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Commentaires GHI - Page 47

  • L'indépendance, oui ! Pas le repli !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.11.23

     

    Moins de marchés mondialisés, moins d’arrogance financière, moins de snobisme et de cocktails internationaux, davantage de Suisse, de pays profond, de valeurs telluriques, de cohésion nationale : le message principal des dernières élections fédérales, le dimanche 22 octobre, c’est la puissance de ce rééquilibrage, au sein des forces de droite, en Suisse. C’est cela, le sens profond de la victoire de l’UDC, au niveau du pays tout entier, et de son ascension à Genève, avec le MCG : l’émotion d’appartenance l’emporte sur les illusions planétaires d’un libéralisme issu des années 1990, et qui n’a tout simplement plus lieu d’être aujourd’hui.

     

    Il ne s’agit pas de se recroqueviller. Ça, c’est le verbe préféré de la droite arrogante et internationaliste, ou européiste, celle qui adore lire dans l’amour du pays une sorte de besoin corporel de retour à l’état fœtal, le bébé dans le ventre de sa Maman. Eh bien non ! Aimer son pays, ça n’est pas se replier dans les limbes, encore moins fermer les yeux, refuser de saisir ce qui se passe au-dehors. La droite conservatrice, celle qui est sortie victorieuse de urnes ce 22 octobre, n’a jamais prôné l’isolement, ni l’absence de contact avec les autres pays de la planète, ni le repli économique et commercial.

     

    Simplement, elle veut que la Suisse vive et agisse en pays libre. Indépendant. Souverain. Profondément ami de ses voisins européens, dont elle partage les racines, les langues, la culture, l’Histoire. Amie, oui, mais refusant viscéralement toute autorité de tutelle. La Suisse n’a pas vocation à devenir partie d’un ensemble. Elle entend être une nation, parmi les autres, qui décide de son destin. Son chemin démocratique à elle prime sur les décisions de juges ou de baillis étrangers. Il n’y a là aucun rejet de l’extérieur, simplement l’affirmation d’une indépendance. C’est si compliqué à comprendre ? On vous aurait à ce point lavé le cerveau, dès l’école, pour que ces choses-là, simples et de bon sens, vous paraissent si difficiles à capter ? Si c’est le cas, c’est l’école qu’il faut refaire, pas la Suisse.

     

    Car il faudra vous y faire : partout en Europe, cette droite-là, nationale et patriote, mais aussi sociale, populaire et joyeuse, une droite simple et directe, sans chichi ni salamalecs, progresse. Et puis quoi, arrêtez de passer vos vacances aux Maldives, comme des idiots. Et découvrez, comme je l’ai fait toute ma vie, la prodigieuse richesse de notre vieille Europe continentale. Visitez l’Allemagne, par exemple. Allez voir l’ex-DDR, pays passionnant, simple et sobre dans son mode de vie, attaché à de très vieilles valeurs allemandes, luthériennes pour la plupart : travail, sens du collectif, modestie matérielle, amour de la musique et de la langue. Visitez la France. Visitez l’Italie. Vous y trouverez des peuples amis, nos frères européens. Nul besoin d’adhérer au même club politique qu’eux pour nous sentir proches de ces gens. Ils aiment leur pays. Et nous aussi, nous aimons le nôtre. Nous voulons juste décider démocratiquement de notre sort.

     

    Pascal Décaillet

  • Petite fleur fragile

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.10.23

     

    La Suisse est une petite fleur fragile. Ce pays que nous aimons, c’est peut-être pour son infinie fragilité. Nous avons certes une économie solide, nous sommes prospères. Nous avons des institutions politiques, nous venons de procéder à des élections, nous avons une démocratie directe, tout fonctionne.

     

    Pourtant, tout peut s’écrouler. Nous ne sommes à l’abri de rien. Tenez, cette fameuse prospérité, savez-vous depuis quand elle existe ? Réponse : depuis l’après-guerre, pas avant ! Nous fûmes, il n’y a pas si longtemps, un pays d’émigration, d’exode rural, de précarité dans le monde paysan, sans parler des régions de montagne. Même la Suisse radicale, celle de 1848, inventive, novatrice, n’a pas eu raison des poches de pauvreté, dans notre pays.

     

    Notre force, nous la tenons de notre cohésion sociale, notre solidarité. Nos grandes assurances d’Etat, comme l’AVS en 1947. Nos systèmes d’apprentissage, de formation. Nos écoles de santé, de médecine. Notre chimie, à Bâle. Nos machines-outils. Notre horlogerie. La qualité de notre agriculture, nos vins. Notre projection sur un destin collectif, au-delà de la réussite individuelle de chacun.

     

    Être Suisse, c’est vouloir penser la Suisse, la réformer, la réinventer. Comme les radicaux de 1848. Nous venons d’élire notre députation à Berne, pour quatre ans. Mais la politique nous appartient à tous. Les citoyennes, les citoyens, pas seulement les élus.

     

    Pascal Décaillet

  • Le Père Collomb, un être et un enseignement exceptionnels

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.10.23

     

    J’ai été éduqué, dans les années soixante, par un homme d’exception, trop tôt disparu. Il s’appelait le Père Collomb. Là où j’étais, et où j’ai vécu des années de formation incroyablement ouvertes et heureuses, il nous a enseigné le respect des peuples et des religions, le droit de chaque nation à disposer d’elle-même. A l’âge de dix, onze ans, nous avions déjà une solide formation non seulement sur le christianisme, mais sur le judaïsme et l’Islam. Entre ces trois religions du Livre, il tissait des liens, mettait l’accent sur ce qui rassemble, plutôt que sur les ferments de dispersion. Il nous racontait l’Ancien Testament, le Nouveau, nous initiait au monde musulman. C’était un être de lumière, d’un calme et d’une gentillesse incomparables, je ne l’oublierai jamais.

     

    Il était l’aumônier du primaire, où je suis entré en 1965, jusqu’en 1969, date de mon arrivée à l’école secondaire. De sept à onze ans, mes quatre années avec le Père Collomb ont été les plus formatrices de ma vie. Autre chance : avec ma famille, j’ai eu l’occasion, dès 1966, de visiter des mosquées, au Proche-Orient, puis en 1969 de découvrir les splendeurs de l’Andalousie : mémoire d’un temps de lumière, où les grands courants religieux ont pu, un moment, se côtoyer. Plus tard, je me suis rendu maintes fois au Proche-Orient, pour des reportages, et en Afrique du Nord. Trois fois Jérusalem dans ma vie, trois fois la lumière. En Israël et avec le monde arabe, j’ai noué des liens. Entre eux, je ne choisis pas. Pas question de rejeter l’un, en faveur de l’autre.

     

    Nous sommes en Suisse, nous avons cette chance. La force de notre pays, qui vient de procéder à ses élections fédérales, c’est d’avoir, au fil des siècles et parfois non sans peine, réussi à vivre ensemble. Nous sommes un pays ouvert, un pays neutre. Nous sommes des amis d’Israël, et des amis du monde arabe. Pour ma part, j’ai toujours milité pour un Etat palestinien, il est aujourd’hui moins probable que jamais, et c’est justement maintenant qu’il ne faut pas lâcher prise. Oui, en ces heures où tout semble irrémédiablement perdu, la Suisse doit prendre des initiatives de dialogue. Ne parlons pas de paix, c’est prématuré. Mais soyons le lieu du monde où la parole laisse ouvert le champ du possible. Nous l’avons été pendant toute la Guerre d’Algérie (1954-1962), où d’innombrables rencontres, entre France et FLN, se sont déroulées chez nous, discrètement. Nous devons l’être, aujourd’hui et demain, sur le front du Proche-Orient. Si notre Suisse ne le fait pas, quel pays le fera ?

     

    Pour arriver à ce statut de médiateurs, nous devons absolument, au plus haut niveau de notre parole d’Etat, nous abstenir de réagir à chaud, à la dernière horreur du moment, commise par l’un ou l’autre belligérant. Nous devons maintenir, dans la durée, une ligne d’écoute, de partage, d’ouverture. En nous fondant sur la connaissance, la passion pour l’Histoire et pour les langues, le respect de toutes les convictions spirituelles. C’était cela, le message du Père Collomb, cet homme que j’ai aimé, dans les années soixante.

     

    Pascal Décaillet