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Commentaires GHI - Page 63

  • Droite municipale : la fin du commencement

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.03.23

     

    Ça n’est, bien sûr, qu’une votation municipale en Ville de Genève. Mais l’enjeu symbolique était de taille : interdire la publicité commerciale sur les murs de la Ville. Par près de 52% des voix, le peuple a dit non. Les autorités de la Ville de Genève sont désavouées. La droite l’emporte. Dans un théâtre d’opérations politiques où elle n’est pas accoutumée à la victoire, elle avait, ce dimanche 12 mars, de quoi sortir le champagne. Oh, ce résultat ne changera pas la face du monde, mais dans le très long, très difficile combat de la droite municipale contre une gauche de pouvoir qui se croit éternelle, le goût ailé de la victoire fait du bien. Je n’aime pas citer Churchill, mais tant pis, pour une fois on y va, et on se souvient de ce mot du 10 novembre 1942, suite la victoire d’El Alamein contre la prestigieuse Afrikakorps de Rommel, réputée invincible : « Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais c’est peut-être la fin du commencement ».

     

    Reconquérir la Ville ? Le combat sera encore très long, truffé d’aspérités, jonché de pièges, avec des hauts, des bas, des rebondissements. Mais l’enjeu doit être considéré. Depuis beaucoup trop longtemps, la gauche, dans toutes ses composantes, notamment socialistes et Verts, se partage les prébendes, distribue les postes, soigne sa clientèle, fait vivre son petit monde où règne sans partage la Sainte Grâce du service rendu, à charge de revanche. Elle ne le fait pas parce qu’elle est la gauche (une droite trop longtemps aux affaires tombe exactement dans les mêmes travers), mais parce que des décennies l’ont fossilisée dans les travers du pouvoir. La Cour du Grand Siècle, ses courbettes, sa liturgie, ses clans, ses artistes officiels, ses surintendants calcinés d’ambition. Le tout, à un détail près : le Roi-Soleil est aux abonnés absents. Sans doute à la chasse, jusqu’en 2025.

     

    La droite municipale, c’est aussi l’émergence d’une nouvelle génération, des coqs de combat nommés Kevin Schmid (PLR) ou Alain Miserez (PDC), parmi d’autres qui me pardonneront de ne pas les citer. Ils attaquent franco de port, savent débattre, en font parfois un peu trop, comme il sied à la jouvence. Ces Don Quichotte en herbe auront-ils raison des moulins ? Leur combat sera très difficile, le rite initiatique sera pour eux très long, il y aura (dans leur propre camp) le jeu habituel des trahisons. Nulle geste, nulle Chanson de Roland, sans la venimeuse proximité d’un Ganelon, en embuscade, là, juste derrière le buisson. Mais la politique, c’est exactement cela. Tantôt la désespérante immobilité des tranchées, tantôt l’audace de l’offensive, mais à quel prix ? Et toutes ces heures à se scruter, se sourire tout en se haïssant, se mentir, toutes ces éternités à feindre. Alors, quoi, l’empire de la simulation l’emportera-t-il sur la possibilité de la victoire ? Rien n’est écrit. Tout est possible. Tout est ouvert. Ça ferait un beau slogan de pub, non ? Où cela ? Mais sur les murs de la Ville, pardi !

     

    Pascal Décaillet

  • Visages de Campagne

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.03.23

     

    Je me suis lancé une nouvelle fois, cette année, dans la grande aventure des Visages de Campagne. Soixante candidates ou candidats au Grand Conseil, tous partis confondus, cinq par liste, défilent face à moi, pour un entretien de 6 à 7 minutes. Il y a plusieurs années, pour les élections fédérales, j’en avais reçus plus de cent, à la même enseigne. C’est un marathon. C’est éreintant. Mais pour moi, c’est profondément enrichissant. Car je découvre, les yeux dans les yeux, ce qu’il y a de plus beau en politique : l’ardeur citoyenne d’un être humain.

     

    Je ne suis pas un grand partisan de la démocratie représentative, encore moins des élections. Je préfère les votations, où l’on brasse un thème plutôt que de mettre en avant les personnes. J’aspire, vous le savez, à une démocratie totale, où le suffrage universel interviendrait directement, beaucoup plus qu’aujourd’hui, sur la fabrication même des lois.

     

    Mais ce système rêvé, utopique peut-être, c’est pour une autre vie. Pour l’heure, il y a des élections, je suis journaliste politique, j’assume. Eh bien ces soixante (nous en sommes à trente-six, au moment où sort ce journal), je veux ici leur rendre hommage. Comme d’ailleurs aux presque sept cents qui se présentent. La démocratie, ce sont des hommes et des femmes. Des rêves. Des engagements. Des projections individuelles sur un destin collectif. Nous sommes, grâce à tous ces candidats, dans le cœur palpitant de l’engagement citoyen. Bonne chance à tous, sans exception !

     

    Pascal Décaillet

  • Pour nos retraités : décence et dignité !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.03.23

     

    Il y a des jours où les Chambres fédérales, où j’ai eu l’honneur de passer quelques années comme correspondant parlementaire, ne grandissent pas la Suisse. Je n’utiliserai pas le mot de « honte », qui suinte la morale et ne fait pas partie de mon vocabulaire politique, mais comment cacher ce sentiment de colère, de révolte, face à la décision prise par le National, puis les Etats, le mercredi 1er et le jeudi 2 mars ? Il s’agissait d’indexer de 7 à 14 francs par mois les rentes AVS, pour s’adapter à l’inflation. 7 à 14 francs ! Et ils ont dit non ! Coût total : 418 millions sur un an. Pour le budget de la Confédération, c’était plus que supportable. En comparaison d’autres coups de pouce, le refus est carrément indécent : faut-il rappeler ici les milliards engagés dans le sauvetage d’une compagnie aérienne, puis dans celui d’une grande banque, enfin les crédits phénoménaux à l’époque du Covid ?

     

    Alors oui, cette décision doit être qualifiée. Elle doit être jugée par les citoyennes et citoyens de notre pays. Et elle doit avoir des conséquences politiques. Nous sommes des hommes et des femmes libres, nous voulons la justice. Nous voulons l’équité. Nous voulons la dignité. Nous voulons la reconnaissance du pays pour ces aînés, ces hommes et ces femmes qui ont travaillé toute leur vie. Et dont certains – pas tous, heureusement – tirent le diable par la queue. Allez faire vos courses, dans un supermarché, regardez-les prendre un produit, chercher le prix, puis reposer délicatement la marchandise sur l’étal. C’est ça la réalité d’un nombre considérable de retraités dans notre pays. Et on leur refuse, du haut des Chambres fédérales, une augmentation de 7 à 14 francs ! Là, désolé on arrête de discuter. On ne débat plus. On combat. Et on gueule. Parce que c’est révoltant, inadmissible, dans un pays comme la Suisse, l’un des plus prospères du monde.

     

    Je suis un homme de droite, patriote, attaché au pays. Mais là, sur ce coup, ces parlementaires de droite, dont certains éternels jouvenceaux de l’ultra-libéralisme, aux tonalités de plus en plus arrogantes et cassantes, qui ont dit non, je dis ma colère. La Suisse est un petit pays, mais c’est un grand peuple, qui a su, notamment depuis 1848, construire un Etat social, soucieux des équilibres, attentif à la cohésion intérieure du pays, bannissant tout fossé entre les citoyens. Là, avec cette décision, la violence de sa portée symbolique, on casse quelque chose. L’un des grands axes de solidarité, en Suisse, c’est celui entre les générations. Là, on le jette aux orties. La politique, on la relègue aux oubliettes, au profit de calculs de petits comptables au service des puissants. Cette Suisse-là n’est pas la mienne.

     

    Quant à la droite de notre pays, il est temps, dans toutes ses composantes, qu’elle renoue avec des valeurs autres que celles du profit et de la servilité. Nous voulons la Patrie. Nous voulons le Pays. Nous voulons l’intelligence et la culture. Nous voulons la puissance du verbe, celle de l’esprit. Il y a encore, apparemment, un certain chemin à parcourir.

     

    Pascal Décaillet