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Pas un seul centime pour les médias !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.11.23

 

Depuis près de quarante ans, je suis journaliste. J’ai tout donné à ce métier, qui me passionne. Journaliste politique, je me bats, depuis des décennies, en radio, en télévision, dans la presse écrite, pour faire connaître les enjeux de la Cité, donner aux gens le goût de la chose publique. Je n’ai jamais pratiqué d’autre forme de journalisme, jamais touché à la vie privée. Je m’intéresse à l’espace commun. On ne me soupçonnera donc pas de vouloir saper l’expression publique des idées, le combat des points de vue, la mise en énergie des antagonismes. Au contraire, j’en appelle à l’Histoire, aux antécédents, à la culture, à la connaissance. Bref, je crois faire, depuis toujours, ce qu’il est convenu d’appeler du service public.

 

Pour autant, sur un point, je suis inflexible : pas un seul centime d’argent public ne doit aller aux médias. Ni aux radios, ni aux TV, ni à la presse écrite, ni aux sites internet. Pour la redevance, dont on parle tant ces jours, je ne veux ni le statu quo à 335 francs par an, ni les 200 francs de l’initiative, ni la poire pitoyablement coupée, par le Conseil fédéral, à 300 francs. Je ne veux pas de redevance du tout ! Ni pour la SSR, ni pour personne. Et pour l’écrit, aucune espèce de subvention d’Etat, ni des Villes, ni de la Confédération : pas un seul kopeck d’argent des contribuables ! Ces derniers, s’ils veulent accéder à des articles, ou des émissions, des sites, et si ces offres ne sont pas gratuites, eh bien qu’ils payent !

 

Je ne demande pas la fin de la SSR. Elle peut parfaitement continuer d’exister, si elle y tient, mais en rendant ses programmes payants. Et, pourquoi pas, au prix de l’actuelle redevance (335 francs par an) pour accéder à tous les programmes. Ou même plus cher, au prix qu’elle voudra, et qui sera accepté ou non par les gens, qui pourront choisir d’accéder aux offres SSR, sans être captifs d’une « redevance » plus proche de la Gabelle d’Ancien Régime que du 21ème siècle. Bref, on paye ce que l’on consomme, on ne débourse pas pour satisfaire à une taxe. Dieu sait si je ne suis pas libéral, si je suis pour l’Etat, pour la chose publique, mais il est les domaines où l’Etat doit agir, le régalien par exemple, et d’autres où il n’a strictement rien à faire.

 

Quant aux médias, ils ne doivent en aucun cas compter sur une quelconque subvention d’Etat. Celui qui paye, commande : un jour ou l’autre, tel député, tel conseiller national, tel ministre, vous fera sentir qu’une partie de votre financement vient de lui, et qu’il faudrait songer, dans ces conditions, à ne pas trop l’égratigner, à bien l’inviter, bien lui donner sa visibilité. Le seul moyen d’échapper à ce rapport malsain, c’est de couper toute source de financement d’un média avec de l’argent public. Quant à l’argument du « service public », laissez-moi rire : qui, aujourd’hui, l’assume le mieux ? La SSR, ou certaines chaînes privées ? Allez, je lance un nom, au hasard : Léman Bleu. Excellente semaine !

 

Pascal Décaillet

Commentaires

  • La notion de "service public" a été développée à cause des particularités des ondes hertziennes. Le nombre de fréquences exploitables étant limité, il a fallu régenter l'exploitation des ondes hertziennes par un régime de concessions, et fixer des exigences relatives au contenu (d'où cette idée de "service public", qui ne s'est jamais appliquée à la presse écrite).
    Et puisqu'il a longtemps été impossible de contrôler qui accédait aux contenus hertziens, et en quelle quantité, il a fallu fixer une redevance forfaitaire facturée à quiconque possédait un appareil capable de capter les ondes.
    Le fait que l'on paie encore cette redevance, à l'époque numérique, est une arnaque, ni plus ni moins. Dans le monde numérique, la logique de concession n'a plus aucun sens, pas plus que dans la presse écrite (où elle ne s'est jamais appliquée), puisque le nombre de sites internet possibles est illimité (comme le nombre de journaux, ou de livres), et que chaque diffuseur peut limiter l'accès à ceux qui ont payé (comme les journaux papier ou en ligne).
    Mais cet argument tout simple n'a jamais été compris, même par les comités d'initiative qui ont essayé d'abolir la redevance. Notre époque n'aime pas raisonner sur la base de principes. C'est comme ça.

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