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Commentaires GHI - Page 50

  • DIP : restaurer la joie de transmettre !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 31.05.23

     

    La grande aventure humaine est celle de la connaissance. La grande noblesse, celle de transmettre le savoir, ou les compétences, à d’autres humains, à commencer par les plus jeunes. J’ai beau être un passionné de toutes les politiques publiques, celles qui forgent la cohésion sociale, mais l’éducation m’apparaît comme la mission première. Grand lecteur de Charles Péguy, notamment ses Cahiers de la Quinzaine, je ne puis penser sans une immense émotion à ce passage de « Notre Jeunesse », 1913 (un an avant sa mort, au tout début de la Grande Guerre), où il rend hommage à ses maîtres. Le hussard noir de la République. Le maître d’école, personnage principal du village, en concurrence avec le curé, dans cette France où rugit le thème de la Séparation Eglise-Etat, la fameuse loi de 1905, qui a tant déchaîné les passions. Le maître d’école, en Valais on disait « le régent », qui scelle avec l’élève un lien, pour la vie.

     

    A Genève, le Département de l’Instruction publique est de loin le plus important. Parce qu’il s’agit de nos âmes. Celles, en plein éveil, de nos enfants, placées devant mille chemins. On les accompagne, on leur tient un peu la main, on la lâche, on la reprend, c’est leur vie, leur chemin, nous sommes juste là pour défricher, aider à ouvrir le champ. Le DIP a beau être une armée, des milliers de personnes, ceux du front, ceux de l’intendance, rien ne doit pourtant le détourner de sa mission première : la transmission de la connaissance. Non pour bourrer les crânes, qui s’empresseraient très vite d’oublier le fatras, mais pour éveiller, guider, mettre de la joie dans le partage du savoir. Cette mission-là n’est pas une science, mais un art. Il faut le dire tout net, quitte à déplaire à la doxa de l’armada des pédagogues : certains humains sont faits pour enseigner, d’autres déjà un peu moins, d’autres pas du tout. Dans l’art de transmettre (c’est valable aussi pour d’autres métiers, allez disons au hasard le journalisme), nous ne sommes pas tous égaux.

     

    Au DIP, tout est à reprendre, de fond en comble. Non pas le travail des profs, la majorité d’entre eux font très bien leur boulot. Mais ce poids étouffant de l’intendance. Cette obsession fonctionnarisée du contrôle. Cette méfiance instillée, d’en haut, à l’égard des équipes en place, des directions, du corps enseignant, qui n’ont nul besoin de ces Big Brother d’état-major pour les fliquer à longueur de journées. Oui, les directions d’établissements, à tous les niveaux, doivent friser l’autonomie, et ne pas crouler sous les directives des « directions générales ». Y parvenir sera la tâche de la nouvelle Conseillère d’Etat, Anne Hiltpold, à qui nous souhaitons bonne chance. Elle en aura sacrément besoin, parce que la résistance des apparatchiks, à l’interne, ne manquera pas de s’organiser. Ils s’y entendent, ceux-là, dans le corporatisme.

     

    Restaurer la joie de transmettre. Et, du côté des élèves, la joie d’apprendre. C’est le seul objectif qui vaille. Il n’est pas d’ordre organique, non, il touche à la qualité de nos âmes. Donc, à l’essentiel.

     

    Pascal Décaillet

  • Marx, Thucydide

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.05.23

     

    La première session du nouveau Grand Conseil, mais aussi les premiers débats télévisés que j’ai pu mener en ce tout début de nouvelle législature parlementaire (sur les finances, mais aussi le logement), prouvent une chose, avec éclat : la droite, la gauche, ça existe. Plus que jamais. Et les éternels « rénovateurs », qui depuis quarante ans nous promettent « la politique autrement » et veulent jeter aux orties le vieil antagonisme, en sont pour leurs frais.

     

    Il y a un auteur qu’il faut encore lire, même si plus personne, ou presque, ne prend la peine d’ouvrir ses ouvrages. Il s’appelle Karl Marx. Si « Le Capital » vous semble trop austère, trop théorique, alors lisez au moins « Le Manifeste du Parti communiste », ancré dans l’Histoire des luttes sociales au milieu du dix-neuvième siècle. Ce qui frappe, chez Marx, comme chez l’historien grec Thucydide, qui le précède de 24 siècles, c’est la méthode. Pas d’anecdotes, mais des structures lourdes. Une analyse brillante des causes économiques, avec leurs effets.

     

    Je ne vous appelle pas à « être marxiste », bien sûr. Mais à lire Marx. Ceux qui l’ont fait comprendront parfaitement les enjeux de la politique genevoise, pour les cinq ans qui viennent : une lutte d’intérêts féroce, le frottement des contraires, comme des silex provoquant des étincelles, pour parvenir, peut-être, à un accord. Bref, tout sauf cette détestable position du départ consistant à dire « Je suis au centre ». Traduisez : « Selon le sens du vent, je m’adapte ». Lisez Marx, et surtout lisez Thucydide, « La Guerre du Péloponnèse ». Un chef d’œuvre, datant d’il y a 25 siècles.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Autre droite

      

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.05.23

     

    Pas mal du tout, ce nouveau Parlement ! Les 11 et 12 mai, il a tenu sa première séance, à part la session constitutive, et il valait la peine de la suivre. Ce qu’on en retient au premier chef, c’est un nouveau ton. Une petite musique, dans laquelle les gains de sièges au sein de l’Autre droite se font sentir.

     

    L’Autre droite ? Ça n’est pas la droite libérale, en tout cas pas dans la détestable acception « ultra » de ce mot, cette dévotion aux marchés financiers, au mondialisme, depuis trente ans. Cette droite-là, Dieu merci, est en perte de vitesse. Après trois décennies, voici doucement la montée en puissance de l’Autre droite.

     

    L’Autre droite est patriote. Attachée au Canton comme au Pays, avec les liens du cœur. Elle est populaire, on dira tendance cassoulet. Elle est profondément attachée à la cohésion sociale à l’interne du pays, elle la reconnaît comme la clef de survie du Pacte suisse. L’Autre droite refuse toute arrogance, elle traite les Suisses sur pied d’égalité, quel que soit leur revenu, leur fortune. Elle n’est pas l’instrument d’une caste, elle est au service de l’unité nationale.

     

    L’Autre droite traite la gauche sociétale comme elle le mérite. Elle respecte infiniment la gauche sociale, celle qui se bat pour la justice. L’Autre droite veut réguler les flux migratoires. Et protéger l’emploi des Suisses. Elle ne se prosterne ni devant la finance mondialisée, ni d’ailleurs devant personne. L’Autre droite vous adresse son salut. Et ses amitiés.

     

    Pascal Décaillet