Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 66

  • Budget : aux oubliettes !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.09.22

     

    420 millions de déficit, et pourtant 488 nouveaux postes de fonctionnaires à créer ! La catastrophe portée en elle-même par le projet de budget 2023 du Canton de Genève, c’est le choc de ces deux chiffres. L’oxymore. Le choc des contraires. Le jet d’électrons, celui qui fait boum.

     

    Ce budget, officiellement « du Conseil d’Etat », c’est évidemment celui de la majorité gouvernementale de gauche : quatre ministres sur sept, deux Verts et deux socialistes. Collégiale à souhait, femme d’Etat dans son calme face à la tempête, Nathalie Fontanet présente les chiffres à l’opinion publique, assume, même si on imagine assez facilement sa désapprobation, en son for.

     

    Car ce budget de gauche est une provocation, il n’y a pas d’autre mot. Quand on plonge à ce point dans les chiffres rouges, pour mille raisons (dont certaines avouables : Covid, accueil des réfugiés), on ne vient pas demander la création de 488 nouveaux postes ! Chacun de nous tient le budget de son ménage. Certains d’entre nous (j’en fais partie) doivent boucler celui de leur entreprise. Une règle est simple : on ne dépense pas ce qu’on ne possède pas !

     

    Je suis formel : pas un seul centime d’emprunt, ni de dette, c’est le début de la fin. Je vieux bien passer pour un vieux ringard, timoré, recroquevillé, envoyez-moi les mots d’oiseau que vous voudrez, c’est ma conception de la gestion. Et une chose est sûre : réclamer 488 nouveaux postes quand on affiche un déficit de 420 millions, c’est avoir perdu tout sens de la mesure. En l’état, ce budget doit être jeté aux oubliettes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ces libéraux qui vont tuer la droite

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.09.22

     

    Le marché, le marché, le marché. L’incantation, dès le début années 1990, il y a trente ans donc, des ultra-libéraux. Cette petite coterie d’inspiration anglo-saxonne, ne jurant que par la réussite individuelle, le pouvoir de l’argent, la primauté de la finance sur l’économie, la jouissance ludique de la spéculation boursière. D’inspiration reaganienne, thatchérienne, allant puiser dans les moins avouables pulsions de ces deux traditions, ces petits marquis, à la fois libertaires et boursicoteurs, se sont mis, il y a trente ans, à nous faire la leçon. Ignares de l’Histoire, de sa dimension tragique, ils considéraient la chute du Mur de Berlin (9 novembre 1989) comme l’ouverture d’une nouvelle ère, la fin de l’Histoire justement, le triomphe du capitalisme dans sa pire version, qui n'est certainement pas rhénane, mais londonienne ou new-yorkaise. Eux-mêmes se définissaient comme cosmopolites, citoyens du monde, dégagés des racines nationales, libérés des patries.

     

    Aujourd’hui, la chansonnette de ces quelques drôles s’est certes un peu atténuée, tant ils ont accumulé les défaites, la crise de 2008 au premier rang d’entre elles. Mais tout de même, certains d’entre eux sont encore parmi nous. Je n’incrimine pas ici le libéralisme suisse romand, qui a donné aux Cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel de grandes figures, comme mon ancien professeur Olivier Reverdin. Nous avons, à Genève, avec des gens comme Cyril Aellen, Bertrand Reich, et plein d’autres, des libéraux cultivés, humanistes, pétris des grandes valeurs qui ont forgé nos sociétés d’Europe continentale. La Réforme n’est pas la moindre. Ni la pensée des Lumières, avec ce qu’elle charrie de responsabilité individuelle, et de réflexion personnelle sur le monde. Non, bien sûr, je parle, dans ma charge, des ultras, les déracinés, les incultes, les anti-Etat par principe, les tétanisés du profit facile, immédiat.

     

    Car ces zigomars, si le reste de la droite les laisse faire, vont finir par la tuer. Le champ de leurs dégâts, en trois décennies, est considérable. La gauche, en face, a profité de réduire à leurs seuls excès l’image même de toute la droite. Elle a piraté le monopole du discours sur l’Etat, la solidarité. Et l’UDC, de l’autre côté, a capté pour elle le monopole des thèmes de la patrie, la nation, la souveraineté, l’indépendance. Le parti radical, le grand parti qui a fait la Suisse moderne, a collé le mot « libéral » à son blason, il n’est pas sûr qu’il en sorte gagnant. Car les ultras, les surexcités de la privatisation, ont tout dévasté sur leur passage. Ils ont ruiné l’image de la droite suisse. Ils ont fait oublier à quel point cette dernière était plurielle, passionnante, souvent très attachée à l’Etat, au service public, à la patrie, à la souveraineté de notre pays. La seule chose qu’on a vu à droite, pendant trente ans, c’était les cinglés du marché. Jusqu’à Berne, ils ont fait des dégâts. Il appartient aujourd’hui à la droite suisse de faire le ménage dans ses rangs, rétablir le sens de l’Etat, la primauté du politique. Sinon, c’est la droite elle-même qui disparaîtra.

     

    Pascal Décaillet

  • Au diable, les modes !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.09.22

     

    Le pire, en politique, ce sont les modes. Les obligations d’adhérer. Les courants dominants, qui entraînent dans leurs gouffres les millions de moutons. Il y a vingt-cinq ans, ce fut l’ineffable mode ultra-libérale, importée du monde anglo-saxon, qui voulait balayer l’idée même d’Etat, tout projet public, toute idée d’aventure commune entre citoyennes et citoyens d’un même pays. D’ailleurs, l’idée de nation était jetée à la poubelle. On nous prônait la « fin de l’Histoire », sous prétexte que le Mur était tombé, que le communisme était mort, que le capitalisme était désormais, et à jamais, la seule option pour nos sociétés.

     

    Je suis très fier d’avoir, à l’époque, résisté à cette mode. Et défendu, seul contre beaucoup, l’idée de nation. Le rôle d’arbitrage de l’Etat, tout en combattant ses excès dépensiers, tentaculaires. Le primat du politique sur l’économie. Celui de l’industrie et de l’agriculture sur la finance spéculative, le boursicotage mondialisé, cosmopolite, déraciné des forces de travail, celles des hommes et des femmes de notre monde.

     

    Aujourd’hui, je résiste aux Verts. Je partage certes avec eux le souci de préserver notre planète, combattre la pollution, économiser l’énergie. Mais leur discours ! Leurs prédications de fin du monde ! Leur liturgie autour du thème climatique. Leur opportunisme : se saisir de ce sujet, ne parler que de lui, à fins électorales. Comme en 2011, avec Fukushima.

     

    Il y a vingt-cinq ans, je résistais aux néo-libéraux. Aujourd’hui, je résiste à la religion des Verts. Et toi, camarade lecteur, tu résistes à quoi ?

     

    Pascal Décaillet