Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.11.23
J'ai toujours été contre la collégialité. C'est juste un truc pour faire croire que les gens, au sein d'un gouvernement, s'entendent bien. La vérité, c'est qu'il ne se supportent pas mutuellement, voire se détestent. Un éminent Conseiller d’Etat radical, ayant aussi été Maire de Genève et Conseiller national, me l’avait dit dans le train Berne-Genève, le 4 décembre 2002, au retour de l’élection d’une Conseillère fédérale genevoise.
La collégialité : un artifice, inventé par la Suisse gentille et prospère de l'après-guerre, pour cimenter d'improbables cabinets de rencontre, où aboutissent des hommes et des femmes n'ayant rien à voir entre eux. Ils sont là sous le seul prétexte de "représenter" une tendance, une langue, un parti, une sensibilité. Alors, entre "représentants", ils feignent une inexistante communauté de valeurs. La Suisse est une grande démocratie, sauf pour la formation de ses exécutifs.
Ils se détestent. Et ne partagent absolument pas les mêmes valeurs. Dès lors, pourquoi le Conseiller fédéral UDC Albert Rösti défend-il sans broncher le tiède projet de son collège, faire baisser la redevance radio-TV à 300 francs (contre 335 aujourd’hui), plutôt que l’initiative de ses propres milieux, qui veut 200 francs, pas un centime de plus ? Ce rôle de composition est dérisoire. Il ne dupe personne. Une rupture de collégialité aurait été mille fois plus claire.
Pascal Décaillet
Commentaires
Excellent billet. Pourtant, le système du directoire est loin d’avoir été inventé par la Suisse. Il suffit de penser aux cinq éphores de Sparte. Qui, il est vrai, se détestaient aussi, à en croire Thucydide qui relate l’épisode où l’éphore Xénarès prit l’ascendant sur ses collègues lors de la question du renoncement, ou non, de l’alliance avec les Béotiens.
Cher Monsieur Décaillet,
Là, je ne vous comprend plus. Mon entendement de la démocratie suisse, comme pour vous, repose sur le principe de la souveraineté du peuple. Celui-ci exprime sa diversité par son vote dont la majorité impose son unité. C'est le compromis unificateur Au gouvernement, nos conseillers fédéreaux issus de partis d'origine et d'opinions diverses doivent prendre des décisions tenant compte de cette diversté mais qui doivent traduire la volonté populaire non la leur forcémeent partisanne. Ce processus s'appelle la collégialité. N'est-elle pas consubstantielle à la démocratie directe ?