fais le boulot. Tu y prends du plaisir. Tu accomplis ta mission.

     

    Pascal Décaillet