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Commentaires GHI - Page 61

  • Un chef doit réussir. Ou partir.

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.09.23

     

    Nous avons, en Suisse, beaucoup trop de retenue, de déférence, mêlées parfois d’une sourde crainte, envers les magistrats exécutifs. Les Conseillers d’Etat, par exemple. Ils ne sont en rien des personnages intouchables, encore moins des « Sages », stupide expression qui pourrait à la limite s’appliquer (et encore !) aux juges d’une Cour suprême, mais en aucun cas aux membres d’un gouvernement. Sages, ils n’ont pas à l’être ! La vertu qu’on attend d’eux n’est pas « d’être » quelqu’un de bien, encore moins un modèle moral, non, c’est d’avoir un objectif, et réussir. Si c’est le cas, c’est bien. Sinon, le ministre doit partir, sans délai. Sans haine de la part des citoyens, sans sentiment de rejet, sans cet océan de « déceptions » qui charrie l’écume de ces sentiments totalement déplacés en politique. Mais partir, oui.

     

    Et puis, ce flot de paroles. Autant les parlementaires sont là pour en découdre avec le verbe (je les convie chaque soir à ce défi), croiser le fer, briller dans la joute des idées, autant le ministre doit se taire. Un Conseiller d’Etat est élu par le peuple, non pour se pavaner « d’être » ministre, mais pour agir. Pour ma part, peu importe qu’il soit sympathique, souriant, sociable, à l’aise dans les cocktails, ce qui compte c’est son efficacité dans l’œuvre. La tâche est ardue, il faut s’imposer face à l’administration, convaincre les parlementaires. Mais enfin, rien ni personne n’a jamais obligé un homme ou une femme à se porter candidat à une charge exécutive. Ceux qui le font recherchent le pouvoir, sont tenaillés par la férocité d’une ambition, fort bien, mais qu’ils assument !

     

    Nous, citoyennes et citoyens, jugeons-les sur leurs résultats, non sur leur vie privée, ni sur leurs qualités sportives, ni leur statut de bons pères ou mères de famille, ni sur leur élévation dans l’ordre de la morale. Ils ne sont pas des anges, ce qu’ils « sont » n’a d’ailleurs aucune importance, regardons ce qu’ils « font ». Ils sont là pour réussir. Sinon, très vite, ils doivent partir. Cela signifie que nous devons en finir avec la sacralisation du temps de législature. Un ministre, ça doit pouvoir gicler quand ça dysfonctionne, sans empoisonner le monde en blanchissant sous le harnais, sous prétexte qu’on ne touche pas à la durée de son mandat. Nous devons inventer des procédures permettant une destitution. Non pour manquement moral, mais, infiniment pire, pour échec dans l’action.

     

    Car nous vivons dans l’hypocrisie. Je passe mon temps à discuter avec les politiques, de tous bords. Que me disent-ils, à longueur d’année, hors-micro ? Quel tel magistrat, à peine élu, est déjà nul, se fait danser sur le ventre par les permanents de l’administration, n’arrive pas à s’imposer. Eh bien, il doit partir ! Pourquoi nous, citoyennes et citoyens, serions-nous condamnés à ces interminables fins de législature, qui rappellent méchamment les portraits de la Cour, à Versailles, par le génial Saint-Simon, dans cette année 1715 où, le Roi-Soleil malade, tout le monde ourdissait autour de lui, mais se taisait en sa présence ? Non, un chef doit réussir. Ou partir.

     

    Pascal Décaillet

  • Taisons-nous !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.09.23

     

    Il paraît que c’est tabou. On n’aurait pas le droit d’établir une relation entre pression migratoire et infrastructures qui étouffent, en Suisse. S’y aventurer, ce serait sortir du cercle de ce qui est audible, convenable. Très bien. Alors, taisons-nous !

     

    Taisons les chiffres du solde migratoire en Suisse. Ne rappelons pas aux gens l’augmentation hallucinante de la population suisse, depuis des années. Passons sous silence le relief si particulier de notre pays, avec ce Plateau, coincé entre Jura et Alpes, et déjà vermoulu par ce mitage du territoire que Franz Weber, à juste titre, ne cessait de dénoncer.

     

    Taisons notre vote, il y a quelques années, sur Ecopop, cette initiative vilipendée par toute la classe politique : elle se permettait, l’effrontée, de poser le problème de la démographie en Suisse.

     

    Taisons l’état des routes, vieillissantes. Taisons l’engorgement des chemins de fer, les pannes constantes, les retards. Taisons l’extrême difficulté, pour notre jeunesse suisse, à se trouver un logement. A Genève, c’est alarmant. On construit pour qui ? Taisons cette question, qui pourrait laisser entendre qu’on fait venir des gens qui construisent des immeubles pour… se loger eux-mêmes. Déjà en 1970, cet argument surgissait, dans les débats de bistrots, ou de famille, autour de l’initiative Schwarzenbach. Déjà, la droite patronale le balayait. Alors, silence ! Et bonne sieste à tous !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Citoyennes, citoyens, nous sommes les patrons !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.09.23

     

     

    La Suisse est une démocratie, la plus belle du monde, au sens grec ça veut dire : le pouvoir au peuple. Par « peuple », il ne faut pas entendre l’ensemble de la population. Au niveau fédéral, par exemple, pour voter, il faut être Suisse, et avoir 18 ans. Il faudrait donc dire « collège électoral » pour être exact, mais cette expression suinte tellement l’ennui que, pour raccourcir, tout le monde dit « le peuple ».

     

    Le peuple qui a le pouvoir, c’est celui-là : celui qui vote. Pour élire des gens, et, bien plus intéressant, pour se déterminer directement sur des thèmes. Une loi acceptée par un Parlement peut être défaite par référendum. Deuxième instrument, mille fois plus génial : l’initiative populaire. Là, on oublie les Parlements : une poignée de citoyennes et citoyens lance une grande idée, si possible défrisante, de celles que les élus n’osent pas trop aborder. Ce comité réunit des signatures. S’il les obtient, et que le texte est validé, alors au niveau fédéral c’est un vaste débat national qui s’amorce, la chambre d’écho est le pays tout entier, on en parle, on s’engueule. Et, un beau dimanche, le peuple et les cantons votent. Si la double majorité est acquise, l’idée citoyenne de départ vient prendre place dans la Constitution fédérale. Et les parlementaires ont l’obligation de rédiger une loi d’application. Ce système est génial, le monde nous l’envie. C’est la victoire du peuple sur la Nomenclature.

     

    Alors, citoyennes, citoyens, utilisons à fond cette primauté qui est nôtre. Un sujet paralysé par l’inertie parlementaire, la démocratie directe peut le débloquer. Elle seule peut provoquer l’électrochoc salutaire. Lançons des initiatives, n’écoutons surtout pas les docteurs de la loi, profs de droit acariâtres, parlementaires jaloux ou revanchards, qui se gavent du mot-valise « populisme » pour tenter de ruiner le crédit d’une voix du peuple qui leur fait directement concurrence. Les patrons, en Suisse, ce ne sont pas les élus, c’est le peuple ! Non le peuple qui rugit dans la rue, mais celui qui lance des idées citoyennes, utiles au pays, allume un vaste débat, et provoque une votation.

     

    Je vais plus loin : ne passons pas notre temps à parler des élus. Mettre constamment tel ministre à la une, cantonal ou fédéral, même pour en dire du mal, c’est déjà lui accorder beaucoup trop d’importance. Avec les élus exécutifs, il faut être impitoyable : ils sont là pour réussir. S’ils y parviennent, c’est bien. S’ils échouent, dehors ! Leur vie privée, leurs qualités de pères ou mères de famille, leurs exploits sportifs, leurs préférences culinaires, n’ont strictement aucun intérêt. Parler d’eux sous cet angle, c’est dévorer la place qui aurait dû être celle du débat d’idées. Quelle Suisse voulons-nous, quelle souveraineté, quelle protection sociale, quelle politique pour la santé, les retraites ? Le reste, c’est du vent. Vive le peuple, quand il intervient directement sur les thèmes, et qu’il force le destin !

     

    Pascal Décaillet