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Commentaires GHI - Page 68

  • Hussards noirs

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.02.23

     

    Revaloriser d’urgence l’apprentissage. Décentraliser les prises de décision en rendant aux directions d’écoles, tous niveaux confondus, l’autonomie et la responsabilité. Placer le savoir au centre de tout. Permettre aux profs, de tous degrés, de vivre avec passion leur statut de transmetteurs de connaissances. Refaire de l’école une grande et belle chose, celle dont parle Charles Péguy, de façon si bouleversante, dans ses Cahiers de la Quinzaine (Année 1913), quand il nous parle de ses maîtres, les hussards noirs de la République.

     

    Oui, l’Instruction publique est à reprendre à Genève, et pas seulement parce que la titulaire s’en va. Elle est à reprendre, parce qu’elle a impérativement besoin d’un nouveau souffle. On en a marre du mantra de « l’inclusif », on veut autre chose, une école fière et joyeuse, porteuse de valeurs fortes : la connaissance, la compétence, au cœur de la Cité.

     

    J’ignore absolument qui reprendra ce Département. Homme, femme, gauche, droite, aucune importance. Il nous faut une personnalité puissante. Traversée par le bonheur de transmettre. N’ayant pas peur. Sachant remettre à leur place les apparatchiks, les pédagos, les permanents du système, les obsédés du contrôle interne, ceux qui veulent faire de l’enseignement une science, alors que c’est un art, l’un des plus nobles, l’un des plus beaux. Il nous faut quelqu’un qui donne envie, vous m’entendez ? Un tel profil existe-t-il, dans les candidats en lice ? Je l’ignore. Mais j’ose l’espérer. C’est une question de survie.

     

    Pascal Décaillet

  • Mobilité : la trahison permanente

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.02.23

     

    La droite genevoise soutient la circulation automobile privée. Elle n’a rien contre les transports publics, ni contre la mobilité douce, mais elle est attachée au libre choix du mode de transports, voté par le peuple. Contrairement à la gauche, elle ne diabolise pas la voiture. Elle pense aux livreurs, au personnel commercial, aux résidents de la Ville faisant le choix de se déplacer en voiture, ce qui est leur droit le plus total, n’a pas à être jugé moralement, ni sanctionné, n’en déplaise aux ayatollahs de certains partis.

     

    Eh bien cette droite-là, en matière de mobilité, elle a été politiquement trahie. Par qui ? Hélas, par le ministre lui-même, en charge du dossier depuis cinq ans. Il nous faut dire un mot de Serge Dal Busco, et du mystère qui entoure le revirement de ce magistrat, qui applique une politique contraire à l’électorat l’ayant réélu en 2018, date à laquelle il a quitté les Finances pour la Mobilité. Il s’agit, j’insiste toujours sur ce point, d’un homme de valeur, très correct, très courtois. Il demeure toujours calme, se maîtrise, parle aux gens avec respect, ne fait pas preuve d’arrogance.

     

    Ces qualités, bien réelles, rendent d’autant plus immense la déception de la droite face à sa politique en matière de circulation. Depuis son arrivée aux affaires, sous prétexte d’appliquer (il ne le fait que dans un seul sens !), la loi sur la mobilité, votée en 2016, le ministre fait la politique de la gauche. Toujours et partout, il entrave la circulation privée motorisée (voitures, motos, scooters). Toujours et partout, il joue le jeu des Verts les plus fondamentalistes, ceux qui, au fond, rêvent d’éradiquer toute voiture privée de la surface du globe.

     

    Mais il n’est pas Vert, lui, justement ! Il est démocrate-chrétien, ce parti qui a changé de nom et se fait appeler aujourd’hui « Le Centre ». Un parti qui, depuis bientôt 80 ans, a toujours fait équipe avec la droite, a largement profité des dynamiques de droite (libéraux, radicaux) pour se faire réélire, prône l’économie privée. Alors au nom de quoi, en matière de circulation, ce parti a-t-il laissé son ministre opérer une telle conversion, à 180 degrés, comme à skis, dans une pente vertigineuse ? Car enfin, il y a duperie de l’électorat. Passage dans l’autre camp. Pour qui connaît l’art de la guerre, cela porte un nom.

     

    Dernière hallucination en date, Cornavin. La Tribune de Genève nous dévoilait, ce samedi 4 février, la volonté du ministre d’interdire les voitures aux abords de la gare, en rendant impossible, dès ce printemps, le passage, en continuation de la rue de Lausanne, direction Colouvrenière. Tout cela, au nom de travaux qui ne commenceront pas avant… 2027 ! Une mesure arbitraire, unilatérale, non-concertée, d’une brutalité inouïe, notamment pour les résidents genevois ayant choisi librement d’utiliser leur véhicule pour se déplacer, et n’ayant pas à être jugés pour cela. Cette déclaration de guerre ne peut rester sans réponse. Si la droite genevoise ne réagit pas, elle perd son âme.

     

    Pascal Décaillet

  • La Bande des Quatre : jusqu'à quand ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.02.23

     

    Les radicaux : le grand parti qui a fait la Suisse moderne, à partir de 1848. Les conservateurs-catholiques, ou l’autre aile, les chrétiens-sociaux : deux grandes racines de ce qu’on appellera le PDC, aujourd’hui le Centre. De 1848 à 1891, pendant les 43 premières années de la Suisse fédérale, ces milieux catholiques, vaincus du Sonderbund en 1847, constituent l’opposition à la toute-puissance de la Suisse radicale. Les socialistes : un parti très important dans notre Histoire, premier conseiller fédéral en 1943 (Ernst Nobs, ZH), un immense conseiller fédéral de 1959 à 1973 (Hans-Peter Tschudi, BS), des figures de légende dans les cantons (à Genève, André Chavanne, qui révolutionne l’école). L’UDC : au Conseil fédéral depuis 1929 (Rudolf Minger, BE), la souche agrarienne, la tendance Blocher, premier parti sous la Coupole fédérale depuis plusieurs législatures.

     

    Les radicaux, le PDC, l’UDC, les socialistes : tels sont, dans l’ordre d’arrivée au gouvernement fédéral, les partis qui ont fait le vingtième siècle. Aujourd’hui encore, ils sont, à Berne, nos quatre partis gouvernementaux. Peut-être les choses changeront-elles cet automne, après les élections fédérales du 22 octobre, mais enfin, jusqu’à nouvel ordre du peuple (et de lui seul), la Suisse impressionne par sa stabilité. Quatre grands partis, quatre traditions politiques, cohabitent depuis de longues décennies. Tout au plus, tous les quatre ans, les unes perdent-elles quelques plumes au profit des autres, mais ces correctifs demeurent mineurs.

     

    Regardez nos voisins ! Pendant tout le vingtième siècle, la France a connu la Troisième République jusqu’en 1940, puis Vichy jusqu’en 44, puis la Quatrième jusqu’en 58, et enfin la Cinquième. L’Allemagne a connu le Reich impérial jusqu’en 1918, la République de Weimar jusqu’en 33, le Troisième Reich jusqu’en 45, puis deux pays de 49 à 90, enfin la Réunification. Je vous fais grâce de l’Italie. Oui, nous sommes un pays stable ! Est-ce une vertu ? Je l’ignore. Mais c’est ainsi.

     

    La stabilité n’est pas un but en soi. Ni la conservation des acquis. La politique est un tissu vivant, évolutif, les régimes naissent et meurent, rien n’est éternel. N’oublions jamais que notre système actuel est né d’une puissante Révolution européenne, le printemps des peuples de 1848. Partout en Europe, il a balayé les rois, les patriciens. La Suisse était au cœur du continent. Elle n’a pas échappé au maelström.

     

    Radicaux, PDC, socialistes, UDC : jusqu’à quand, la Bande des Quatre ? Un jour, les Verts ? Ou d’autres encore ? Ce qui impressionne tout de même, c’est que des partis issus des grands combats du 19ème siècle (radicaux, socialistes) existent encore, sous le même nom, en 2023 ! Alors oui, notre politique fédérale porte la marque de quatre puissantes masses tectoniques, venues de la diversité des cantons, solidifiées à Berne. Elles ne sont pas éternelles, rien ne l’est. Mais elles sont, en comparaison internationale, rudement coriaces.

     

    Pascal Décaillet