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Commentaires GHI - Page 54

  • Être entrepreneur : solitude et responsabilité

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.06.23

     

    Avoir une entreprise à soi, sous certains aspects, c’est rien que des emmerdes. Du souci, 365 jours par an. Tu es seul, par exemple, après avoir eu l’honneur et la joie d’avoir eu des employés, plusieurs années. Tu es seul, tu fais tout toi-même, parce qu’au fond, tu n’as jamais rien su déléguer. Jamais voulu. Jamais pu, c’est plus fort que toi. Tu n’as confiance qu’en toi-même, c’est une limite évidemment, une immense lacune, mais c’est ainsi, on ne refait pas la nature des gens. C’est très orgueilleux : tu considères que le boulot ne sera bien fait, dans ses finitions, que si ça vient de toi. C’est évidemment faux, objectivement, plein de gens sont très qualifiés, tu le sais avec la tête, mais ton bide te dit de t’en passer.

     

    Tu fais tout toi-même, parce que tu te sais capable du meilleur comme du pire. Pour le meilleur, tu te féliciteras, pour le pire tu te passeras une monumentale bordée. A toi-même ! C’est pas loin de la folie, la part de parano y est immense, ai-je bien fermé la porte du bureau en partant, les fenêtres, éteint les ordinateurs ? De l’extérieur, tu passes pour un cinglé de première, un vieux maniaque, vermoulu de petites habitudes, qui te rongent de l’intérieur, comme un nid fébrile d’aiglons affamés. Tu ne penses qu’à une chose : accomplir la mission. L’intendance ? Non seulement tu ne la sous-estimes pas, mais elle est capitale ! Correspondance, réseau, collecte d’informations, qualité des renseignements recueillis, comptabilité, ménage. Pour ma part, j’adore cette routine, lui accorde autant d’importance qu’aux actions visibles.

     

    Cette valorisation des actes simples, basiques, présente un avantage : elle t’amène à un immense respect pour tous les métiers du monde, à commencer par les plus ingrats, les plus modestes. Tu parles à tous de la même manière, au nettoyeur comme au grand patron. Tu considères les humains comme égaux. Tu n’établis aucune hiérarchie en fonction de la condition sociale. Tu respectes toute personne accomplissant un boulot pour gagner sa vie, entretenir les siens. Du travail, tu as gardé la veille conception biblique, héritée de la Genèse, lorsqu’il faut quitter le Paradis : « la sueur de ton front ». Mais ton boulot, tu l’aimes, toi, tu t’y réalises. C’est plus facile que pour une tâche physiquement éreintante, et mal considérée. Pour cela, oui cette jouissance par le labeur, tu es un privilégié.

     

    Tu es seul, mais avec tes partenaires tu dois entretenir la confiance. Dans le monde du travail, elle est essentielle. Respect mutuel, tenir les délais, qualité des finitions, sens tout helvétique de l’exactitude. Là aussi, c’est la base : tu n’inventes rien, tu ne refais pas le monde, tu ne prétends par révolutionner l’univers de l’entreprise avec des mots de snobinards de cocktails, comme « start-up ». Non. Tu fais le boulot. Tu y prends du plaisir. Tu accomplis ta mission.

     

    Pascal Décaillet

  • Motion Décaillet

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.06.23

     

    Toute personne de ce pays devait avoir, à la base, dès 18 ans, un compte d’indépendant. Donc, avoir été instruite en amont, par l’école, aux charges et avantages de ce statut : se gérer soi-même, déclarer ses gains aux assurances sociales, travailler sur mandats, gérer sa petite boîte avec une implacable rigueur, ne surtout pas emprunter, ne compter que sur soi-même, obtenir la confiance de ses partenaires.

     

    C’est la Motion du citoyen Décaillet. Il n’est pas élu, n’a nulle envie de l’être, mais lance des idées dans la Cité. Chacun détient son compte, dès l’âge de 18 ans, il passe sa vie avec, il en fait ce qu’il veut. A côté, il peut évidemment être salarié d’une autre entreprise. Si ce statut lui convient à merveille, eh bien son compte d’indépendant dormira. Pas grave, le but c’est de gagner sa vie, entretenir les siens.

     

    Autre option : il n’est salarié qu’à temps partiel, et garde de l’énergie, à côté, pour son activité indépendante. Il les déclare dûment l’une et l’autre, c’est parfaitement possible, aujourd’hui déjà. Pour ma part, quand je me suis lancé comme entrepreneur, je n’ai plus jamais voulu être salarié, ni employé : j’ai tenu pendant 17 ans, j’en suis très fier. Mais chacun est libre.

     

    La Motion Décaillet inverse les priorités. A la base, on est indépendant. On peut être salarié en même temps. Mais à tout moment, si on se retrouve sur le carreau, on a déjà la structure minimale pour devenir ce qu’il y a de plus beau au monde : un petit entrepreneur. Vous la votez, ma Motion ?

     

    Pascal Décaillet

  • Eloge du travail par objectifs

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.06.23

     

    J’ai toujours été un partisan acharné du travail par objectifs. Comme responsable de ma petite entreprise depuis dix-sept ans, cela va de soi. Mais auparavant, lorsque j’étais salarié, je défendais déjà cette option, de toutes mes forces. Le travail par objectifs, c’est une chose toute simple : on ne se rend pas sur son lieu de travail pour y « faire des heures » (quelle horreur !), mais pour accomplir des missions précises. Ce sont elles, et non l’enveloppe de temps, dont tout doit découler. Elles qui régentent toutes choses.

     

    Dans les métiers manuels, cette conception finaliste s’impose d’elle-même : si un mur est bien fait, le résultat se voit, on félicite le maçon. Si un escalier montre des imperfections, on l’engueule. Dans d’autres missions, hélas, plus floues, du côté par exemple (au hasard) de la fonction publique, ou de tel Mammouth audiovisuel, dans la moiteur feutrée des bureaux, s’installe très vite l’idée que l’essentiel, c’est « l’ambiance de travail ». Être sympa avec ses collègues, ériger le lieu de repos, autour de la machine à café, comme saint des saints des relations humaines. Au point que d’aucuns ne viennent plus pour accomplir une mission, mais juste pour « être au travail », de 8h à 17h, avec pauses réglementaires, repas d’entreprise, yoga offert par la maison pour calmer les tensions, pas belle la vie ?

     

    A cette conception de superglandus en sandales, apparatchiks de la douceur, syndicalistes au moindre froissement, j’ai toujours dit non. Un boulot doit être une passion, ou tout au moins la ferveur de l’accomplir au mieux, les compétents et les motivés doivent être encouragés, les traîne-savates, écartés. C’est aussi simple que cela. On ne vient pas pour faire ses heures, on vient façonner un produit bien précis, œuvrer à un objectif défini avec clarté. Quand on a fini, si le boulot est bien fait, on s’en va. Et là, yoga, danse orientale, relaxation du bassin, tout ce que vous voudrez, pour la bonne raison que c’est votre vie privée, vous n’en rendez compte à personne, vous faites ce que vous voulez.

     

    J’ai lutté âprement pour le travail par objectifs (une production audiovisuelle à réaliser chaque jour, par exemple, c’est précis, mesurable) dans un milieu où ce déterminisme du résultat n’était pas toujours évident. Depuis 17 ans, entrepreneur libre et indépendant, employeur pendant plusieurs années (avec, à mes côtés, des personnes remarquable, choisies pas moi, qui ont toutes, ensuite, eu un trajet professionnel magnifique), je pratique plus que jamais cette primauté absolue de l’objectif à atteindre. Pour un indépendant, la question ne se pose même pas, cela va de soi. Un stage dans les TPE (toutes petites entreprises) ferait le plus grand bien à ceux qui, comme moi, se passionnent pour le monde du travail. Je fais des éditos. Je fais des émissions. Je fais le ménage. Je nettoie les toilettes. Je fais une partie de ma compta, à part les bilans annuels. Je fais tout, j’adore ça. Si vous vous sentez d’attaque, lancez-vous aussi. Mais je vous préviens : c’est difficile. Et il faut aimer la solitude.

     

    Pascal Décaillet