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Commentaires GHI - Page 44

  • Reconquista

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.05.24

     

    Depuis le paléolithique supérieur, la gauche domine la Ville de Genève. Notamment le Conseil administratif (exécutif), avec ce quatuor de gauche (sur cinq), en place depuis si longtemps qu’il y semble de droit divin, intouchable.

     

    Eh bien, non ! En politique, rien n’est acquis pour l’éternité. Si la gauche a le pouvoir depuis si longtemps, c’est qu’elle s’est donné les instruments pour cela : réseaux, organisation, discipline de vote au moment des élections, connaissance du terrain. Ce sont là de vraies qualités politiques, il faut le reconnaître.

     

    Alors, la Reconquista de droite ? Pour le printemps 2025, ou pour les calendes grecques ? Rien n’est joué. La droite a des atouts, à commencer par d’excellents candidats (à la candidature), comme Natacha Buffet-Desfayes, brillante députée, et Pierre de Boccard pour le PLR, Alexandre Chevalier pour l’UDC. Liste non-exhaustive : la droite municipale ne manque pas de jeunes talents. Nous citerons les autres dans les semaines qui viennent.

     

    Reste l’essentiel : la droite, pour quelle politique ? Quelle cohérence ? Quelles vertus, qui feraient défaut à la gauche ? Quelle vision, pour Genève ? Surtout, quelle stratégie d’ensemble ? Quelle garantie de cohésion dans les rangs, force de la gauche, faiblesse légendaire de la droite ? Le ballet des candidatures, c’est bien. La puissance d’une cohérence commune, c’est une autre paire de manches. Cette campagne sera passionnante.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La presse romande et la candeur des Immaculés

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.05.24

     

     

    La presse romande et la candeur des Immaculés

     

    La presse, en Suisse romande, se meurt. Elle n’en peut plus d’expirer, reléguant le trépas d’Henriette d’Angleterre, en comparaison, oui la célèbre « Madame », de Bossuet, dans sa saisissante Oraison funèbre (1670), au statut de péripétie. Elle se meurt, notre presse, avec la douce, la patiente, la perverse lenteur d’un poison chez Mauriac, cette mort voulue, interne à la famille, inéluctable, mais à qui on donne le temps. Elle meurt, comme on vit en Suisse : en acceptant son destin, mais sans se presser. Elle meurt, se voit mourir, n’en peut plus de commenter elle-même son propre chemin de mort, elle est à la fois l’Aigle de Meaux et la cousine germaine du Roi. Elle se meurt, la presse de ce pays, et prend une singulière félicité, non à tenter de combattre le mal, mais à le commenter. Elle serait, en 1715, à la fois Louis XIV dans ses derniers jours, et le génial Saint-Simon chroniquant à vif le long calvaire du Roi-Soleil, les intrigues dans un Versailles bruissant de complots. Elle se meurt, se figure déjà en gisant de marbre, tient elle-même le journal de ses heures ultimes. Fantastique double posture, schizophrénie entre l’irréparable et le babil.

     

    Elle se meurt, hélas, dans le déni recommencé des vraies causes de son mal. Elle accuse les autres. Elle n’en finit pas, par exemple, d’accabler les réseaux sociaux. Ils seraient la cause de tous les maux : légers, superficiels, pépinières de fausses informations, chambres d’échos de toutes les vilenies de nos âmes, jalousie, règlements de comptes, délations. Si la presse meurt, ce serait à cause d’eux, les intrus, les salopards, capteurs de toutes les attentions, bouffeurs de temps. Contre eux, elle exige contrôle d’Etat, réglementation, il faudrait légiférer, sanctionner, interdire. Il y en a donc encore, dans notre vieille presse bientôt défunte, à s’imaginer qu’avec l’aide de l’Etat, on pourrait éradiquer ces réseaux si concurrents, si détestés. Et le public repenti reviendrait, en chemise et pieds nus, vers cette bonne vieille presse papier, avec ses « articles de fond », ses « analyses pondérées », ses « infos vérifiées », oui ce journal pour lequel on chausse pantoufles pour le déplier dans un fauteuil, chez soi, le soir, après le turbin. Un doigt de porto, et c’est la vie qui recommence. Quelle vie ? Celle d’avant. Celle de Balzac. Celle de Lucien de Rubempré : celle des Illusions perdues.

     

     

     

    La presse romande se meurt, en omettant son propre examen de conscience. Ses principaux artisans, les journalistes, ne seraient pour rien dans ce chemin de croix. Ils feraient tout juste. Seul responsable : le public, dévoyé par le diable, qui aurait inventé les réseaux sociaux pour corrompre le lecteur. Coupable de haute trahison : se détourner de la « presse de qualité », porteuse de morale, pour aller s’encanailler sous des cieux interdits. Oui, elle pense comme cela, la presse romande. Elle sera une belle défunte. Innocente. Elle aura, en son heure dernière, la candeur souriante des Immaculés.

     

    Pascal Décaillet

  • Choucroute, pas caviar !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.04.24

     

    Depuis la chute du Mur de Berlin, 9 novembre 1989, l’Europe a été entraînée par un mauvais vent ultra-libéral. Atteinte aux services publics, mépris de l’Etat, jouissance paroxystique à l’idée de l’argent facile, destruction des frontières. C’est la droite de casino, des golden boys, des boursicoteurs professionnels. On laisse tomber l’industrie, on la délocalise, on ignore les paysans. On spécule. On lance des « start-ups » qui se cassent la gueule après deux ans. On licencie. On privatise les bénéfices, On étatise les pertes. Un seul mot, pour résumer ça : dégueulasse.

     

    Vous savez que j’appelle à une Autre Droite. Pour un Etat fort, mais rigoureux dans ses dépenses, surtout pas tentaculaire. Pour la frontière. Pour la protection de nos travailleurs suisses, de nos paysans, de nos produits agricoles. Pour refaire une industrie digne de ce nom, comme l’entreprirent les radicaux, au 19ème siècle.

     

    Surtout, une droite populaire, joyeuse, fraternelle, sociale. Une droite choucroute, pas caviar. Des assurances sociales d’Etat, fortes, gérées avec rigueur, au service de tous. Pour les jeunes, la formation et l’emploi. Pour les aînés, la dignité, le respect. Pour les malades, des soins de qualité, avec des primes abordables, échappant aux requins du privé. Une droite qui se soucie du peuple suisse, ces hommes et ces femmes qui travaillent d’arrache-pied. Et méritent la solidarité nationale.

     

    Pascal Décaillet