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Commentaires GHI - Page 61

  • Classes moyennes : moins d'impôts, vite !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.05.23

     

    La victoire de la droite, aux élections cantonales genevoises, doit déployer ses premiers effets sans tarder, de façon nette et cinglante. Elle doit le faire sur les terrains qui comptent vraiment, ceux qui touchent la vie des gens : fiscalité, finances, économie, éducation, santé, mobilité, pouvoir d’achat. Si le nouveau pouvoir, aux manettes pour cinq ans, ne donne pas très vite de premiers signaux, suivis d’effets tangibles, alors viendront poindre, dans les profondeurs citoyennes, les premiers doutes, l’amorce d’un nouveau discrédit du politique, l’idée qu’il ne sert à rien de voter. Bref, la méfiance, mère de tous les tourments. A la vérité, les vainqueurs des élections n’ont pas droit à l’erreur. Et le premier chantier à empoigner doit être le plus sensible : la fiscalité des classes moyennes.

     

    A Genève, 36% des gens ne payent pas d’impôts. Mais, dès le seuil de revenu atteint pour être astreint, tout va très vite : l’impôt est progressif, et il l’est tellement que certains hésitent à travailler davantage, voire à travailler tout court, par peur de la pieuvre fiscale. Ce système est profondément injuste. D’abord, il n’est absolument pas normal que plus d’un tiers de la population ne contribue pas au bien général. Ensuite, toute l’action publique des cinq prochaines années doit concentrer toutes ses énergies sur les classes moyennes. Ceux qui se lèvent le matin, vont bosser, parfois dur, entretiennent leur famille, ne reçoivent pas un seul centime de subvention, n’en peuvent plus de payer. Et ne peuvent pas mettre un seul sou de côté à la fin du mois.

     

    Ces gens-là, classes moyennes inférieures mais aussi supérieures, doivent payer moins d’impôts. Parce que leur régime, entre les assistés et ceux qui ont une marge vraiment confortable, est vraiment injuste, et même révoltant. Ils sont les éternels dindons de la farce. Ils ne sont pas contre l’Etat, loin de là, et le souhaitent même fort dans ses tâches régaliennes. Mais ils ne veulent pas entendre parler d’un Etat tentaculaire, cette machine à Tinguely, ces rouages à fonctionnaires, à chefs de service, à secrétariats généraux, avec des adjoints par phalanges byzantines. Non, ils veulent moins de fonctionnaires, plus efficaces, au service de la population, et non de la machine. Atteindre cet objectif doit être, chronologiquement, l’enjeu majeur de la législature. Celui sur lequel la nouvelle majorité sera jugée.

     

    Les classes moyennes, à Genève, doivent au plus vite se remettre à respirer. Non seulement elles doivent bénéficier d’une baisse fiscale linéaire, qui profiterait à tous les contribuables, mais en plus il faut des aides ciblées pour elles. Un salarié moyen, ou un indépendant, doit commencer à voir la couleur de l’argent qu’il gagne, sur le fruit de son travail. Avoir un boulot doit faire envie, et non inciter les postulants à de savants calculs pour voir si tous leurs gains supplémentaires ne vont pas être engloutis par la pompe fiscale de l’Etat. Celles et ceux qui sont responsables de nos finances seront jugés sur ce chantier-là. Et non sur la bienveillance de leurs seuls sourires.

     

    Pascal Décaillet

  • La guerre culturelle

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.05.23

     

    Plus de deux siècles après la Révolution française, la gauche et la droite sont bel et bien vivantes, plus que jamais. Sur tous les fronts, l’antagonisme est tendu : finances, fiscalité, modèles d’assurance maladie, formation, mobilité, logement. Cette dialectique est saine : la démocratie, c’est la confrontation des idées, et surtout pas le consensus mou, au milieu d’un marécage, avant même d’avoir discuté.

     

    Prenons les socialistes. Une fois de plus, je salue l’élection de Carole-Anne Kast, la combattante loyale, et de Thierry Apothéloz, dont les tonalités rassembleuses font du bien. Je ne partage pas leurs idées, ou très peu d’entre elles, mais nous parlons le même langage. Nous sommes soucieux de cohésion sociale, c’est juste la place du curseur qui fait la différence.

     

    Avec les Verts, la césure est culturelle. Elle est linguistique. Elle est lexicologique. Et elle est profonde. Non seulement nous ne parlons pas le même langage, mais je refuse catégoriquement de parler le leur. C’est la guerre des mots. Elle est d’une intensité que seuls peuvent mesurer ceux qui sont sensibles à la puissance du verbe, sa magie.

     

    La même césure, avec les quelques énergumènes socialistes qui ont déserté le combat pour la cohésion et la juste répartition, infiniment louable, au profit de causes « sociétales », ne concernant que des minorités, excluant le plus grand nombre, se coupant des classes populaires. Avec ces gens-là aussi, la guerre est totale. Elle est celle des mots. Ce front est terrible, parce qu’il touche aux fondements de l’être humain : les structures de sa conscience.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Et maintenant, reconquérir la langue !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.05.23

     

    A Genève, la droite est maintenant aux manettes, pour cinq ans. Sa nette victoire du 2 avril au Parlement a été complétée par une majorité reconquise, ce dimanche 30 avril, au Conseil d’Etat. Trois magistrats de l’Alliance de droite. Trois de gauche. Et, quelque part au milieu de ce beau monde, un Pierre Maudet qui se voit déjà en faiseur de majorités. Mais qui est tout de même, jusqu’à nouvel ordre, sur la plupart des sujets qui comptent (fiscalité, formation, économie), un homme issu de la pensée de droite. Radicale, républicaine, attachée à l’Etat, fort bien. Mais enfin, la droite. Moins nettement que le Grand Conseil, le gouvernement a tout de même basculé. La gauche est la perdante de ces élections.

     

    Ne revenons pas sur les aspects tactiques de l’élection du 30 avril. Tout au plus, relevons que « l’Alliance » bricolée au dernier moment par des partis de droite si différents les uns des autres, ce bric et ce broc n’ont servi qu’à pérenniser (mais jusqu’aux artifices de quelle éternité ?) la survie de la démocratie chrétienne, ci-devant dénommée « Centre », à l’exécutif, alors que ce parti n’avait que timidement tutoyé le quorum à l’élection parlementaire. Elle a servi à cela, et s’est opérée au détriment total des deux partis souverainistes et populaires, l’UDC et le MCG. Alors qu’eux, au contraire du Marais opportuniste, ont nettement progressé le 2 avril. Il y a, dans ce système « d’alliances », quelque chose d’écœurant, avec toujours les mêmes dindons de la farce. Ce système, concocté dans les cuisines des états-majors, est le poison de notre démocratie. Un jour ou l’autre, il faudra en changer.

     

    Sa victoire des 2 et 30 avril, la droite doit en faire quelque chose de fort. D’abord, dans les politiques publiques : mobilité, finances, fiscalité, formation, pouvoir d’achat, classes moyennes. Mais surtout, elle doit reconquérir la langue. En commençant, par exemple, par s’affranchir du sabir des Verts. Pendant cinq ans, on a entendu un ministre PDC de la Mobilité parler le langage de ses adversaires. On a entendu des gens de droite reprendre, en dociles enfants de chœur, la Sainte Liturgie des mots à la mode : « urgence climatique », « transition », « apaiser le centre-ville » (on se croirait sous Lyautey, au Maroc !). Méprisable droite molle, même plus capable d’avoir ses mots à elle. Perte de toute fierté, toute identité de droite, dans la profondeur et la richesse des ses propres racines philosophiques. Reprendre les mots de l’ennemi, c’est la soumission, à l’état pur.

     

    Alors oui, nous voulons une droite cultivée sur ses propres valeurs, consciente de sa richesse historique et intellectuelle, fière d’elle-même, et non en génuflexion timorée devant les zombies et les prophètes d’Apocalypse. La bataille des mots, en politique, est essentielle. La droite doit retrouver le vocabulaire qui fait son identité, sa fierté. Elle doit non seulement faire à Genève sa politique à elle, et non celle de la gauche. Mais elle doit repartir à la conquête de la langue. C’est un enjeu majeur, parce qu’il touche à l’essentiel : le souffle de l’esprit.

     

    Pascal Décaillet