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Commentaires GHI - Page 48

  • Eloge du travail par objectifs

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.06.23

     

    J’ai toujours été un partisan acharné du travail par objectifs. Comme responsable de ma petite entreprise depuis dix-sept ans, cela va de soi. Mais auparavant, lorsque j’étais salarié, je défendais déjà cette option, de toutes mes forces. Le travail par objectifs, c’est une chose toute simple : on ne se rend pas sur son lieu de travail pour y « faire des heures » (quelle horreur !), mais pour accomplir des missions précises. Ce sont elles, et non l’enveloppe de temps, dont tout doit découler. Elles qui régentent toutes choses.

     

    Dans les métiers manuels, cette conception finaliste s’impose d’elle-même : si un mur est bien fait, le résultat se voit, on félicite le maçon. Si un escalier montre des imperfections, on l’engueule. Dans d’autres missions, hélas, plus floues, du côté par exemple (au hasard) de la fonction publique, ou de tel Mammouth audiovisuel, dans la moiteur feutrée des bureaux, s’installe très vite l’idée que l’essentiel, c’est « l’ambiance de travail ». Être sympa avec ses collègues, ériger le lieu de repos, autour de la machine à café, comme saint des saints des relations humaines. Au point que d’aucuns ne viennent plus pour accomplir une mission, mais juste pour « être au travail », de 8h à 17h, avec pauses réglementaires, repas d’entreprise, yoga offert par la maison pour calmer les tensions, pas belle la vie ?

     

    A cette conception de superglandus en sandales, apparatchiks de la douceur, syndicalistes au moindre froissement, j’ai toujours dit non. Un boulot doit être une passion, ou tout au moins la ferveur de l’accomplir au mieux, les compétents et les motivés doivent être encouragés, les traîne-savates, écartés. C’est aussi simple que cela. On ne vient pas pour faire ses heures, on vient façonner un produit bien précis, œuvrer à un objectif défini avec clarté. Quand on a fini, si le boulot est bien fait, on s’en va. Et là, yoga, danse orientale, relaxation du bassin, tout ce que vous voudrez, pour la bonne raison que c’est votre vie privée, vous n’en rendez compte à personne, vous faites ce que vous voulez.

     

    J’ai lutté âprement pour le travail par objectifs (une production audiovisuelle à réaliser chaque jour, par exemple, c’est précis, mesurable) dans un milieu où ce déterminisme du résultat n’était pas toujours évident. Depuis 17 ans, entrepreneur libre et indépendant, employeur pendant plusieurs années (avec, à mes côtés, des personnes remarquable, choisies pas moi, qui ont toutes, ensuite, eu un trajet professionnel magnifique), je pratique plus que jamais cette primauté absolue de l’objectif à atteindre. Pour un indépendant, la question ne se pose même pas, cela va de soi. Un stage dans les TPE (toutes petites entreprises) ferait le plus grand bien à ceux qui, comme moi, se passionnent pour le monde du travail. Je fais des éditos. Je fais des émissions. Je fais le ménage. Je nettoie les toilettes. Je fais une partie de ma compta, à part les bilans annuels. Je fais tout, j’adore ça. Si vous vous sentez d’attaque, lancez-vous aussi. Mais je vous préviens : c’est difficile. Et il faut aimer la solitude.

     

    Pascal Décaillet

  • Moins d'impôts, vite !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.06.23

     

    Alléger la charge fiscale, étouffante aujourd’hui, des classes moyennes. C’est l’enjeu numéro un de la législature qui commence. Celui sur lequel la nouvelle majorité de droite, issue des urnes ce printemps, s’est engagée avec force. Elle doit impérativement tenir parole, le faire sans délai, sans concessions, avec courage, ampleur de vue, volonté d’écrire une page de notre Histoire fiscale genevoise.

     

    Dans notre canton, plus de 36% des gens ne payent pas du tout d’impôts. Ils touchent des subventions. Et puis, à partir d’un certain seuil, vous commencez à en payer. L’impôt sur le revenu est progressif. A force de travail, de persévérance, d’amour de votre métier, vous commencez à gagner correctement votre vie. Et là, vous devenez la proie d’un système de véritable prédation de votre patrimoine.

     

    L’administration fiscale n’y peut rien. Elle ne fait qu’appliquer la loi, décidée au fil des décennies par les élus du peuple. Si certaines catégories payent trop d’impôts, ça n’est pas à cause du percepteur, mais d’une représentation populaire de plus en plus gourmande pour le train de vie de l’Etat.

     

    La nouvelle majorité de droite doit s’occuper des fins de mois. Du pouvoir d’achat. De la formation, l’apprentissage notamment. De l’emploi des jeunes. De la dignité des retraites. Et elle doit très vite diminuer les impôts des classes moyennes, ceux qui se lèvent le matin pour aller bosser, triment toute leur vie. Et à qui l’Etat prend beaucoup trop.

     

    Pascal Décaillet

  • Nos amis les bobos. Portrait.

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.06.23

     

    Ils arpentent la ville comme ils vont à la plage. Vêtus de leur seule lenteur, sandales ou tongs, direction les Bains. Ils ne sont jamais pressés, rêvent d’un espace urbain livré à la seule insouciance des piétons, ou alors, à la limite, des cyclistes. Dans leur monde à eux, nul moteur, nul bruit, nulle voiture, nulle camionnette. Non, juste le silence radieux de leur pouvoir sur la ville. Un monde sans livreurs, sans clients ni fournisseurs, sans ouvriers bruyants avec leurs perceuses, leurs marteaux-piqueurs. Juste le chemin de la plage, pour eux tous seuls. Une ville comme ça, oui, de silence et de bienveillance, sans éclats de voix, sans engueulades, sans le tragique du monde qui oserait pointer son nez. Plus que rues piétonnes, pistes cyclables, bacs à fleurs, la petite musique de leur bonheur, à eux.

     

    Leur félicité ne s’embarrasse pas du poids des livres d’Histoire. Sur le passé, ses complexités, ses contradictions, la polyphonie de ses témoignages, on ne lit pas. On juge, tout de suite. On clique, d’un geste, sur « bon » ou « mauvais ». D’un côté le Salut, de l’autre les damnés. Le camp du Bien, celui du Mal. La « mobilité douce », face aux odieux automobilistes. A gauche les victimes, à droite les salauds. Les témoins de l’Histoire, ceux de tous les bords, on les délaisse. On choisit juste ceux qui nous arrangent, on a son héros, son méchant, on se chauffe un bon coup pour le Jugement dernier, on tranche, on va aux Bains, on revient, on se sent d’attaque pour le prochain arbitrage, dossier suivant Irma ! Pas belle, la vie ?

     

    On ne paye pas d’impôts, coup de bol, juste sous le barème. Mais les autres, ceux qui en payent, on milite à mort, avec rage décuplée, pour qu’ils crachent toujours davantage au bassinet. Salauds de riches, qui polluent notre espace urbain en allant bosser en bagnole, et nous réveillent dès six heures du matin avec leurs vrombissements. Avec des gens pareils, comment voulez-vous vous concentrer sur la perfection cendrée de votre dernier rêve, celui de l’aube aux mille promesses de douceur ?

     

    La ville, on la voudrait piétonne et silencieuse, avec la piste cyclable comme route enchantée. Petites épiceries véganes, exotiques, thé vert avant la baignade, langues du monde, tout le monde se comprend, comme à la Pentecôte, tout le monde s’aime, personne ne pète les plombs, l’air est pur, juste un zéphyr, pour caresser la peau. La guerre, la paix, les tragédies du monde, la lutte des classes, c’est pour ailleurs, pas pour ici. C’est pour le monde hors du cocon. Hors de la ville. Au-delà de notre Cité du sourire et du silence, une fois franchie la frontière de l’Eden, peut se noircir la nature humaine. Pour ce monde du dehors, celui de Caïn, celui des moteurs et des usines, celui du travail et des grandes fatigues, nul intérêt. Seuls comptent les zones piétonnes, le tracé de lumière des pistes cyclables, les îlots de verdure dans la misère du monde. Sur le chemin qui mène vers la plage.

     

    Pascal Décaillet