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Commentaires GHI - Page 58

  • La gauche, la droite : plus vives que jamais !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.02.23

     

    Ils sont nombreux, les nouveaux partis, et même certains sortants, à nous décrire comme archaïque, dépassée, ringarde, la vieille bipolarité entre la droite et la gauche. Après deux siècles de loyaux services, ce binôme n’aurait plus lieu d’être, il représenterait des visions du monde révolues, il serait urgent de lui substituer une dramaturgie politique fondée sur la « concertation », « l’écoute de l’autre », la « recherche de solutions ». Bref, un univers merveilleux, surgi de Merlin l’Enchanteur, où se conjugueraient les qualités du diplomate, du mélomane et de l’amateur d’algèbre. Un monde idéal. Un paradis des bobos.

     

    La réalité politique, économique et sociale, à Genève, en ce printemps 2023, est singulièrement différente. Pour le dire d’un mot, jamais la gauche et la droite n’ont été aussi vivantes, ni aussi fondamentalement opposées l’une à l’autre. Il faudrait certes dire « les gauches, les droites », vous connaissez ma passion pour toutes les nuances de l’Histoire politique. Mais il n’est pas faux, non plus, de constater, à l’intérieur des deux camps, dans les grands moments, face aux défis qui comptent, des facultés à se regrouper.

     

    Regardez les votes du Grand Conseil, soit en plénum, soit (mieux encore) en commissions. Celle des Finances par exemple, qui, chaque mercredi, nous informe (avec une louable transparence) du détail des votes sur les ineffables « crédits complémentaires », véritables rallonges budgétaires constamment demandées par le Conseil d’Etat, et la plupart du temps accordées par quinze roitelets qui se tiennent par la barbichette. Eh bien, ce sont toujours des votes frontaux entre la droite et la gauche. Tout au plus certaines formations illisibles font-elles pencher la balance, lorsqu’il s’agit, par exemple, de cajoler leur clientèle électorale de fonctionnaires.

     

    Et puis, prenons les grands sujets, ceux qui comptent, ceux qui touchent la vraie vie des gens, et pas juste d’infimes minorités, mise en avant par les wokes, les chercheurs en sciences sociales, les universitaires totalement déracinés du réel. Prenons donc les finances. Les PME. Les classes moyennes. La fiscalité. La santé publique. L’éducation et la formation. Le pouvoir d’achat. Sur ces questions majeures, non seulement la gauche et la droite existent plus que jamais, mais se combattent frontalement depuis des années, à Genève. On voit mal en fonction de quel tour de passe-passe ce choc des idées (fort salutaire, dans une démocratie) devrait, au soir du 2 avril, céder la place aux bisounours du grand Marais centriste.

     

    Plus globalement, nous sommes entrés dans un monde où les fronts s’observent, et se parlent de moins en moins : guerre en Ukraine, promesses d’Apocalypse climatique, de chaque côté on se fige, on se rejette. Le temps du dialogue est peut-être derrière nous. Celui des choix clairs, celui d’un camp contre un autre, est tout, sauf révolu. Ceux qui aiment l’affrontement s’en réjouiront. Les enfants du Marais iront se lamentant.

     

    Pascal Décaillet

  • La droite a des racines. Et des valeurs !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.02.23

     

    La droite genevoise ne manque pas de figures. Mais il lui manque une dimension essentielle : une connaissance approfondie de ses propres valeurs. Cela passe par des milliers de lectures. Une passion pour l’Histoire politique. Celle des événements, notamment depuis la Révolution française, donc la naissance des grands partis. La volonté d’analyser les choses avec froideur, les causes et les conséquences, les vraies raisons des guerres, les rivalités économiques, bref la démarche que nous propose, il y a vingt-cinq siècles, l’immense historien athénien Thucydide, lorsqu’il nous raconte la Guerre du Péloponnèse, cette succession de conflits entre Cités grecques, les unes affiliées à Sparte, les autres à Athènes. Un livre austère à lire, mais d’une modernité saisissante.

     

    D’abord, tout homme ou femme de droite doit connaître la diversité des origines. Le radicalisme, le libéralisme, la démocratie chrétienne, l’UDC agrarienne ou blocherienne, ça n’est pas la même chose. Les souches profondes, les racines philosophiques, confessionnelles souvent, sont différentes. Il importe absolument de connaître ces nuances. On ne peut décemment surgir dans un parti, faire table rase du passé, gommer la gauche et la droite avec mépris, sous prétexte que ces notions seraient révolues, ce que contredit absolument l’actuelle tension dialectique en matière de finances, de dette, de fiscalité, de mobilité, de sécurité, de défense nationale. A vrai dire, jamais la tension gauche-droite, à Genève, n’a été aussi vive, depuis des décennies. Et je n’exclus pas que la multiplication des listes du Marais, entendez ce centre qui veut faire moderne et se rit du passé, n’ait pour conséquence, par défaut de quorum, de renforcer, au soir du 2 avril, les partis polarisés.

     

    En attendant les droites doivent se renseigner sur leurs propres valeurs. Et bien se rendre compte d’une chose : l’effet dévastateur d’un quart de siècle de néo-libéralisme, principalement jusqu’en 2008, sur l’identité profonde de la droite. Il est fatal que la quête d’un profit trop facile, financièrement spéculé dans des officines, déraciné de l’économie réelle, mondialisé, méprisant les nations, ait pu à ce point s’imposer comme la seule image de la droite. La gauche avait beau jeu de la démonter, elle a eu parfaitement raison de le faire. Il importe maintenant qu’une autre droite, patriote, mais aussi populaire, joyeuse, entreprenante, s’affirme à Genève. Son grand défi : construire, autour de sa diversité naturelle et historique, la puissance de frappe d’une unité. Dans les grands moments, la gauche sait le faire, par exemple pour élire des Conseillers aux Etats. Dans les mêmes moments, décisifs, la droite se déchire et se liquéfie. Je n’exclus pas, hélas, que nous en soyons à peu près là, aujourd’hui, pour des questions d’égos, de chapelles, de paroisses. Seul moyen de forger l’unité : mettre au centre les valeurs. Pour cela, il faut commencer par les connaître. Transmettre le néant, c’est rafraîchissant. Mais peu utile.

     

    Pascal Décaillet

  • Hussards noirs

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.02.23

     

    Revaloriser d’urgence l’apprentissage. Décentraliser les prises de décision en rendant aux directions d’écoles, tous niveaux confondus, l’autonomie et la responsabilité. Placer le savoir au centre de tout. Permettre aux profs, de tous degrés, de vivre avec passion leur statut de transmetteurs de connaissances. Refaire de l’école une grande et belle chose, celle dont parle Charles Péguy, de façon si bouleversante, dans ses Cahiers de la Quinzaine (Année 1913), quand il nous parle de ses maîtres, les hussards noirs de la République.

     

    Oui, l’Instruction publique est à reprendre à Genève, et pas seulement parce que la titulaire s’en va. Elle est à reprendre, parce qu’elle a impérativement besoin d’un nouveau souffle. On en a marre du mantra de « l’inclusif », on veut autre chose, une école fière et joyeuse, porteuse de valeurs fortes : la connaissance, la compétence, au cœur de la Cité.

     

    J’ignore absolument qui reprendra ce Département. Homme, femme, gauche, droite, aucune importance. Il nous faut une personnalité puissante. Traversée par le bonheur de transmettre. N’ayant pas peur. Sachant remettre à leur place les apparatchiks, les pédagos, les permanents du système, les obsédés du contrôle interne, ceux qui veulent faire de l’enseignement une science, alors que c’est un art, l’un des plus nobles, l’un des plus beaux. Il nous faut quelqu’un qui donne envie, vous m’entendez ? Un tel profil existe-t-il, dans les candidats en lice ? Je l’ignore. Mais j’ose l’espérer. C’est une question de survie.

     

    Pascal Décaillet